En cette fin 2022, nous souhaitons revenir sur les évènements saillants qui ont marqué cette année compliquée pour notre groupe, difficile économiquement et difficile socialement. Et dessiner les enjeux principaux pour 2023.
L’année 2022 a surtout été marquée par l’arrivée d’un nouveau Directeur général.
Soulignons aussi que l’année 2022 s’est terminée par la démission surprise de l’ancien DG, André Renaudin, de son poste de président de La Mondiale.
2022 entrera-t-elle dans l’histoire du groupe comme l’année d’une nouvelle ère ?
Le leitmotiv de Bruno Angles dès son arrivée a été : « on ne lâche rien ».
Si ce nouveau mantra est motivé par la situation économique inquiétante du groupe, les salariés ont surtout compris qu’on ne lâche rien sur les salaires, sur les embauches et sur les conditions de travail. Problème de communication dès l’arrivée…
La première action de Bruno Angles : installer des « chaises client » dans chaque salle de réunion du groupe.
Si cette nouvelle lubie est motivée par la dégradation indéniable de la qualité client, les salariés ont surtout compris qu’il a fallu l’arrivée d’un nouveau directeur général pour apprendre ce qu’était un client alors qu’ils travaillent depuis 1951 sur le service rendu, qui est le fondement même de la nature de notre groupe solidaire et social. Problème de communication dès l’arrivée…
La communication entre la direction et les salariés sera un des enjeux de 2023, et la recherche de l’engagement des salariés sera certainement l’enjeu principal.
2022 a été l’année de préparation du prochain plan stratégique sous l’impulsion de la nouvelle gouvernance.
Plusieurs changements notables à la direction du groupe (DG, DSI, secrétaire général, et plus récemment communication et cabinet du DG), ont été opérés.
Une nouvelle organisation du comité de direction a été mise en place, avec 4 pôles métiers et un DGA en charge des opérations, de la performance et de la transformation :
- Un pôle prévoyance-santé, qui porte le plan de redressement des équilibres économiques,
- des Pôles épargne retraite et patrimoniale réunis,
- un Pôle nouveaux métiers (Domitys, MBV),
- un pôle Distribution omnicanale et relation client (réseau, VAD, CRC et marketing) pour l’ensemble des interactions front-office (avant-vente, vente et après-vente).
- Toujours le pôle retraite complémentaire, avec un probable nouveau report sur le transfert des cotisations pour début 2024,
Mais aussi, le transfert du digital et de la data au sein de la DSI s’est opéré, pour porter le projet d’entreprise de plateformisation, avec un volume d’investissements conséquent, qui aura des effets structurants pour le groupe.
Selon la direction, cette organisation doit permettre au groupe de faire face à deux risques mortels :
- Le risque d’implosion issu de l’obsolescence de nos systèmes d’information qui ne répondent ni à l’attente des salariés ni aux promesses clients,
- Le risque d’explosion que constitue l’accumulation des pertes d’AG2R P.
L’enjeu de 2023 serait donc de ne pas imploser ou de ne pas exploser, bref de continuer à exister !
L’année 2022 a surtout été marquée par la situation économique dégradée d’AG2R P.
Si fin 2021, la solvabilité de la SGAM AG2R LA MONDIALE a vu son ratio progresser de 38 points et remonter à 218% (son niveau de 2019), ce bon résultat était porté par la remontée des taux, par le recours à des dettes subordonnées et émission de certificats mutualistes…, et par plusieurs « effets techniques » (transformation Madelin en PERI, couverture Actions).
Le résultat combiné 2021 à hauteur de 272 M€ peut sembler bon. Mais le contraste n’a jamais été aussi fort dans la contribution entre le périmètre LA MONDIALE, qui apporte l’intégralité des résultats du groupe (+90M€ à 351 M€), et AG2R P. En effet, le résultat de 2021 d’AG2R P s’est nettement aggravé –113 M€ (après déjà -42 M€ en 2020) : AG2RP cumule désormais un montant de 400 millions d’euros de pertes sur ces dix dernières années. Plus préoccupant, selon le Comité de Direction Groupe, le résultat projeté en 2025 (indépendamment d’une éventuelle réforme des retraites qui pourrait nécessiter un rechargement des provisions de 350M€) resterait fortement déficitaire.
Ainsi, sous la pression de l’ACPR, qui dénonce des insuffisances dans les dispositifs de pilotage des processus de souscription, de renouvellement, de tarification et de qualité des données, la mise en place d’un plan de redressement a été accepté par le conseil d’administration.
Le potentiel d’amélioration du résultat repose sur deux leviers principaux :
- un renforcement drastique de la politique de souscription sur les branches et les entreprises représentant un gain potentiel de 89M€
- et un tour de vis supplémentaire sur les frais généraux évalué à 49M€.
Dans cette recherche d’économies sur les frais généraux, les gains supplémentaires considérables attendus sur le périmètre « collaborateurs » sont-ils réalisables sans mettre davantage sous pression les équipes opérationnelles (avec en particulier une situation critique dans les centres de gestion) mais aussi celles des fonctions supports qui évoluent dans une ambiance délétère ?
La recherche d’un équilibre entre économies nécessaires sur les frais de fonctionnement et préservation des moyens humains du groupe, en termes de politique salariale et de politique d’emploi, sera un des enjeux principaux de l’année 2023.
2022 a été aussi l’annonce d’une modification de l’organisation commerciale.
Le constat de la transformation de la distribution imposée par une direction commerciale essentiellement La Mondiale en 2018 est édifiant :
- des difficultés à recruter et fidéliser sur le marché des professionnels,
- un développement du petit collectif qui ne décolle pas,
- une animation collective du marché des entreprises décapitée,
- un réseau des particuliers privé de matière commerciale et désorienté
- des managers de proximité issus des marchés La Mondiale en difficulté techniquement et éloignés du rythme commercial du marché des entreprises AG2R,
- un niveau d’absentéisme de 7,1% sur les fonctions commerciales supérieur de 25% à celui du GIE…
- un départ massif des commerciaux et des managers expérimentés en capacité de traiter des sujets complexes, et susceptibles d’accompagner les plus jeunes.
Fin 2022, a donc été annoncée une modification radicale de l’organisation, pour revenir presque… à l’organisation d’avant la transformation de 2018, avec une organisation par marchés.
Que de temps perdu, que de clients disparus, que de commerciaux abimés…
Mais cette nouvelle organisation, qui est encore à l’étude, répondra-t-elle aux enjeux commerciaux de ces prochaines années ? Rien n’est moins sûr, si les moyens ne sont pas à la hauteur des ambitions.
Rendre l’organisation dite « omnicanale » efficace et re motiver les commerciaux seront deux des enjeux de 2023.
2022 : année d’incertitudes pour la retraite
Sur la retraite complémentaire, après plusieurs années de baisse des effectifs et de renforcement de la sous-traitance, le groupe a enfin engagé un plan de recrutement. Mais, le groupe s’est trouvé confronté à un écueil non prévu : la difficulté à réaliser les embauches prévues par manque de candidats. Ainsi se pose la question de l’attractivité des métiers du groupe.
D’autant que la CFDT estime que ce nouveau dimensionnement des équipes est encore largement insuffisant. Le groupe a disposé de réelles marges de manœuvre qui auraient dû être activées plus tôt. Finalement, la direction ne fait que répondre à une situation d’urgence.
Car le groupe reste très en avance sur la trajectoire de frais définie par la fédération. La CFDT n’a cessé de dénoncer cette stratégie au regard des tensions très fortes qui ont perduré en 2022 sur les activités retraite.
La question centrale en 2022 a été aussi pour la retraite le transfert possible du recouvrement des cotisations.
Dans l’hypothèse du transfert du seul recouvrement à l’Urssaf, reporté à début 2024, la traduction serait pour le groupe une réduction de moitié des effectifs des services Entreprises, c’est-à-dire par une suppression de postes, estimée à 300 par la direction.
Dans l’autre hypothèse de reprise, en plus, de la fiabilisation de droits, ce serait trois cents salariés supplémentaires qui seraient touchés.
La direction a affirmé pouvoir reclasser l’ensemble de ces salariés. Mais si 300 salariés peuvent sans doute rester dans une activité de gestion, elle estime que dans un scénario qui concernerait 600 salariés, la moitié devra changer d’activité et se diriger principalement vers des activés de « front » et de relation clients.
Un des enjeux de 2023 sera d’anticiper ces mutations dans les emplois retraite si l’AGIRC ARRCO perd la fiabilisation des droits.
Panorama 2022 : les principaux articles du site internet CFDT AG2R qui illustrent l’année.
Janvier 2022 : encore sous la pression du Covid.
Le 3 janvier, la DRH s’adressait aux membres du COMADIR et du COMOP en ces termes :
« En cette période de « trêve des confiseurs » pour reprendre l’appellation d’usage à cette époque de l’année, …nous aurions souhaité vous permettre de vous ressourcer sans venir perturber ces moments de fêtes…c’était sans compter sur la situation sanitaire en France qui s’est fortement dégradée … » Ainsi, la DRH a décidé de reconduire le protocole sanitaire en demandant à tous les collaborateurs dont le métier peut être exercé en télétravail de pratiquer obligatoirement 3 jours de télétravail par semaine. Les collaborateurs qui le souhaitent et qui le pouvaient avaient également la possibilité de pratiquer un 4ème jour de télétravail par semaine.
Après une année 2021 fortement marquée par l’épidémie, l’année 2022 commençait sous les mêmes auspices.
Malgré quelques ratés liés en partie à l’étendue de notre groupe, force est de constater que la direction avait été plutôt réactive et que les mesures mises en place (télétravail le plus élargi possible, maintien de la rémunération pour ceux qui ne pouvaient pas pratiquer le télétravail et qui étaient contraints de rester à domicile…) étaient à la hauteur de l’enjeu. Soulignons que cet objectif, qui était à la fois de garantir la sécurité sanitaire des salariés mais aussi de poursuivre l’activité de l’entreprise, a été aussi atteint grâce aux efforts remarquables des salariés malgré des conditions de travail dégradés.
Cette remarque est importante car elle explique en partie l’incompréhension qui va naitre dans les mois qui vont suivre sur le manque de reconnaissance de ces efforts par la direction.
Janvier 2022 : la CFDT lance une enquête sur la Qualité de Vie au Travail.
L’année 2022 devait être l’année de négociation d’un accord sur la qualité de vie au travail. Pour disposer d’un diagnostic le plus complet possible, la CFDT a décidé de lancer une enquête sur internet à l’aide d’un questionnaire qui abordait tous les aspects de la problématique.
Janvier 2022 : l’inflation commence à grimper.
En janvier les chiffres de l’inflation 2021 tombent : les prix à la consommation ont progressé de 0,2 % en décembre 2021, portant l’inflation à 2,8 % sur les douze mois de 2021. C’est un niveau d’inflation que la France n’avait pas connu depuis une décennie. Les mois qui suivent vont montrer que ce n’était que le début d’un scénario catastrophe.
Fin janvier : les organisations syndicales s’adressent aux administrateurs AGIRC ARRCO sur les salaires minimums.
Le blocage des négociations salariales depuis 2028 au niveau de notre branche professionnelle a conduit l’ensemble des organisations syndicales à saisir le conseil d’administration de l’AGIRC ARRCO.
Rappelons que 7 RMMG se sont retrouvées en dessous du niveau du SMIC en 2022. Soulignons aussi que le gouvernement a posé un principe : les branches professionnelles qui ne négociaient pas seraient regroupées avec d’autres. C’est donc la survie de notre convention collective qui est également en jeu dans ce blocage des salaires. Mais c’est là peut-être aussi l’arrière-pensée de nos employeurs…
Janvier 2022 : les chaises musicales dans les DR.
Sans faire de procès d’intention et sans préjuger de la valeur des nouveaux promus, force est de constater pour la CFDT que le nombre de plus en plus réduit de directeurs issus d’AG2R peut être vu comme un signe de la mainmise de La Mondiale sur le réseau commercial.
Février : reprise après COVID, retour aux 2 jours de télétravail.
Le 4 février la DRH a décidé de revenir aux modalités normales du télétravail, considérant que l’épidémie de COVID touchait à sa fin. Pourtant, beaucoup d’entreprises, notamment dans notre secteur d’activité comme MH, avaient décidé de maintenir au moins trois jours de télétravail. Mais la direction AG2R a considéré, elle, que l’épidémie était derrière les salariés AG2R, immunisés contre la COVID certainement par la sainte opération de la signature d’un contrat de travail avec le groupe.
L’afflux dans les transports en commun avec une distanciation sociale de 10 centimètres, l’afflux dans les RIE non adaptés à la crise … toutes ces situations n’existaient plus pour la direction AG2R. Prévenir les salariés d’une nouvelle organisation du travail le vendredi pour le lundi, prendre une décision en faisant croire qu’elle est issue d’une concertation, ne pas tenir compte de l’impact de la pandémie sur la santé des salariés… en ce mois de février, pour la CFDT le monde d’après sera le même, mais en un peu pire
Février : les 6 organisations syndicales AG2R décident de réunir les salariés d’ARPEGE.
Conditions de travail dégradées qui entrainent de nombreux arrêts de travail, retards importants dans la gestion, outils de travail compliqués à maitriser après le fiasco d’une migration informatique, la situation d’ARPEGE à Strasbourg et à Mulhouse était de plus en plus insupportable pour les salariés du groupe. La réponse de la direction : suppression d’emplois…
C’est pourquoi l’ensemble des organisations syndicales AG2R avaient décidé de réunir en viso conférence les salariés ARPEGE pour débattre de la situation et envisager des actions communes.
Février : l’intersyndicale écrit au Conseil d’administration
Nous verrons dans les mois qui suivent la définition de l’expression « rester lettre morte ».
Mars : des NAO sous tension
L’augmentation des prix à la consommation calculée à 3,6% en février sur 12 mois glissants a conduit l’intersyndicale à revendiquer auprès du Directeur général une augmentation générale des salaires de 4% au 1er janvier pour maintenir le pouvoir d’achat des salariés.
Le Directeur général n’a pas pris la peine de répondre à cette demande et a attendu la seconde réunion de négociation du 21 mars pour laisser la DRH proposer un budget d’augmentation collective des salaires de 0,12% de la masse salariale décliné sous la forme d’une augmentation générale de 1,2 % pour les seuls salaires inférieurs à 35000 euros, à effet du 1er juin.
Les organisations syndicales ont refusé une telle baisse de pouvoir d’achat pour les salariés AG2R, soit une perte de 2,4% pour un tiers des salariés bénéficiant de l’augmentation générale et une perte de 3,6% pour les deux tiers exclus de l’augmentation.
A la suite de cet échec, l’ensemble des organisations syndicales a invité les salariés AG2R à une réunion d’informations pour échanger sur la situation et pour imaginer avec les salariés présents les actions de mobilisation possibles.
Mars : la CFDT dénonce la rémunération des dirigeants.
Réponse de la direction : « nous pouvons considérer que nos dirigeants sont payés dans la moyenne des rémunérations des compagnies d’assurance ».
Mars : les challenges commerciaux
La CFDT, qui réclame depuis longtemps que les challenges fassent l’objet d’une négociation avec les IRP, a pu poser comme diagnostic que le calcul des challenges 2022 montrait toutes les faiblesses de l’organisation de la distribution imposée par la direction commerciale.
Mars : les résultats de l’enquête CFDT sur la QVT.
20% des salariés AG2R ont répondu à l’enquête.
Les principaux enseignements désastreux du sondage ont même surpris la CFDT.
Si une majorité les salariés se sent personnellement impliquée dans la bonne marche de leur service et ses résultats (60%), force est de constater qu’au niveau de l’entreprise seulement 20% ont encore confiance dans le groupe et seulement 25% croient en l’avenir de leur métier.
Dans la même optique, les salariés font confiance à 74% à leurs managers directs pour résoudre les problèmes, mais ils jugent très majoritairement (80%) que dans l’entreprise “on ne fait pas ce que l’on dit”.
Seulement 30% des salariés estiment que leur travail leur procure une grande satisfaction.
Ils sont 44% à être épuisés moralement et 49% sont soumis au stress.
Seulement 29 % sont reconnus pour le travail effectué.
57% jugent que la qualité de vie au travail s’est fortement dégradée au cours des trois dernières années.
Mars : ARPEGE, pas assez de garanties.
Intéressement sur les résultats 2021 : une bonne nouvelle dans le contexte difficile
Dans le contexte d’inflation, l’accord signé par la CFDT, FO et la CGC a permis en 2022 le versement d’une prime d’intéressement supérieure de 10% à celle de l’année précédente.
Ce sont les critères de solidité financière du groupe AG2R LA MONDIALE, de qualité de gestion AG2R, d’économies sur les frais de fonctionnement retraite et de transformation digitale AG2R qui ont tiré vers le haut l’intéressement 2022 sur les résultats 2021. A l’inverse, les résultats d’AG2R Prévoyance ainsi que les frais de fonctionnement assurantiels ont minoré le montant total de l’intéressement.
Avril : les salariés en colère.
Après une assemblée générale qui avait réuni 1480 salariés, une intersyndicale CFDT, CGC, CGT, FO, UNSA et SUD avait appelé à un mouvement social d’envergure le 14 avril.
Le 14 avril, des milliers de salariés AG2R LA MONDIALE se sont mis en grève et ont manifesté pour réclamer une augmentation générale des salaires décente face à l’inflation grandissante et aux bons résultats du groupe.
Une délégation des manifestants devant le siège social de Paris Malesherbes a été reçu par la direction. L’entrevue s’est terminée sur un dialogue de sourds et le principe même d’une nouvelle réunion de négociations a été rejeté par la direction.
Juin : un complément d’intéressement.
Juin : nouvelle assemblée générale de l’intersyndicale AG2R.
L’intersyndicale AG2R LA MONDIALE a invité de nouveau l’ensemble des salariés AG2R à une réunion d’informations. L’augmentation générale des salaires de 1,2 % pour les seuls salaires inférieurs à 35000 euros pour AG2R et 38 000 euros pour LA MONDIALE avait provoqué le refus de toutes les organisations syndicales d’une telle baisse de pouvoir d’achat et un mouvement social le 14 avril. Cette réunion était l’occasion de faire le point.
A la suite de la mobilisation d’avril, un sondage auprès de l’ensemble des salariés AG2R LA MONDIALE avait été diffusé par les organisations syndicales pour décider de la suite du mouvement. Seuls 14% des salariés s’étaient prononcés pour la poursuite. L’intersyndicale a donc décidé de suspendre le mouvement.
Juin : les organisations syndicales écrivent de nouveau au Directeur général
L’inflation en mai avait atteint le record de 5,2%.
Le courrier de l’intersyndicale, au-delà de la justification liée à l’inflation qui sera mesurée en septembre, visait à permettre de négocier les salaires avant le cadrage budgétaire décidé par le Conseil d’Administration et, surtout, par la Direction. Cette méthode devait ouvrir de vraies perspectives de négociation, au-delà de la discussion sur la simple répartition d’une enveloppe dont le montant avait été jusqu’à présent décidé en amont sans marge de manœuvre possible.
Juin : fin du dispositif de fin de carrière.
Les salariés de l’UES AG2R bénéficiaient d’un dispositif spécifique d’utilisation du Compte Épargne Temps pour cesser entièrement leur activité avant le départ à la retraite : le Congé Fin de Carrière. Ce dispositif a pris fin le 30 juin et devait être renégocié. La direction a refusé de prolonger l’accord de quelques mois dans l’attente de cette renégociation.
Heureusement, sur l’impulsion notamment de la CFDT, seules les nouvelles entrées dans le dispositif (à partir de 55 ans) ont été bloquées. Les salariés qui avaient signé leur lettre d’engagement ont pu voir les droits garantis.
A noter que fin décembre 2022, aucune renégociation de l’accord n’est encore en vue. La direction dit attendre les décisions sur la réforme des retraites.
Juin : Le marché des particuliers : la grande désillusion ?
En février 2022, la direction avait présenté au CSE un projet « d’acteur unique à distance » pour le marché des particuliers. Mi-2022, un premier bilan a fait ressortir beaucoup de désillusions parmi les commerciaux. Peut-on en conclure que le groupe a décidé de tuer à petit feu son réseau physique et ses agences commerciales ? La conclusion est peut-être hâtive, mais la question est légitime.
Fin juin : toujours pas d’infos sur la politique de souscription.
La CFDT en a conclu en juin : le leitmotiv de notre nouveau Directeur général est “on ne lâche rien”. Le sentiment de plus en plus général chez les commerciaux est que “tout fout le camp”.
Juillet : lancement de la plateformisation
Aucune stratégie sur la politique de l’emploi, sur les activités de cœur de métier à gérer absolument en interne, n’est définie.
Conclusion de la CFDT : Pourquoi la direction entretient un tel flou dans ce dossier ? Deux réponses sont possibles : elle veut cacher ses intentions réelles aux salariés de l’entreprise et à ses représentants, ce qui est grave. Elle peut vouloir, par exemple, faire appel à l’extérieur pour gérer ses activités ou même pour commercialiser en partie ses produits.
Autre réponse possible : la direction ne sait pas vraiment où elle veut aller et se laisse porter par le contexte actuel, ce qui est peut-être encore plus grave !
Juillet : Cooptation : solution miracle ou solution mirage ?
La DRH a inventé dans le groupe un nouveau vecteur de recrutement : la cooptation.
La CFDT pointe, elle, le manque d’attractivité du groupe.
Le statut des salariés n’est plus aussi avantageux que par le passé. Le niveau de salaire minimum est très bas, proche du SMIC, alors que le niveau de qualification requis est au moins BAC + 2. On peut aussi pointer le manque de perspective d’évolution dans l’entreprise, alors que cette progression possible fût pendant longtemps un point fort de l’entreprise. Enfin comment une entreprise pourrait-elle attirer de nouveaux talents alors qu’elle ne sait pas retenir en son sein ses propres salariés ? L’hémorragie de départs dans certaines activités comme le commercial, les fonctions centrales ou même la gestion le démontre.
Juillet : Flex office , décollage prévu, mais l’atterrissage ?
Aout : hausse des prix = 6,1% et toujours 0% d’augmentation collective pour deux tiers des salariés.
Septembre : des rumeurs d’abandon du projet SKY.
Finalement, ce ne sera pas un abandon, mais un décalage important dans le temps (2025 à priori) de l’éventuelle intégration de SKY dans nos outils.
Ce qui est choquant, en revanche, c’est le manque de transparence de la direction vis-à-vis des représentants du personnel sur des sujets si importants pour le groupe. La CFDT avait été contrainte de faire état de rumeurs pour provoquer une explication de la direction.
Septembre : La direction commerciale à saute-moutons par-dessus les élus
La direction a enfin décidé d’aménager les challenges commerciaux compte tenu du nouveau contexte commercial. Mais, courage, fuyons…elle a aussi voulu faire l’économie d’un débat sur les autres sujets qui fâchent.
En effet, la décision a été prise sans information préalable des Instances de Représentation du Personnel, ce qui a permis d’éviter l’échange sur tout ce qui fâche.
Septembre : action sociale, vers la fin des régions ?
Septembre : AG2R Prévoyance : mort annoncée de la gestion interne ?
Septembre : peu de visibilité sur l’avenir des métiers.
Octobre : le mauvais feuilleton du transfert du recouvrement continue…
Le gouvernement décide de passer en force et décide que le transfert du recouvrement en retraite complémentaire se fera en partie au 1er janvier 2023.
Octobre : et si le transfert du recouvrement n’était qu’un détournement de fonds ?
Les dirigeants du régime AGIRC ARRCO ont dénoncé un risque de «captation» de leurs recettes par la Sécu à partir du 1er janvier. Car la situation se résume peut-être tout simplement à un détournement de 84 milliards d’euros de cotisations.
Octobre : le transfert du recouvrement est finalement intégralement repoussé au 1er janvier 2024.
Si le transfert du recouvrement a finalement été intégralement repoussé au 1er janvier 2024, c’est au prix de l’abandon de la fiabilisation des droits aux URSSAF. Donc pour AG2R LA MONDIALE, un risque pour 600 emplois et pour les futurs retraités, un risque pour 25 millions de comptes gérés par l’AGIRC ARRCO.
Octobre : face à un risque mortel, l’informatique du groupe se réorganise.
Octobre : AG2R LA MONDIALE et la MAIF se croisent.
Octobre : la direction passe en force sur le Flex office
Octobre : en période de pénurie de carburant, la direction prend des mesures positives.
Novembre : ouverture des négociations sur les salaires.
La première réunion de NAO s’était déroulée en octobre autour du thème des contraintes budgétaires du groupe. Les négociateurs syndicaux avaient conclu que l’objectif de la direction était de démontrer que les caisses étaient vides pour les NAO.
La seconde réunion, le 23 novembre, était consacrée au bilan de la politique salariale 2022.
Lorsque les organisations syndicales ont voulu entrer dans le vif du sujet et connaitre la réponse de la direction à leur revendication :
- Une augmentation générale des salaires de 5% à effet du 1er juillet 2022
- Une augmentation supplémentaire du différentiel entre ces 5% et le niveau d’inflation constaté au 1er janvier 2023.
la direction s’est retranchée derrière deux arguments :
- Ce n’est pas le rôle de l’entreprise de compenser l’inflation
- La situation actuelle de l’entreprise, et notamment d’AG2R P, ne permet pas de revenir sur la politique salariale de 2022.
Face à ce mur, les organisations syndicales ont formulé une ultime revendication : elles ont demandé à la DRH de transmettre à la Direction générale une demande de prime collective de 1500 euros, qui serait versée avant la fin de l’année, et qui devra concerner l’ensemble des salariés de l’UES AG2R.
La DRH a pris note de la demande et nous n’avons jamais eu de réponse officielle. Officieusement, c’est non ! Concrètement, c’est non !
Novembre : Le gouvernement rabote de 25 % la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi
Décembre : la sobriété énergétique du groupe n’est-elle qu’un levier de communication ?
Décembre : quelle est la définition de « conséquent » ?
Le 7 décembre, les organisations syndicales écrivaient au Directeur général du groupe pour lui demander de transmettre aux différents conseils d’administration un courrier les alertant sur la perte importante de pouvoir d’achat des salariés. Réponse du DG : le budget 2023 pourrait être bien plus conséquent que les années précédentes.
Décembre : le groupe met en place des mesures pour pallier aux éventuelles coupures électriques.
Décembre : les annonces sur la réforme des retraites reportées.
À la surprise générale, le Président a annoncé le report des annonces sur la réforme des retraites au 10 janvier 2023. Le décalage de calendrier n’a pas changé l’opposition de toutes les organisations syndicales et jeunesse à tout recul de l’âge légal de départ en retraite.
Décembre : bilan de la politique sociale.
Comme chaque année les élus du CSE rendent un avis sur la politique sociale AG2R pour l’année écoulée. En conclusion, l’année le CSE a conclu que l’année s’est traduite, pour la politique sociale du groupe, à une réduction générale de l’emploi, de la politique salariale et à une dégradation des conditions de travail. Il a manqué de vrais moyens pour le recrutement, la politique salariale.
Décembre : avis sur le nouveau plan d’entreprise.
Le 14 décembre les élus CSE ont rendu un avis sur les orientations stratégiques du plan d’entreprise 2023-2025, avis transmis au Conseil d’administration. Chaque salarié du groupe, à qui il est demandé d’être agile et responsable, pourra-t-il répondre à la question : en quoi mon emploi et mes compétences sont-ils concernés par ce nouveau plan ?
Merci pour ce compte rendu d’une année particulièrement morose. Je retiens que quand il s’agit de trouver des nouveaux membres du Comex, aucun problème de fonds, même si ces gens n’apportent rien au groupe, mais des que ça touche les salariés présents depuis des années, aucun petit centime à trouver.
Bravo et merci pour toute cette rétrospective ! “Ne lâchez rien” vous aussi 😁
Ce retour sur les évènements en 2022 montre la densité du travail effectué par les équipes syndicales et surtout de la 1ère OS, à la manoeuvre sur beaucoup de sujets. Qui a dit que le dialogue social au sein d’AG2R était un long fleuve tranquille? Certainement pas les élus qui ont en face d’eux une direction très souvent droite dans ses bottes et les mains dans des poches à oursins !
Bon courage pour 2023!
L’organisation actuelle ne permet pas consciencement de servir en prev et santé indiv et collective. Les outils tournent sans ou presque contrôle humain. Dépourvus de sens et d’outils efficaces, ont reportent les fautes ou manques de transversalité sur le CRC, les CG, le CG ADH sans parler des DR. On tourne à la dérision et les clients sont mécontents.
Année terrible sur le plan économique, je ne retiendrais qu’une seule chose la direction n’a pas jugé nécessaire de verser un centime à ses salariés malgré l’inflation (10%).
IRP 1600 euros de prime
KLESIA 1000 euros de prime etc etc etc
AG2R RIEN NADA QUE DALLE UNE HONTE
La densité des sujets donne le vertige, bravo la CFDT pour la fréquence de vos communications et pour la profondeur de vos analyses,