Flex office : la direction passe en force.

La mise en place du Flex Office chez AG2R LA MONDIALE est un sujet sensible, potentiellement générateur de conflits. La direction et les organisations syndicales avaient trouvé un compromis sur une méthode de déploiement participative qui aurait permis d’éviter certains écueils. Or, les actes ne semblent pas suivre les intentions.

Le Flex office est un sujet sensible.

Beaucoup de salariés peuvent comprendre sa mise en place dans un contexte où le télétravail vide une partie des locaux plusieurs jours par semaine. Puisque le groupe doit faire des économies de fonctionnement, il est sans doute préférable de réduire les frais sur l’immobilier que sur d’autres postes, comme les frais de personnel.

Mais en dehors de ce contexte, peu de salariés sont d’emblée demandeurs du Flex office. Ce dernier va imposer des contraintes d’organisation et va sans doute dégrader les conditions de travail. Le Flex office est subi et plutôt que choisi.

Il est donc important que ce dossier soit travaillé avec précautions, afin d’éviter dans la mesure du possible les inconvénients et afin d’adapter la mise en place à l’activité réelle des salariés.

C’est pourquoi les organisations syndicales avaient demandé de négocier un accord qui fixerait les grands principes du Flex office et son cadre d’application. La direction avait refusé, argumentant que les spécificités des différentes activités du groupe rendraient la négociation trop complexe.

Elle s’est donc plutôt dirigée vers une démarche participative, centrée sur des ateliers dans lesquels les directions métiers, la DRH, des membres du personnel et des représentants du personnel seraient sollicités pour réfléchir à la mise en place des principes généraux au niveau national, et de la déclinaison au niveau des établissements et des services. Une consultation formelle des représentants du personnel de proximité étaient également prévue.

Les organisations syndicales ont accepté de jouer le jeu de la concertation.

Or, il s’est vite avéré que les actes n’ont pas suivi les intentions premières de la direction.

L’expert nommé par le CSE pour éclairer le sujet n’a pas pu travailler dans de bonnes conditions, ce qui a gêné son expertise. Les représentants du personnel n’ont pas été conviés à intégrer les ateliers de concertation nationaux. Le CSE a donc été invité à rendre un avis sur le Flex office avant même que les principes de déploiement aient été arrêtés.

Dans ces conditions, le CSE a rendu un avis négatif sur la mise en place du Flex office chez AG2R. Cette position du CSE ne va pas bloquer la direction dans le déploiement de son projet, car l’avis n’était que purement consultatif.

Mais on peut noter que la direction a fait le choix d’un passage en force et que sur un dossier aussi sensible pour les conditions de travail, elle n’a pas mesuré les risques de rejet des salariés. Dans une période où le nouveau plan d’entreprise devra en partie sa réalisation à l’engagement des salariés du groupe, la CFDT ne comprend l’attitude suicidaire de la direction.

Le principe « je suis seul chef à bord » a une limite, celle de se retrouver « seul à bord » au milieu de la tempête. Et nous craignons, dans ce cas, que le bateau ne navigue pas très loin.

Avis des élus CFDT sur la mise en place du Flex Office dans l’UES AG2R.

 L’avis de la CFDT portera sur la forme, c’est-à-dire la méthode employée par la direction pour mettre en place le Flex office et sur le fond du dossier, c’est-à-dire sur les grands principes qui sous tendront le déploiement du Flex Office.

Sur la forme, nous avons en premier lieu des remarques sur les moyens donnés à l’expert du CSE LA MONDIALE pour mener à bien sa mission.

La mission de l’expert dû être réalisée dans un délai très contraint du fait du calendrier de la consultation imposé par la direction.

Le panel de salaries pressentis pour les entretiens avec l’expert n’a pu être constitué que tardivement du fait là aussi de la direction, retardant ainsi le démarrage des travaux.

  • De ce fait, le panel des entretiens avec les salariés s’est trouvé finalement très réduit par rapport à celui initialement ciblé.
    • Des collaborateurs de certaines directions n’y sont pas représentés ;
    • Des sites sont absents du panel, (Paradis, aucun collaborateur, Malesherbes, un seul).
    • Les managers sont sur-representés, de même que les salaries de Vivacity.
    • La visite des sites marseillais du Prado, de Balthazar et de Cantini n’a pas pu être effectuée faute de temps laissé à l’expert pour mener à bien sa mission.

L’expert a indiqué que cette situation a pu affecter certains éléments de son rapport.

En second lieu, la CFDT constate que le rapport de l’expert de 57 pages n’a été transmis aux élus du CSE qu’une journée travaillée avant la réunion préparatoire de la plénière du CSE. Comment dans ces conditions la direction peut-elle s’attendre à ce que les élus puissent faire un travail de réflexion complet. A moins que l’intention de la direction soit justement que les élus ne puissent pas faire une lecture approfondie et exhaustive de ce rapport.

En troisième lieu, la CFDT constate une méthode de concertation avec les représentants du personnel dans les ateliers consacrés au Flex office qui relève de la mauvaise foi caractérisée.

Alors que la direction avait écarté toute négociation sur le sujet, elle avait vendu pour éviter tout blocage avec les organisations syndicales un principe de concertation au sein d’ateliers consacrés aux principes du Flex office. Finalement, ces ateliers ne comportaient aucune place réservée aux représentants du personnel et aucune information sur des inscriptions individuelles à opérer n’a été donnée, malgré les nombreuses demandes d’éclaircissements faites par la CFDT. Pire, nous avons des preuves que des salariés présentés comme volontaires ont été, en fait, sollicités par leur direction et lorsque des représentants du personnel ont voulu s’inscrire, il leur a été répondu que l’atelier était complet.
Force est de constater qu’en réalité la direction ne voulait pas de la présence des représentants du personnel dans les ateliers. La réalité de la composition de ces ateliers le démontre car seuls 3 représentants du personnel sont présents dans ces ateliers pour toute la France.

En conclusion sur la forme, la CFDT remarque que la direction avait indiqué dès le lancement du projet que la démarche entreprise pour mettre en place le Flex office serait basée sur la concertation et la co construction. La CFDT s’était engagée dans cette démarche qu’elle jugeait positive. Nous constatons aujourd’hui que la volonté de la direction ne s’est pas traduite dans les actes. Ce comportement nous fait douter de la bonne foi de la direction sur ce dossier.

Nous devons en conclure que la démarche de la direction est autoritaire, voulant faire passer son projet sans amendements du CSE ou des délégués syndicaux. Cependant, pour permettre aux salariés d’accepter la mise en place du Flex Office, la direction habille ce projet d’un vernis de concertation qui n’est en fait qu’un leurre.

La CFDT ne saurait cautionner ce traitement d’un dossier qui aura des impacts importants sur les conditions de travail des salariés et laissera la direction seule face à ses responsabilités.

Sur le fond du projet, puisque les bases communes seront arrêtées après les rendus des ateliers sur le Flex office, la CFDT ne peut émettre d’avis.

Nous remarquons donc que la direction, outre l’application d’une méthode de construction du projet qui ne permet pas la concertation avec les représentants du personnel, entend recueillir un avis sur les principes communs du Flex Office avant de les avoir arrêtés.

La CFDT est consciente des enjeux du Flex Office, notamment en termes d’économies de fonctionnement sur les frais immobiliers dans une période où le groupe doit réduire ses frais de gestion. Mais elle pense aussi que dans un contexte de désengagement des salariés mesuré par tous les baromètres qui ont pu être effectués, une mauvaise gestion de ce dossier va accroitre la démobilisation globale. Enfin, alors que le groupe est en négociation sur un accord de Qualité de Vie au Travail, un déploiement du Flex Office qui ne prend pas en compte ces critères QVT va créer une dichotomie encore plus importante entre le discours de la direction et ses actes.

Pour toutes ces raisons, l’avis des élus CFDT sur la mise en place du Flex office est négatif.

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Pascal TARAUD
1 année il y a

oui c est la goutte d eau qui fait déborder le vase. très peu d augmentation depuis 3 ans – des outils en retraite complémentaire défaillants et maintenant on impose un flex office alors qu une majorité de salariés (en région parisienne) souhaitent un 3eme jour de télétravail sur le volontariat… tout aboutit à la démotivation des équipes et surtout beaucoup de salariés qui le peuvent veulent partir