Salariés de Marseille : je vais et je viens entre terrains …

Entre 2009 et 2022, de multiples allers et venues entre les sites de Marseille traduisent les politiques versatiles de la direction. Dernière décision : la restitution de l’immeuble Balthazar.

En 2009, Le groupe Ag2r La Mondiale affirmait que le projet de construction de l’immeuble marseillais « le Balthazar » était un projet d’investissement. Droits dans leurs bottes, les dirigeants rassuraient les salariés et informaient les élus locaux du souhait d’investir dans un quartier en devenir précisant que cet immeuble n’avait pas vocation à accueillir des salariés du groupe.

C’est en milieu d’année 2013, un an après sa construction, que les dirigeants, toujours droits dans leurs bottes, annonçaient finalement que l’immeuble « le Balthazar » accueillerait sur 4 étages des salariés. Comme cela s’entend aisément dans certaines instances, la vérité d’aujourd’hui ne sera pas celle de demain et c’est ainsi que des négociations débutaient pour accompagner les salariés qui devaient rejoindre ce qui était au départ un immeuble d’investissement et deviendrait leur nouveau lieu de travail.

La direction se voulait rassurante mais les élus et les salariés connaissant bien la réalité de leur ville, l’étaient beaucoup moins.

Le temps de trajet allait considérablement s’allonger pour de nombreux salariés et pour le réduire au minimum, l’utilisation d’un tunnel à péage serait nécessaire.

C’est au forceps que la CFDT et les élus locaux avaient réussi à arracher la prise en charge à 50% pendant 1 an du péage du tunnel et une prise en charge à 100% durant 18 mois pour les salariés qui pratiqueraient le co-voiturage. Une prime exceptionnelle allant de 350 à 950€ selon le rallongement du temps de trajet (entre 30 à 80 minutes) avait été également négociée ainsi qu’une prime de 700€ pour prendre en compte la situation familiale des salariés devant avoir recours à la garde d’un enfant de moins de 9 ans et tout autant que l’allongement de leur temps de trajet était supérieur à 40 minutes.

Pour les salariés ayant rejoint « le Balthazar » ce fut une véritable aventure, dans un quartier totalement en chantier. Ils ont tout d’abords vécu au milieu des constructions voisines avec les aléas que cela engendre comme, le bruit, les coupures d’eau et d’électricité, les vibrations dans leur bureau, la poussière, etc… Ils ont dû attendre quelque mois avant d’avoir la ligne du tramway à proximité ainsi que quelques lieux de restauration. Mais après avoir subi ces désagréments, ils avaient fini par s’acclimater à ce quartier, limitrophe d’un des quartiers les plus pauvre d’Europe, celui du 3ème arrondissement de Marseille. 

Il y a un an, le groupe décidait de fermer le site de la Canebière qu’il avait déjà vidé de la substance commerciale bien qu’il faisait face à la concurrence dans un lieu de mythique de la ville et à très forte visibilité. Il décidait également de la fermeture de deux étages de l’immeuble « le Balthazar ».

Pour ce déménagement déjà, l’accompagnement connus des marseillais s’est fortement réduit en se limitant à celui inclus à l’accord GAPEC.

Fini la prise en charge du tunnel à péage dont le cout est aujourd’hui de 12€ pour un aller-retour par jour travaillé sur site.

Réduction de la prime prenant en compte la situation familiale de 700 à 500€ ainsi que de la prime du rallongement de temps de trajet de 350 à 950€ pour un temps de 30 à 80 minutes vers un montant de 430 à 730€ pour un temps de 40 à 60 minutes.

Fini l’octroi des tickets restaurants pour les salariés qui rejoignaient le site du Prado. Un point non négociable pour la direction qui venait diminuer le pouvoir d’achat des salariés déjà bien mis à mal par les augmentations collectives au rabais et la flambée des prix.

Outre ces avantages diminués, de nombreux points négatifs avaient été soulevés comme des ratios de mètres carrés disparates et favorisant certains salariés, un espace détente pour plus de 80 salariés, un manque de confidentialité pour les commerciaux qui s’en plaignent toujours… Mais la direction refusait catégoriquement de prendre en compte les observations et propositions de la CFDT et de l’ensemble des élus locaux qui tentaient d’obtenir des conditions de travail acceptables et équitables.

C’est en milieu d’année 2022, un peu avant les vacances d’été que certains salariés du site « le Balthazar » étaient informés de la restitution complète de l’immeuble et de la mise en place du Flex-office sur l’immeuble de Marseille Prado pour accueillir tout le monde. Une information à la limite du délit d’entrave, les élus locaux comme nationaux n’en ayant pas encore été officiellement informés.

Souvent sur le fil du rasoir, face à la réalité qui la rattrape, la direction a donc organisé dans la précipitation, une réunion d’information des représentants de proximité, 24 heures après l’information donnée aux élus du CSE.

Les salariés s’étaient déjà rapprochés des élus CFDT, le bruit ayant couru sur la fermeture du site « le balthazar » et l’ouverture du sans bureau fixe (Flex-office), pour faire part de nombreuses questions sur l’avenir de leurs conditions de travail.

Les représentants de proximité CFDT souhaitent d’ores et déjà partager les réponses qui leurs ont été apportées.

Quel mode de Flex office ?

Le Flex-office sera déployé par « quartier », les liens fonctionnels seront étudiés pour définir la proximité entre les quartiers et une équipe aura un quartier attitré afin de maintenir le lien managérial.

Quel taux pour le Flex-office ?

7 postes en Flex-office seront déployés pour 10 collaborateurs. Ce taux de 70% pourra toutefois être adapté en fonction des usages (pour des populations « nomades » le taux sera moins élevé que celui des populations « sédentaires »).

Comment sera appliqué le Flex-office pour les salariés en situation de handicap ayant un bureau adapté ?

Les salariés disposant d’un poste de travail aménagé ne seront pas sans bureau fixe. Ils conserveront leurs bureaux avec les emménagements antérieurs.

Le site du Prado permettra-t-il d’accueillir tous les salariés des sites marseillais ?

Oui, car actuellement les salariés marseillais ne sont plus que 395. (280 sur Prado, 104 sur Balthazar et 17 sur Cantini).

Le site de Cantini, agence commerciale, va-t-il fermer ?

La question n’est pas encore tranchée, la DR étudie l’opportunité d’un point de vue commercial de conserver ou non cette implantation.

L’agence conseil retraite (CICAS) actuellement sur le Balthazar va-t-elle déménager et pourrait-elle être délocalisée sur l’actuel site de Cantini ?

La réponse est non, l’agence conseil retraite n’est pas concernée par un déménagement. Mais rappelons-nous qu’avec nos dirigeant, la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain d’autant que cette agence pourrait devoir s’adapter aux normes des fédérations et risquerait de ne pas pouvoir le faire dans les actuels locaux.

Face à la recrudescence des cas de Covid quelles mesures seront prises pour la désinfection du matériel partagé ?

Pour la direction, le dispositif du Flex-office à la journée n’entraine pas de risques supplémentaires, le protocole d’hygiène strict actuel reste en place. Toutefois, les écrans, les souris et les claviers ne semblent pas actuellement faire l’objet d’une désinfection quotidienne.

Est-ce que les salariés ne bénéficiant que d’un seul jour de télétravail par semaine se verront octroyer un deuxième jour avec la mise en place du Flex-office ?

Pour la direction, il n’est pas question que le déploiement du Flex-office apporte un jour supplémentaire de télétravail même pour les salariés qui ne bénéficient que d’un seul jour hebdomadaire. Là encore, la vérité d’hier qui affirmait en réunion de négociation de l’accord télétravail, que le 3ème jour ne pourrait pas être discuté avant la mise en place du Flex-office, n’est plus celle d’aujourd’hui.

Le parking du Prado a-t-il une capacité suffisante pour accueillir tous les salariés qui utilisent leur véhicule ?

Au doigt mouillé, la direction répond par l’affirmative. Et oui, il faut noter que nous avons en province encore beaucoup de salariés qui doivent utiliser leur véhicule pour se rendre au travail. Notons également le groupe Ag2r La Mondiale, si friand de vélo, n’a toujours pas souhaité déployer le forfait mobilité durable pouvant allait jusqu’à 500€ (exonérée de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu) par an et par salarié.

Le RIE du Prado aura-t-il la capacité d’accueillir tous les salariés ?

La réponse et oui et se veut même rassurante dans sa précision « aujourd’hui le RIE est en sous-affluence, cela va donc permettre de maintenir une restauration collective ». Heureux d’apprendre que sans le Flex-office nous risquions de perdre la restauration collective, sujet jamais abordé jusque-là. Inutile de préciser qu’en présence de RIE vous n’aurez pas de ticket restaurant en dehors des jours télétravaillés.

Allez-vous faire participer les salariés au projet de la mise en place du Flex-office ?

Les salariés concernés seront invités à répondre à un questionnaire dès le mois de septembre et une communauté de relais pour définir les usages par métier sera mise en place au second semestre 2022.

Quand le déploiement du Flex-office débutera-t-il ?

Si la direction n’a pas de contrainte sur un délai, elle souhaite que cela soit réalisé dès 2023, fin du premier semestre au plus tôt.

Devant cette incertitude du calendrier de déploiement, les représentants de proximité demandent à la direction de communiquer le plus rapidement possible afin que les salariés puissent s’organiser avant la prochaine rentrée scolaire de septembre 2023.

La direction affirme qu’elle apportera une vigilance particulière sur ce point.

En attendant l’avancement du projet, déménagement et mise en place du Flex-office sur Marseille, l’ensemble des élus CFDT est à la disposition des salariés pour construire avec eux les revendications nécessaires et porter leurs remarques autant sur le plan local que national.

Marseille n’est pas la seule ville impactée par des déménagements et la mise en place du Flex-office. Les salariés de Paris avec la fermeture du site Vivacity, de Bordeaux, de Nantes, de Grenoble et de Bezannes seront aussi parmi les premiers à tester le « sans bureau fixe ».

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Anonyme
Anonyme
2 années il y a

Je note à quel point vous avez réussi à négocier des compensations, qui si elles ne sont pas toujours suffisantes permettent, comme leur nom l indique de “compenser” tout ou partie. Par contre, me concernant, notre site va fermer. Après renseignements, je n aurais (et les collègues pareils) pas ces compensations car vous (la cfdt) avez signè un accord gpec qui limite les primes (montant, proratisation télétravail… ) . Comme vous le dites dans votre article, autre temps, autre veritè, direction et donc syndicats aussi. Vu que nous sommes sur du Gainsbourg, je dirai je t’aime moi non plus… La cfdt. Ceci étant, je vous félicite par avance de me publier, ç est tout à votre honneur et vous seul le faite.