Projet de restructuration explosif chez AG2R LA MONDIALE : une attaque contre les avantages sociaux et l’ADN de la protection sociale.

Avant l’été, un comité stratégique du groupe s’est réuni pour évoquer la création d’un nouveau GIE employeur commun AG2R LA MONDIALE dans lequel serait transférée l’intégralité des salariés actuels du GIE AG2R et du GIE La Mondiale. Lors d’une réunion CSE du 14 novembre, la direction générale a confirmé que ce scénario était à l’étude pour résoudre une problématique de ventes croisées dans le groupe.

Dans cet article, nous exposons ce projet de changement de structures, impliquant la création d’un nouveau GIE employeur commun AG2R LA MONDIALE et la séparation des salariés de l’UES AG2R entre l’employeur retraite et cette nouvelle structure. Les motivations de ce projet sont discutées, notamment en termes d’économies sur les frais de personnel et de remise en cause des avantages sociaux. Les conséquences potentielles incluent la renégociation des statuts, la remise en cause des accords d’entreprise et une division de la représentation des salariés. Ce projet soulève également des inquiétudes quant à l’avenir du groupe en tant qu’entité de protection sociale.

Quoi ? L’explosion de l’UES AG2R.

Avant l’été, un comité stratégique du groupe s’est réuni autour de la direction générale et d’administrateurs de la sommitale pour évoquer des changements de structures dans le groupe AG2R LA MONDIALE. Parmi les différents scénarios envisagés, la création d’un nouveau GIE employeur commun AG2R LA MONDIALE dans lequel serait transféré l’intégralité des salariés actuels du GIE AG2R et du GIE La Mondiale a été présenté. Dans ce scénario, l’UES AG2R exploserait avec les salariés de la retraite qui resterait chez l’employeur AG2R AGIRC ARRCO et les salariés de l’activité santé/prévoyance qui rejoindrait leurs collègues de La Mondiale.

La direction ne s’en cache plus : lors de la dernière réunion du CSE (commission économique), elle a présenté un document estampillé confidentiel dévoilant ses objectifs. Il y est notamment question d’une évolution nécessaire de la “structure de moyens”. Et le 14 novembre, à la question directe de la CFDT, la direction générale a confirmé l’existence d’un scénario de GIE commun.

Pourquoi ? Les raisons avouées et les raisons cachées.

Aux dires de la direction, la création d’un GIE employeur commun pour les activités concurrentielles répondrait à des exigences réglementaires, notamment pour continuer à effectuer des ventes croisées.

En effet, la réglementation se serait durcie, notamment concernant la VAD depuis 2023. Cela impacterait les ventes d’ARIAL, de VIA SANTE, de LA MONDIALE, d’AG2R P, de la MAIF … de produits qui ne viendraient pas de leurs réseaux propres spécialisés. Cela impliquerait également l’obligation de demander de multiples consentements à nos clients pour recommander des produits des différents réseaux commerciaux du groupe.

Nous pouvons douter des arguments développés sans preuve par la direction, car le groupe pratique ces ventes croisées entre ses différentes entités et avec la MAIF sans aucun problème aujourd’hui. D’autres groupes comme KLESIA, MALAKOFF HUMANIS, mais aussi la MACIF, qui possèdent plusieurs GIE différents, ne se posent pas ce genre de questions.

Alors pourquoi ?

Le précédent DG, André Renaudin, avait déjà eu le projet de sortir les salariés AG2R de leur convention collective, qu’il jugeait obsolète, dépassée et inadaptée aux enjeux du groupe.

André Renaudin l’avait rêvé, Bruno Angles veut le faire.

Ce directeur général qui est issu du monde bancaire, et sa directrice des ressources humaines qui était DRH de MacDonald ne se cachent pas pour dire que la convention collective actuelle, avec ses garanties et ses filets de sécurité pour les salariés, est un frein pour une politique sociale et salariale dynamique. C’est d’ailleurs un leitmotiv à la DRH de critiquer ouvertement les conventions collectives. Choquant, lorsque l’on sait que c’est grâce justement aux conventions collectives et aux accords de branche que l’AG2R a pu assoir son développement avec les désignations et les recommandations !

Donc, pour la CFDT, au-delà de supposées contraintes réglementaires, c’est plutôt du côté d’économies sur les frais de personnel qu’il faut chercher les vraies motivations de ce projet. Car la première conséquence du projet serait une renégociation du statut, aussi bien pour le GIE AG2R que pour le GIE LA MONDIALE, et peut-être aussi pour VIA SANTE.

Les conséquences ?

Le changement d’employeur provoquerait immédiatement une remise en cause du statut actuel et la mort des accords d’entreprise. De plus, la volonté de la direction serait d’aller vers la CCN des assurances, bien moins avantageuse que la CCN actuelle des IRC et des IP.

La remise en cause du statut concernerait à la fois les salariés AG2R, ceux de La Mondiale, et sans doute à terme ceux de VIA SANTE. Et rien ne dit que, même s’ils ne changeraient pas de convention collective, les salariés de la retraite ne verraient aussi pas leurs avantages sociaux remis en cause.

Des économies sur les frais de personnel.

Il faudrait donc reconstruire un nouveau statut commun, certainement à la baisse. En effet, la direction n’a de cesse de décrier un statut datant d’une époque plus faste pour le groupe et qui coûterait bien trop cher aujourd’hui. D’ailleurs, si l’on prend l’exemple de la fusion AG2R REUNICA, remarquons que ce n’est pas le mieux disant des deux statuts du personnel qui a été imposé, mais une réduction des avantages sociaux de plusieurs dizaines de millions d’euros.

De plus, la remise à plat des avantages des réseaux commerciaux pourrait permettre à la direction de résoudre la difficulté de recruter des commerciaux strictement AG2R. Elle pourrait aussi lutter contre l’augmentation constante des commissions des commerciaux de La Mondiale qu’elle juge aujourd’hui insupportable économiquement.

Se séparer de la retraite pour faire du business.

Enfin, la scénario aurait l’avantage pour la direction de se séparer encore plus de l’activité retraite qu’elle juge trop encadrée par l’AGIRC ARRCO et beaucoup moins créatrice de ressources pour le groupe.

En résumé, pour la direction :

  • plus d’assujettissement à la CCN des IRP et IP, donc plus d’obligations de suivre les garanties conventionnelles, notamment les augmentations annuelles minimales.
  • une renégociation des statuts pour les GIE AG2R et LA MONDIALE, donc la perspective d’économies importantes sur les frais de personnel.
  • une séparation de la retraite du concurrentiel, donc création de deux comités d’entreprise et une division par deux de la dotation pour les salariés du GIE AG2R.
  • une scission de la représentation des salariés avec des négociations séparées pour la retraite et la santé-prévoyance, donc la possibilité d’une évolution à deux vitesses des statuts.

Les dangers collatéraux.

Au-delà des menaces importantes pour les avantages sociaux des salariés, notons que dans cette opération, AG2R pourrait perdre une partie de son essence de groupe de protection sociale. En effet, comment interpréter la stratégie qui consisterait à basculer dans la branche professionnelle des banques et des assureurs le personnel d’une entreprise à but non lucratif qui appartient à l’économie sociale ?

De plus, cette opération serait sans doute un précédent, suivi par d’autres groupes de protection sociale comme MH. Ce serait le début de la fin de notre branche professionnelle et, à terme, pour les salariés de l’activité retraite, peut-être les prémisses d’un regroupement dans un employeur commun à tous les GPS, peut-être même un regroupement dans une caisse universelle de retraite.

En conclusion.

Ce projet de la direction est le projet de tous les dangers.

C’est l’oeuvre de dirigeants qui ne veulent qu’une gouvernance économique du groupe, sans tenir compte ni des contingences sociales internes, ni de l’ADN d’un groupe de protection sociale.

Car nous l’affirmons : la pertinence du modèle des GPS repose sur deux jambes : la retraite complémentaire et la santé-prévoyance. Vouloir scinder les salariés qui travaillent sur ces activités chez deux employeurs différents, c’est enfoncer un coin dans les deux parties de ce modèle.

Si ce projet se concrétise, la CFDT utilisera tous les moyens à sa disposition, réglementaires ou sociaux, pour s’opposer.

Nous ne lâcherons rien !

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Esprit du mois
Esprit du mois
1 année il y a

Bonjour, merci pour l’information. Pas très rassurant tout ça. Dans les “états d’esprit du mois”, il va falloir ajouter “inquiet”….

Lagardere
Lagardere
1 année il y a

Marrant quand même, votre syndicat accusé il y a peu la CGT de crier au loup quand elle exposait avant vous le projet délétère de la direction. Mieux vaut tard que jamais comme on dit, mais un petit mea culpa ne coûte rien. Le temps doit être désormais à l unité contre une direction qui joue contre les salariés

Qualité de Représentation
Qualité de Représentation
Réponse à  Lagardere
1 année il y a

Quel est l’intérêt de savoir quelle OS prédit mieux le futur qu’une autre ?
On prend la main ou on fait confiance à la CFDT pour agir ?

Pat
Pat
1 année il y a

 Lors d’une réunion CSE du 14 novembre, la direction générale a confirmé que ce scénario était à l’étude …. Bruno s’est fait un cadeau d’anniv rigolo !

anonyme
anonyme
1 année il y a

Alors que le groupe connait de grandes difficultés économiques, est-il judicieux de rajouter des difficultés sociales ?

Bao
Bao
1 année il y a

Vive l’ancien monde ! Ne changeons rien !

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1 année il y a

Ce projet est dans la droite ligne de la remise en cause des groupes de protection sociale. Mais pourquoi s’étonner quand, comme vous le dites dans votre article, nous avons des dirigeants qui ne sont pas issus du monde paritaire mais d’entreprises privées ?

herve bes de berc
herve bes de berc
Réponse à  ---
10 mois il y a

Oh oui le prive c’est la honte!!!!!

Gamard S
Gamard S
1 année il y a

Et tout ça de la part d’une Direction qui, elle ne fait sûrement pas d’économie sur ses appointements vu que personne n’a accès à leur bulle salariale ….C’est bien de rappeler d’où viennent le DG et la DRH, du monde de ceux qui pensent que tout salarié coûte trop cher en oubliant que sans lui, plus rien n’existe … Le parallèle avec ceux qui gouvernent la France aujourd’hui est flagrant … et désolant ….

un salarié engagé
un salarié engagé
1 année il y a

La direction se glorifie de l’engagement des salariés suite au dernier baromètre. Du coup, elle se sent légitime pour casser le statut des salariés ?

nadine amouck
nadine amouck
1 année il y a

Bonjour, pour info beaucoup d entre nous ont déjà été affilié pendant des années à la ccn des assurances (les ex réunica par exemple)

Un ancien
Un ancien
Réponse à  nadine amouck
1 année il y a

Pour info, la dernière renégociation des accords d’entreprise a été plus que favorable au ex Reunica sur le 83 et l’intéressement y compris abonnement ..c’est un fait et non un reproche 😊
pas sûr que la prochaine négociation, si on laisse faire, fasse qu’il y ait des gagnants 😱

Anonyme
Anonyme
Réponse à  nadine amouck
1 année il y a

Pour information, les ex-REUNICA étaient sur la CCN des IP

anonyme
anonyme
1 année il y a

Les salariés élisent à 2 reprises successives un président venant du secteur bancaire , mandaté pour accélérer les régressions sociales. Puis à l’intérieur de grandes entreprises comme la notre, vont manifester leur mécontentement en comité restreint ,
en allant danser avec des ballons sous les bureaux de leurs dirigeants… Qu’il y a t’il de surprenant à ce que ces derniers continuent leur œuvre ?

Anonyme
Anonyme
1 année il y a

La retraite ne dégage pas assez de bénéfices financiers, j’hallucine, sont ils au courant nos dirigeants que ce n’est pas le but ? La retraite devrait rapporter des fonds, c’est l’image qu’ils ont réellement ? Bah j’ai peur, nos dirigeants n’ont rien compris à ce qu’est un groupe de protection sociale, on va dans le mur

Une conseillère SE
Une conseillère SE
Réponse à  Anonyme
1 année il y a

J’ai trouvé cette phrase hallucinante dans l’article. La retraite complémentaire n’a aucune vocation à faire du chiffre vu qu’on encaisse pour la fédération.
Un peu plus et on nous dit qu’on coûte trop cher!