NAO 2025 : Une négociation au rabais

Après une première réunion en janvier où la direction a cherché à assommer les organisations syndicales avec des propositions à minima, elle a décidé lors de la dernière réunion de mettre fin à la négociation après quelques améliorations.

En janvier, la direction avait proposé un budget pour les négociations salariales presque deux fois moins élevé que celui de l’année dernière (2,2% de la masse salariale contre 4,6% l’année dernière). Le 5 février, face au refus unanime des organisations syndicales, la direction a finalement revu sa copie pour monter l’enveloppe à 2,5% de la masse salariale.

Pour les augmentations collectives, elle propose deux scénarios, selon qu’un accord de branche serait signé ou non.

Voici la déclinaison des augmentations collectives selon ces scénarios :

tranche de salaireen avrilsans mesure branche
en octobre (qui s’ajoute à la revalorisation d’avril)
total sans mesure de branche
0/35999€1,6%1,4%3%
36000/44999€0,00%0,9%0,90%
45000/54999€0,00%0,7%0,70%
55000/64999€0,00%0,6%0,60%
>65000€0,00%0,5%0,50%

Les deux trains de mesures s’appliqueraient à effet du 1er janvier. Pour bénéficier des mesures, l’ancienneté au 31 décembre 2024 passerait de 18 mois à 15 mois.

Plusieurs éléments de la proposition sont bloquants pour la CFDT !

Au mieux, des augmentations inférieures à l’inflation pour 70% des salariés.

Pour la CFDT, le premier point de blocage est que pour les salaires supérieurs à 36000 euros, soit 70% de l’effectif, les augmentations générales seront inférieures à l’inflation (1,6% prévus en 2025)

Pour une majorité, pas d’augmentation collective en cas d’accord de branche.

Le second point de blocage est que, si un accord de branche devait être signé, seules les Rémunérations Minimales Mensuelles Garanties seraient revalorisées. Les employeurs ne veulent pas appliquer la garantie conventionnelle de 85% d’augmentation de la RMMG pour les salaires de base supérieurs à cette RMMG. Donc, seuls 1/5 de l’effectif verrait une augmentation salariale grâce à l’accord de branche, puisque seuls 1035 salariés seraient impactés. Résultat : pour tous les salaires supérieurs à 36000 euros et supérieurs à la RMMG de leur classe/niveau, aucune augmentation collective si un accord de branche était signé puisqu’AG2R ne prévoit pas d’augmentation pour ces tranches de salaire !

La direction veut favoriser la non-signature d’un accord de branche

Le troisième motif de blocage découle de l’analyse précédente. La direction veut en effet favoriser le scénario de non-signature de l’accord de branche. Les augmentations collectives seraient bien plus fortes pour 80% de l’effectif si aucun accord de branche n’était signé, puisque la garantie de 85% ne s’appliquera pas. La preuve qu’un groupe paritaire comme AG2R LA MONDIALE qui a fait des accords de branche le moteur de son développement, crache maintenant dans la soupe.

Des augmentations individuelles au détriment des augmentations collectives.

Le quatrième élément bloquant est le sort réservé à l’enveloppe réservée aux augmentations de RMMG si elles ont lieu. La direction a augmenté cette enveloppe de 30% par rapport à l’année dernière, soit un montant de plus d’un million d’euros. Or, la grille des RMMG 2025 proposée par les employeurs de la branche ne représente pas un coût supplémentaire de 30% par rapport aux projections de 2024. En effet, seuls les RMMG de 1A à 2A ont été augmentés un peu. Conséquence : il y aura un reliquat puisqu’AG2R ne dépensera pas toute l’enveloppe budgétée. Que fera la direction de ce reliquat ? Elle le versera sous forme d’augmentations individuelles. Si l’on considère que les augmentations de branche sont des augmentations collectives, dans le cas d’un accord de branche, l’enveloppe collective représenterait 76% et l’enveloppe individuelle 16%. Par un tour de passe-passe, la direction transforme principalement ce budget d’augmentations collectives en budget d’augmentations individuelles s’il n’y a pas d’accord de branche. Elle consacrera 56% pour les AI du budget global contre 42% pour les AC.. Sa motivation : il faut récompenser les efforts individuels des salariés, même si c’est au détriment du pouvoir d’achat des autres. Sa logique : il faut individualiser le plus possible les salaires, même si c’est au détriment des efforts collectifs de l’ensemble.

A prendre ou à laisser

Le dernier élément révoltant : après seulement deux réunions de négociations, la direction a décidé de mettre fin aux discussions et d’annuler la dernière réunion. Une façon de dire : « c’est à prendre ou à laisser », fin du dialogue social.

Face à ce mépris flagrant, la CFDT dénonce avec la plus grande fermeté cette stratégie du “passage en force” qui ne fera qu’attiser les tensions et creuser le fossé entre la direction et les salariés. Les collaborateurs méritent mieux que ces méthodes !

En conclusion

La direction d’AG2R LA MONDIALE propose des négociations salariales 2025 particulièrement défavorables avec :

  • Un budget global réduit de moitié par rapport à 2024 (2,5% contre 4,6%)
  • Des augmentations collectives inférieures à l’inflation pour 70% des salariés
  • Une stratégie visant à décourager la signature d’un accord de branche
  • Une transformation dissimulée des augmentations collectives en augmentations individuelles
  • Un arrêt brutal des négociations après seulement deux réunions

Cette approche unilatérale et ce mépris du dialogue social sont fermement dénoncés par la CFDT qui considère que ces propositions ne répondent pas aux attentes légitimes des salariés en matière de pouvoir d’achat et de reconnaissance collective.

Comme à son habitude, La CFDT consultera ses adhérents afin de déterminer sa position.

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Anonyme
Anonyme
1 jour il y a

Si le virus de la grippe fait des ravages actuellement, la direction est atteinte d’oursonite aigüe doublée d’une amnésie sélective au dialogue social et à la reconnaissance. Nos collègues de La Mondiale évoque une enveloppe restreinte du fait de quelques départs prochains dans la haute sphère, ce qui coûterait un prix élevé, un pognon de dingue. On assiste au retour en force de la méritocratie version 19 ème siècle: tant pis pour celles et ceux qui ne plaisent pas, que vous fusses bon élément ou pas. Au final, le fameux baromètre de l’engagement n’a pas servi à grand chose, si ce n’est d’entamer un peu plus le moral des troupes. Un salarié averti en vaut 2 … y compris ceux qui voulaient venir…

DonaMONIK
DonaMONIK
1 jour il y a

70 % des salariés auront “une augmentation” inférieure à l’inflation.
Et pas de revalorisation des RMMG en vue…
C’est sur, elle va super cette année 2025 avec une telle reconnaissance des efforts fournis par l’ensemble des “gentils collaborateurs” !!!

Jenny
Jenny
1 jour il y a

Et pas de prime de pouvoir d achat?

Wilfrid WINTER
1 jour il y a

pour la non signature sur la branche, notre GPS – comme les autres je pense – a réellement peur d’un accord de branche : il y a tellement d’écart à combler sur les premiers niveaux (9 RMMG sont encore sous le SMIC) que la direction sera obligée de piocher dans les réserves (pas celles de leur GIE LM Executive). Au contraire, il faut qu’il y ait un accord de branche pour au moins augmenter la prime d’ancienneté et pour permettre à tous les salariés d’obtenir une augmentation collective digne de ce nom. Il faut juste reprendre le tableau des propositions de l’année dernière, ce sera déjà très bien.

Anonyme
Anonyme
16 heures il y a

Bonjour, je ne comprends pas la partie “Les employeurs ne veulent pas appliquer la garantie conventionnelle de 85% d’augmentation de la RMMG pour les salaires de base supérieurs à cette RMMG” : cette disposition n’est donc pas obligatoire ? Merci pour la réponse svp.

Anonyme
Anonyme
Réponse à  cfdt ag2r
1 heure il y a

Vous oubliez de dire que votre syndicat accepte la non application de cette clause, privant ainsi d’augmentation (hors prime d’ancienneté) tous les salariés au dessus de la RMMG (soit 85 % des salariés Ag2r)

Lacrampe
Lacrampe
2 heures il y a

Pour rappel, ce sont certains syndicats qui ont refusé l’accord de branche l’an dernier. Pas la direction. Les bas salaires des collaborateurs arrivées le plus récemment auraient été largement revalorisés.

Anonyme
Anonyme
Réponse à  Lacrampe
1 heure il y a

Hélas oui

moi
moi
1 heure il y a

En fait ils embauchent avec des salaires très bas et profitent des enveloppes pour les augmenter, nous anciens ne sommes pas prêt d’avoir une prime ou augmentation

Anonyme
Anonyme
1 heure il y a

C’est marrant on va le trouver le pognon pour les primes de départ de ceux qui suivent notre ancien DG, on l’avait pas prévisionné ça je pense, résultat, plus d’argent pour ceux qui font vivre notre entreprise. Elle est belle la reconnaissance chez AG2R….

technique
technique
57 minutes il y a

bonjour,
Les orientations récentes (choix B Angles, pilotage très cadré des rémunérations salariés hors top dirigeants..) me laissent perplexes quant au rôle des représentants des OS dans la gouvernance. Les budgets NAO n’en sont-ils pas l’illustration ?
Il a été dit que les représentants OS de la gouvernance paritaire étaient supposés porter la voix des salariés AG2R. Je pense que c’est tout simplement faux, et que le discours “nous sommes paritaires” masque la réalité : les salariés du groupe ont très peu de place dans la gouvernance du groupe.