La chute du gouvernement Bayrou ouvre une fenêtre d’opportunité pour taxer les ultrariches. L’idée d’une taxe sur les très gros patrimoines, proposée par Gabriel Zucman, gagne du terrain. Cette mesure pourrait devenir centrale dans les discussions sur le budget 2026. Face au manque criant de recettes publiques, examinons les principaux arguments contre cette taxe et leur réalité.
Qu’est ce que la taxe Zucman ?
La taxe Zucman est un impôt plancher de 2% sur les patrimoines dépassant 100 millions d’euros, proposée par l’économiste Gabriel Zucman de l’Observatoire européen de la fiscalité. Cette mesure :
- Ne concernerait que 1 800 foyers fiscaux (0,01% des plus riches)
- Rapporterait entre 15 et 25 milliards d’euros annuellement
- Fonctionne comme une taxation différentielle, compensant l’écart entre les impôts déjà payés et le plancher de 2%
Elle part du constat que les ultrariches paient proportionnellement moins d’impôts que le reste de la population (seulement 0,2% de leur fortune en moyenne). Grâce à l’optimisation fiscale, notamment via des holdings, ils échappent légalement à certains impôts.
Cette proposition de loi a été adoptée par l’Assemblée nationale mais rejetée par le Sénat à majorité de droite. Elle est pourtant soutenue par certains économistes libéraux comme Blanchard, Pisani-Ferry et Artus. L’argument de l’exil fiscal a été démenti par une note du Conseil d’Analyse Economique qui conclut que ce phénomène reste marginal.
Malgré ces éléments favorables, le gouvernement considère cette taxe comme « une très mauvaise idée » et prépare une version édulcorée.
Examinons les principales critiques de cette taxe :
1. « Ils vont tous fuir la France »
**Faux.**Selon les données disponibles et notamment le dernier rapport du Conseil d’Analyse Economique, très peu de riches contribuables quittent la France pour des raisons fiscales – seulement 0,1 à 0,2% des 150 000 personnes qui étaient redevables de l’ISF.
Les grands entrepreneurs ne peuvent pas déplacer l’ensemble de leurs activités à l’étranger. Bernard Arnault va-t-il arracher les vignes françaises qui permettent la production de Moët & Chandon pour les replanter aux Etats-Unis ? Délocaliser les boutiques Vuitton à New York ? La famille Mulliez va-t-elle fermer tous les Auchan et Décathlon de France ?
D’autre part, la proposition de loi prévoit que les personnes ayant passé dix ans en France resteraient redevables de l’impôt pendant cinq ans après leur départ, limitant ainsi l’intérêt de l’exil fiscal.
En conclusion, l’exil fiscal est largement surestimé et des solutions existent pour traiter les rares cas qui pourraient se présenter.
2. « En spoliant les riches, ils vont arrêter d’investir »
Faux. Selon une note récente de la Direction générale des finances publiques (DGFIP), le taux d’imposition moyen du top 0,1% des contribuables français a diminué, passant de 29,3% à 25,7% entre 2003 et 2022, tandis que leurs revenus ont augmenté de 119% sur la même période.
On peut en conclure que les ultrariches français sont largement sous-taxés. La proposition de loi vise donc à leur faire payer leur juste part d’impôt plutôt que de les surtaxer. Les plus grandes fortunes françaises conserveraient 1 206 milliards d’euros de patrimoine, contre 1 228 milliards actuellement.
De plus, le taux de 2% est bien inférieur aux rendements annuels des grands patrimoines (5 à 8%). Cette taxe ne toucherait que ceux possédant plus de 100 millions d’euros – seulement 0,01% des Français. Pour un patrimoine de 200 millions d’euros, la taxe représenterait 2 millions d’euros, soit moins que le rendement annuel du capital.
Ces ultrariches continueront de s’enrichir d’environ 5% par an. De spoliation, il n’y a point.
3. « Ils n’ont pas de liquidités pour payer »
Faux. Prenons l’exemple d’Arthur Mensch, fondateur de Mistral AI. Sa société vaut environ 6 milliards d’euros, mais sa fortune personnelle doit être estimée correctement, le capital étant réparti entre de nombreux actionnaires.
Comme tous les ultrariches, il pourra :
- Payer par emprunt
- Opter pour des paiements échelonnés
- Vendre d’autres actifs (actions diverses, immobilier de luxe)
Rappelons que pour les 4 000 foyers fiscaux les plus riches, les revenus du capital représentent 86% de leurs revenus totaux. Ils ont donc amplement les moyens de s’acquitter de cette taxe.
4. « C’est anticonstitutionnel »
Le Conseil d’État limite certes la taxation marginale cumulée à 66% des revenus. Mais le Conseil constitutionnel a aussi précisé qu’on peut réintégrer les revenus issus de sociétés créées pour éluder l’impôt – comme les holdings financiers des ultrariches.
De plus, la jurisprudence peut évoluer, surtout face aux études démontrant la sous-taxation actuelle des plus fortunés. C’est en soumettant la question au Conseil constitutionnel qu’on fera bouger cette jurisprudence obsolète.
5. “Le rendement de la taxe est incertain”
Depuis la suppression de l’ISF par Macron, nous n’avons plus de déclarations fiscales précises sur les grandes fortunes. Nous devons travailler par hypothèses :
- Fourchette haute (25 milliards €) : basée sur les 500 plus grosses fortunes (patrimoine moyen de 240 millions €) + ceux entre 100 et 240 millions €
- Fourchette basse (15 milliards €) : en tenant compte des non-résidents et de l’optimisation fiscale
Le gouvernement, lui, propose un taux de seulement 0,5% au lieu de 2%, et veut exclure les « biens professionnels » (holdings détenant les actions) pour limiter les recettes à 2 milliards €.
Conclusion.
La justice fiscale et le redressement des comptes publics exigent d’appliquer véritablement cette taxe. Le Sénat s’y opposera probablement, mais devra trouver des arguments plus solides que ceux avancés jusqu’à présent.
Toutes ces annonces gouvernementales posent aussi une autre question : celle de l’équité des efforts demandés. Une nouvelle fois, le gouvernement fait le choix de fermer la porte à l’instauration d’un impôt minimal lié au patrimoine des plus riches.
Au delà de l’imposition des plus riches, la CFDT met en cause aussi le contrôle des aides versées aux entreprises. Pas question de toucher aux 211 milliards d’euros d’aides versées aux entreprises chaque année dans le flou le plus total, ce qui, pour la CFDT, pose un gros problème démocratique. Selon Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, il faut « faire payer les entreprises qui ne jouent pas le jeu, qui ne sentent pas comptables car il n’y a pas d’évaluation ». Dans son viseur, figure notamment le crédit d’impôt recherche (CIR), que le gouvernement ne veut pas faire évoluer. « On sait que des entreprises en bénéficient mais ne font pas de recherche. Elles doivent rendre des comptes, ce sont 211 milliards d’euros, il faut expliquer ce qu’elles font des finances publiques. »
Taxe Zucman propulsée par les medias sans jamais avoir de contradicteurs. Les syndicats répètent à l’envi les idioties sorties de nulle part (on peut parler des 211 M € d' »aide aux entreprises » lancé par le rédac chef de l’Humanité….qui est le journal qui reçoit le + de subvention de l’Etat. Quelle blague.
Pour info (c’est pas votre boulot après tout de vérifier ce que vous écrivez avant de publier, autant faire directement dans le populisme) : Zucman n’a pas été embauché par Harvard car trop politisé, manque de rigueur scientifique et soupçonné de déformer les statistiques pour aboutir aux résultats qu’il voulait (dailyeconomy).
Par ailleurs Zucman est franco…américain et donc paye une partie de ses impôts aux USA (avec un taux d’imposition bas par rapport à la France (1/3 de moins)).
Vous parlez d’austérité : encore un mensonge. Les efforts demandés consistent à réduire le rythme de hausse des dépenses, pas de les réduire. Il ne s’agit donc pas d’un budget d’austérité.
La France va droit dans le mur et les syndicats ont le pied sur l’accélérateur. Bravo !
PS : la CFDT serait-elle en train d’être phagocytée par l’extrême-gauche qui a déjà bouffée a minima Sud et CGT ?
je ne savais pas que Olivier Rietmann (sénateur LR de haute-saone) était rédac’ chef de l’huma, en tout cas, il est le président de la commission à l’origine du rapport sur le suivi des aides publiques ayant mis en avant les 211 milliards dont vous parlez. qualifier le travail des sénateurs d’idiotie n’engage que vous.
par ailleurs, le journal recevant le plus de subvention de l’état est la croix (dont la rédaction est aussi gangrénée par l’extrême gauche, c’est bien connu).
je vous invite aussi à vous renseigner plus précisément que via radio arnault au sujet de Mr Zucman dont les travaux sont reconnus par de nombreux prix nobel.
Relayer des fake news ne les rend pas vraies, j’en suis désolé pour vous.
1/concernant les 211 m€ versés aux entreprises dont une partie sans contrôle, ce n’est pas le journal l’Humanité qui a fait le décompte mais une commission sénatoriale (le Sénat est à majorité de droite) dans un rapport sorti en juillet 2025
2/concernant le manque de rigueur de Gabriel Zucman, vous véhiculez des fake news lancés notamment par Bernard Arnaud (1ère fortune de France). Ainsi, si effectivement Zucman n’a pas été embauché à Harvard, rappelons que cette université est uniquement financée par des donateurs privés, quand Berkeley, la tout aussi prestigieuse université de Californie où Gabriel Zucman est actuellement professeur, est publique. Rappelons également qu’en 2023, Gabriel Zucman a reçu l’éminente médaille John Bates Clarke de l’American Economics Association. Et enfin, pas moins de 7 prix Nobel d’économie se sont proncés en faveur de l’impôt proposé par Gabriel Zucman.
Que l’on discute du bien fondé de cette taxe sur le fond, rien de plus normal en démocratie, en revanche que l’on cherche à discréditer par des fake news l’auteur de l’idée pour chercher à discréditer le principe même, c’est agir contre la démocratie.
3/La taxe Zucman n’est pas seulement défendue par la gauche, mais aussi par certains à droite, et pas seulement par les syndicats. Je vous invite à lire la note du Pouvoir de Vivre, cautionnée par la CFDT et l’UNSA, mais aussi par Action contre la faim, ATD quart monde, la Mutualité française…
https://www.pactedupouvoirdevivre.fr/note_hauts_patrimoines?utm_campaign=nl_patrimoine_et_rentree&utm_medium=email&utm_source=ppv