Situation économique du groupe : exercices 2021 et 2022 difficiles.

Le 02 novembre 2021, l’exécution budgétaire 2021, les principaux axes du budget de fonctionnement du groupe pour 2022, ainsi que quelques éléments de contexte ont été présentés aux membres de la commission économique et financière du CSE de l’UES AG2R.

En préambule nous découvrons en parcourant le support l’existence de discussions en cours avec les mutuelles INTERIALE et Mutuelle Bleue qui n’en seraient qu’au stade de la détermination du projet de business plan.

L’acquisition de DOMITYS contribue quant à elle à la structuration d’un nouveau métier : le « Grand Age » qui permet au groupe de changer d’échelle en termes d’emploi ; avec 4339 collaborateurs, ce 4ème métier « pèse » déjà plus lourd en effectif que chacun des autres métiers pris séparément. Cette situation devrait s’amplifier, puisqu’il est envisagé d’ouvrir 20 à 25 résidences par an pour passer de 125 à 250 résidences employant 6000 collaborateurs à horizon 2025 tandis que la dynamique d’emploi est en baisse sur la partie Agirc-Arrco mais surtout sur la partie assurantielle à l’horizon 2022.

Nous attendons concernant cette acquisition qui coute 4 points de solvabilité au groupe, un document synthétique en présentant le fonctionnement et les principaux équilibres. 

Sur l’activité,

nous notons tout d’abord sur la Retraite Complémentaire un rebond logique des cotisations de +8,4% après une année 2020 ou les indemnités de chômage partiel étaient exonérées de cotisations ARRCO AGIRC.

Le chiffre d’affaires assurantiel est en hausse de 30 %, celui de l’assurance vie en progrès de 32 % et celui de la prévoyance santé de 25 %.

En santé/prévoyance le chiffre d’affaires en croissance de près de 400 millions d’euros sur un semestre est principalement apporté par le grand courtage. Cette situation est présentée par la direction comme une évolution du marché subie. Ces affaires courtées le plus souvent en gestion déléguée apportent peu de produit net assurantiel. Nous n’avons pas obtenu de certitudes sur le S/P de souscription et nous interrogeons sur les impacts pour les activités des centres de gestion ADP du groupe. Nous relevons enfin d’importantes entrées de portefeuille en réassurance avec AXA sans en connaitre l’objectif ni le niveau de rentabilité auquel ont été acceptées ces affaires.

Dans le même temps la productivité du MDE accuse un retard important avec notamment une baisse de rendez-vous pris et réalisés supérieure à la réduction des effectifs.

Nous voyons là, l’impact des nombreux dysfonctionnements dans le déploiement du projet de transformation de la distribution qui préoccupe la direction générale au point d’avoir commandé un audit interne.

La présentation omet d’évoquer la poursuite de l’érosion du portefeuille individuel (-2,3% net des affaires nouvelles PROTEC et des indexations qui n’ont pas compensé le repli sur les gammes historiques…rien de très nouveau, ce qui n’est pas moins préoccupant !

Le ratio de solvabilité à 222 % à la fin du premier semestre 2021, est revenu  à son niveau d’avant la crise sanitaire, en lien avec la remontée des taux, la hausse de l’inflation, l’intégration d’ARPEGE, la transformation des contrats Madelin en PER individuels, nous remarquons d’ailleurs tout l’apport de la Loi Pacte : pour d’une part, dynamiser l’activité et les revenus avec des frais   élevés sur les PER, ce dont s’émeuvent d’ailleurs les pouvoirs publics, et d’autre part, pour renforcer la solvabilité (la sortie en capital vs rentes diminue fortement les besoins de marge de LM).

 Les points d’attention portent plutôt sur la sinistralité en assurance de personnes

La tendance est sans surprise particulièrement préoccupante pour AG2R PREVOYANCE dont le ratio de solvabilité attendu, compte tenu des pertes récurrentes, serait en baisse de six points par an sur les trois ou quatre prochaines années en raison d’une sinistralité dégradée. Nous pouvons relativiser cette situation en notant qu’elle est également compliquée pour tous les autres acteurs du marché.

En prévoyance, au-delà des impacts COVID, la dérive est de l’ordre de 3% annuel et 4% en Arrêt de travail.

En santé, les effets de report 2020 et le coût du 100%, avec une forte adhésion en 2021 en audioprothèse (+100%) et en dentaire (+45%) pèsent sur les équilibres sans que l’on puisse déterminer précisément ce qui relève du conjoncturel ou structurel dans les augmentations de ces dépenses de santé. 

Nous notons au passage, que VIASANTE Mutuelle qui apporte généralement 12,5 millions d’euros par semestre à travers la réassurance n’aura rien apporté sur le premier semestre 2021.

L’enjeu une fois de plus, va porter sur la capacité du groupe à indexer/redresser son portefeuille….

Sur l’exécution budgétaire 2021 :

Nous constatons un écart +9M€ (1 441 M€ vs 1 433M€) entre l’exécution budgétaire et le budget. Dont, + 21 millions d’euros sur le périmètre assurantiel, avec un dépassement de +29 M€ sur le périmètre LM dont la dérive se poursuit, tandis que l’exécution budgétaire est en retrait de -8 millions d’euros sur le segment GIE AG2R / VIASANTE Mutuelle.

Il est également à souligner un surcoût du réseau commercial, en cours d’analyse de 3 millions d’euros, tandis que, détail croustillant le montant de l’amende CNIL équivaut au budget global consacré à la prime exceptionnelle de 250€ par collaborateur…

Le budget de la retraite complémentaire apparaît en deçà de 12 millions d’euros, les frais sont donc une nouvelle fois nettement en dessous des objectifs fixés par la fédération AGIRC ARRCO. Le cumul des économies de frais réalisés depuis 2012 par rapport à la trajectoire s’élève désormais à 355M€. Mais le pari de la direction de maintenir la qualité des opérations tout en poursuivant la baisse tendancielle des effectifs (-74 CDI entre fin 2020 et août 2021) touche ses limites avec des retards sur les dossiers et des collaborateurs en souffrance.

La Direction Générale annonce ainsi souhaiter réduire l’excédent de produits de la retraite complémentaire par rapport à ses frais et enrayer la baisse de ses effectifs, en vue d’un rééquilibrage.

Le cadrage budgétaire 2022

s’inscrit dans le plan d’entreprise, l’objectif est de respecter la trajectoire des frais généraux sur laquelle le groupe s’est engagé vis à vis des conseils et de l’ACPR malgré le dépassement de 2021 sur l’assurantiel.

Les élus sont informés sur les indicateurs du plan qui n’ont pas engendré les résultats escomptés : sur les 25 indicateurs du plan d’entreprises, 10 sont en orange et 6 sont en rouge :

  •  L’indicateur de ratio combiné santé prévoyance ; l’indicateur de frais généraux santé prévoyance ; et l’indicateur de frais généraux épargne retraite sont en rouge depuis le deuxième trimestre 2021.
  • La digitalisation des actes de gestion épargne retraite, le taux d’actes de gestion réalisés dans les délais en épargne retraite et les éléments de production et de productivité du réseau MDE au premier trimestre 2021 étaient déjà en rouge.

Les orientations budgétaires prévoient donc une baisse des effectifs de CDI de 1,6 % en moyenne annuelle et des effectifs totaux, y compris CDD, de 0,5 %. L’hypothèse de revalorisation salariale retenue est de 1,5 %.

Par structures, l’ambition du budget 2022 prévoit une baisse pour le GIE AG2R de 36 millions d’euros, soit en pourcentage, la plus forte baisse au sein du groupe (- 7,8%,) une diminution de 20 millions d’euros sur le périmètre La Mondiale, mais une augmentation de 2% sur les commissions de LMP, enfin, une baisse de 9 millions d’euros sur la retraite complémentaire, soit un cadrage budgétaire compris entre 1 376 M€ et 1380M€ puisque le cadrage budgétaire de VIASANTE à finaliser oscillerait entre 68 et 72 M€ soit –3 à +3%.

Cette ambition nécessite de réaliser au titre du plan de performance, pour la seule année 2022, 66M€ d’économie de frais de fonctionnement sur la partie assurantielle, soit les 2/3 des 100M€ des gains attendus sur toute la durée du plan. 23M€ d’économies complémentaires sont réclamées dont 11M€ viennent de la dérive budgétaire 2021 (1 026M€ vs 1 015M€) à compenser et 12M€ d’un moindre niveau de gains identifiés jusqu’ici dans le plan de performance.

Ces 66 M€ d’économies représentent donc 22M€ sur les coûts de fonctionnement SI, 14 M€ en matière de masse salariale, 12 M€ sur recours aux prestataires externes, 9 M€ en matière de locaux, 6 M€ en frais de déplacement et de 3 M€ en frais d’affranchissement.

La direction admet cependant que l’exécution réelle de cette ambition de – 66 M€   n’est pas « gagnée d’avance ».

Le cadencement et la faisabilité de la mesure nous interpellent également, tout comme les impacts sur les taches et les conditions de travail des salariés du groupe qui font donc l’objet d’une expertise en cours de la part de du cabinet SECAFI.

Ces mesures complémentaires ont un impact de –107 postes sur les effectifs en CDI du secteur assurantiel puisque la cible initiale de –60 postes est portée à -167 soit –3% en fin de période pour un effectif de 5298 collaborateurs.

Cet effort est demandé en particulier sur les réseaux commerciaux, mais aussi sur les personnels administratifs et par la mobilité interne entre l’assurantiel et la retraite complémentaire, l’objectif étant que 60 collaborateurs puissent passer du domaine assurantiel vers celui de la retraite complémentaire, 40 départs au sein d’ARPEGE sont également à prendre en compte.

Les élus ont réclamé en séance à l’employeur qui raisonne par direction une vision par GIE   afin de déterminer comment la baisse d’effectif pèse respectivement sur le GIE AG2R et sur le GIE LA MONDIALE.

Nous notons que VIA SANTE qui devrait voir ses effectifs progresser de 3,9% sur la période n’est pas engagée dans cette la démarche de trajectoire baissière des effectifs.

Pour terminer, les élus estiment que ce cadrage budgétaire en baisse de 4,2% pèserait sur les négociations paritaires au sein du groupe et la capacité accordée à la DRH de négocier des accords sur le télétravail (notamment la prise en charge des frais occasionnés à domicile), la QVT, les NAO et la fin de carrière qui génère du passif social.

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Jean-Marc
Jean-Marc
3 années il y a

Pourriez-vous nous donner des précisions concernant la suppression des 40 postes concernant Arpege?