La concertation sur les retraites se poursuit dans un climat tendu. Les récents propos de l’exécutif dans la presse montrent le peu d’ouverture d’esprit vis-à-vis des propositions des organisations syndicales. Ces dernières, sur la même ligne, réaffirment leur opposition à tout report de l’âge légal et se disent prêtes à un conflit social majeur.
Il y a des concertations qui se passent mieux que d’autres. En matière de retraites, on ne peut pas dire que la météo soit au beau fixe. Après avoir évité un passage en force du gouvernement sur le report de l’âge et la tenue d’une concertation, les organisations syndicales entrent cette semaine dans le troisième cycle des discussions, le plus éruptif et le plus sujet à polémique : le round consacré au besoin en financement du système de retraites. La CFDT sera reçue pour une première bilatérale à ce sujet le 7 décembre. Le gouvernement devrait ensuite rendre ses arbitrages le 15 ou 16 décembre. Entre-temps, la CFDT (comme l’ensemble des organisations syndicales représentatives) sera reçue pour un rendez-vous au sommet le 8 décembre avec la Première ministre et le ministre du Travail.
Double discours
Les quelques jours de discussions qu’il reste avant que le gouvernement ne dévoile son projet sont donc particulièrement tendus. Et les déclarations du 2 décembre de la Première ministre dans Le Parisien-Aujourd’hui en France n’ont guère rassuré les organisations syndicales quant à la volonté de l’exécutif de prendre en compte les propositions présentées par les différents syndicats afin d’éviter un report de l’âge légal de départ à 64 ou 65 ans. Tout en confirmant que la discussion est ouverte jusqu’au 15 décembre, Élisabeth Borne affirme dans le même temps son ambition de toucher à l’âge légal : « Cette réforme s’appliquera à partir de l’été 2023, donc à partir de la génération née au second semestre 1961. Attention, il ne s’agit pas de dire que, du jour au lendemain, on passe de 62 à 64 ou 65 ans. Les personnes concernées nées en 1961 travailleront quelques mois de plus avant de pouvoir atteindre l’âge légal de départ en retraite. » Difficile d’être plus clair quant aux intentions du gouvernement.
La position des syndicats s’avère tout aussi claire : il est hors de question d’aller au-delà des 62 ans. La CFDT l’a dit, redit et le réaffirmera lors de la prochaine bilatérale, le système actuel n’est pas en danger, et les besoins en financement n’ont rien d’insurmontable. Une politique résolue concernant l’emploi des seniors permettrait de combler une grande partie du déficit annoncé. Inutile, donc, de décaler l’âge légal. Injuste, cette mesure, rappelons-le, pénalise les personnes ayant commencé à travailler tôt et qui ont eu souvent les métiers les plus pénibles. « Dans le projet du gouvernement, une personne qui a commencé à travailler à 20 ans devra travailler quarante-cinq ans au minimum avant de songer à prendre sa retraite. C’est particulièrement injuste », rappelle Laurent Berger. Le « trou » dans le système ne serait finalement comblé que par les personnes qui ont commencé à travailler tôt ; celles qui ont fait des études ne seraient que peu impactées.
Le risque d’un conflit social majeur
Réunies en intersyndicale au siège de la FSU le 5 décembre au soir, les organisations syndicales ont réaffirmé dans un texte commun (lire le PDF à la fin du présent article) qu’elles sont prêtes à se mobiliser si le gouvernement ne revient pas sur sa position. « Au moment où le contexte social, environnemental et économique est particulièrement difficile pour une partie de la population, le gouvernement porterait l’entière responsabilité d’un conflit social majeur », assure l’intersyndicale, qui se réunira de nouveau dès que les arbitrages seront connus, pour décider d’une première date de grève et de mobilisation unitaire en janvier si « le gouvernement demeure arc-bouté sur son projet ».
NON A LA RETRAITE A 65 ANS !!!