Une petite révolution est en marche pour le groupe AG2R LA MONDIALE : un changement d’outil de gestion pour ses activités de santé et de prévoyance. Le CSE a donné un avis favorable sur le principe mais a réservé son avis sur la nouvelle solution informatique qui reste à construire. Il sera informé et consulté tout au long du processus d’élaboration.
Analyse des élus CFDT du Comité Social et Économique.
Le projet Sky qui est porté à la consultation du CSE a pour but de nouer un partenariat stratégique avec Almerys, afin de coconstruire une plateforme informatique de gestion de nos contrats santé et prévoyance, pour en faire une référence de marché et générer des revenus pour le Groupe à terme.
Ce dossier pose finalement trois questions primordiales.
- Est-il nécessaire de se doter de nouveaux outils informatiques dans notre activité santé/prévoyance ?
- Le cas échéant, est-il judicieux de développer une solution externe, en partenariat, destinée à être ouverte au marché plutôt qu’une solution interne ?
- Et enfin, dans le cadre d’un partenariat, Almerys est-il le bon acteur ?
1/ Sur le premier point, la nécessité de développer une nouvelle solution informatique pour nos activité santé et prévoyance,
nous sommes convaincus que l’affaire est entendue. Nos outils actuels sont vieillissants, couteux en maintenance et peu évolutifs.
2/ Cependant, une fois la décision prise de changer d’outils, se pose la question de l’arbitrage entre développer de nouvelles solutions en interne ou en externe.
Lors de la réunion plénière de novembre, la direction nous a indiqué que les chaines prévoyance et de gestion des contrats ont été jugées obsolètes par un auditeur externe et que 35 millions d’investissements seraient nécessaires pour faire évoluer ces outils en interne. Ce coût aurait été jugé trop important par la direction.
Dans la construction du projet, nous avons noté qu’AG2R LA MONDIALE prendrait une participation dans la structure Be-IVS à hauteur de 16,5 m€, soit 30% du coût par l’intermédiaire de sa structure ALM innovation, le solde de 30m€ étant pris en charge par Almerys. En revanche, l’intégration et le déploiement interne ne sont pas inclus dans le budget initial et seront imputés sur le coût de fonctionnement d’AG2R Prévoyance. La direction n’a pas pu nous fournir d’estimation de ces coûts, ce qui ne nous permet pas d’évaluer le budget global qui devra être consacré à ce projet.
De ce fait, et en termes budgétaires, les élus CFDT n’ont pas les éléments suffisants pour juger du gain économique de développer une solution en externe.
L’autre argument avancé par la direction est que notre direction informatique interne n’est plus dimensionnée et structurée pour développer de nouveaux outils informatiques.
Cet argument, entendable, ouvre la question du modèle futur de la direction informatique du groupe, de son périmètre et de son niveau d’emploi.
Se pose aussi la question de la solution de remplacement en interne en cas d’échec du développement du projet SKY. Quelle solution de repli est-elle envisagée ?
Enfin dans le modèle retenu, la solution informatique qui serait créée par BE IVs serait aussi vendue sur le marché.
Les élus CFDT considèrent n’avoir pas été complètement rassurés sur la souplesse de la solution et son paramétrage possible en fonction des besoins spécifiques du groupe.
D’autre part, ils estiment que le choix d’une solution ouverte au marché ne nous permettrait pas de bénéficier d’un avantage concurrentiel majeur pour le groupe.
Sur ces questions, les élus CFDT jugent n’avoir pas eu de réponse suffisamment précise.
3/ Si c’est une décision de développement externe qui était prise avec un partenariat, la dernière question posée est celle du choix d’Almerys.
La direction nous indique qu’Almerys a été retenu, car il co finance le développement. De plus Almerys serait un partenaire fiable depuis 20 ans du groupe sur l’activité tiers payant.
Nous avons noté qu’une première proposition d’Almerys était la construction d’une solution informatique qui associerait l’externalisation de la gestion. La direction a affirmé clairement que le modèle retenu par AG2R LA MONDIALE n’est pas d’utiliser cette nouvelle solution informatique pour externaliser la gestion. Le comité de direction du groupe se serait clairement positionné sur un modèle d’assureur gestionnaire. En effet, la direction a déclaré lors de la réunion plénière de novembre qu’elle juge que la qualité du service est un élément différenciant primordial qui impose de garder une gestion interne.
Cette affirmation, les élus CFDT considèrent qu’elle est inscrite dans le marbre et est un élément majeur dans l’avis qu’ils rendent.
Sur la construction de la co entreprise, les élus CFDT ont noté qu’AG2R LA MONDIALE mettrait à disposition de BE IVS des ressources humaines sur la base du volontariat. Les salariés AG2R seraient en situation de détachement par une convention de mise à disposition et la signature d’un avenant au contrat de travail. La période de mise à disposition serait établie sur une période déterminée, définie au cas par cas, avec un maximum de 18 mois. Une période probatoire serait mise en place au cours de laquelle l’une ou l’autre des parties pourrait mettre fin à la mise à disposition moyennant le respect d’un délai de prévenance qui serait formalisé. Le lien hiérarchique AG2R LA MONDIALE serait maintenu. Les entretiens d’appréciation seraient réalisés par le manager AG2R LM. La validation des congés serait effectuée par ce même manager.
Ces conditions ne provoquent pas d’objection de la part des élus CFDT si la direction maintient sa garantie de retour dans un emploi similaire dans le groupe pour les salariés détachés.
En conclusion,
malgré leurs réserves sur le coût global du projet et sur le futur modèle de nos services informatiques internes, réserves qui n’ont pas pu être complètement levées par la direction, les élus CFDT jugent que le développement d’une nouvelle plateforme informatique de gestion de nos contrats santé et prévoyance est indispensable pour le devenir de notre groupe.
Les élus CFDT considèrent également que la solution de la construction d’une co entreprise avec Almerys , dans les conditions précisées dans le dossier pour développer cette solution parait pertinente.
En revanche, les élus CFDT ont bien noté que leur avis n’est pas demandé sur le déploiement de cette future solution dans le groupe, avis qui ne pourra être recueilli qu’après construction de la solution.
De ce fait, ils ne rendent pas non plus un avis sur les impacts du projet sur l’organisation du groupe et sur l’emploi, car ces impacts ne sont pas mesurables à ce stade.
Les élus CFDT se réservent donc la possibilité de s’opposer au projet SKY dans les consultations ultérieures.
Afin de pouvoir juger avec pertinence la qualité de la future solution, son éventuel déploiement et ses impacts sur l’organisation et l’emploi, les élus CFDT ont demandé qu’un expert extérieur puisse les accompagner durant toute la vie du projet.
Puisque la direction a répondu favorablement à cette demande, les élus CFDT rendent un avis favorable sur un projet d’édition d’une plateforme de marché Be-IVS et la mise à disposition de collaborateurs du Groupe au sein de Be-IVS.
Merci d’avoir donner l’aval à la direction pour entériner le début de l’externalisation de l’informatique. Cela commence avec un développement en Tunisie pour le cœur de notre métier. Où cela s’arrêtera t il ?
Ne nous leurrons pas. Ce n’est qu’un début. Je trouve honteux qu’un syndicat comme le votre ne se rendent pas compte du danger pour les collaborateurs de la DOSI. Bien sur un avis négatif n’arrêtera pas la direction dans sa démarche de démantèlement et réduction des coûts. Mais au moins les collaborateurs de la DOSI auraient compris que les élus CFDT du CSE pensaient à eux. Ce n’est visiblement pas le cas.
La question posée était la suivante : un développement d’une solution en interne ou en externe ? La question n’était pas quel sera le modèle futur de la DOSI. A-t-on au sein du groupe aujourd’hui les moyens humains et financiers pour développer une nouvelle solution informatique en interne ? Les nouveaux outils dans les entreprises de notre secteur sont conçus aujourd’hui par des entreprises spécialisés externes. Regardez le logiciel commercial XRM, ce n’est pas un développement interne.
D’autre part, le budget de la DOSI est la part la plus importante des coûts de fonctionnement du groupe, pour des résultats qui ne sont pas à la hauteur des objectifs. Bien entendu, cette situation n’est pas du fait des salariés de la DOSI mais plutôt d’une politique de la direction qui n’a pas su rationnaliser suffisamment les outils et qui a fait la part belle au recours à des prestataires extérieurs très chers. La réduction des coûts de la DOSI n’est donc pas un sujet tabou pour la CFDT.
Enfin, il faut souligner que l’avis de la CFDT ne concernait que la création d’une nouvelle structure pour le développement d’une solution informatique qui sera peut-être intégrée dans le groupe. L’avis ne concernait pas le choix de cette solution qui n’existe pas encore.
La modèle futur de la DOSI et le niveau d’emploi qui sera nécessaire est un vrai sujet, que nous voulons ouvrir avec la direction (relisez notre article et les questions qu’il pose). Notre avis favorable était conditionné à l’ouverture de débats sur ces questions et sur la possibilité d’être accompagné d’un expert pour analyser toutes les conséquences du projet.
Est ce qu’un échantillon de toutes les équipes concernées a testé, recetté, les outils du projet en question?
Le projet n’est qu’en phase de construction. La CSE ne devait se positionner que sur le principe du lancement du projet avec Almerys. On est encore loin de la recette de la solution, car aucun programme n’a encore été écrit. Et donc la décision d’intégrer le futur outil dans le groupe n’a pas encore été prise. C’est pourquoi il était important pour la CFDT de se faire accompagner d’un expert extérieur pour suivre toute la phase de construction de la solution informatique et d’être consulté à chaque phase du développement.