Le 25 avril l’intersyndicale CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO, UNSA a appelé les salariés des groupes de protection sociale à se mettre en grève et à manifester devant les locaux de l’AGIRC ARRCO pour défendre leur convention collective.
Plusieurs centaines de manifestants ont bloqué la rue où se situe l’AGIRC ARRCO pendant deux heures. Parmi les manifestants se trouvaient tous les élus du CSE AG2R.
Pourquoi cette colère ?
Pour expliquer la situation actuelle, il faut revenir aux fondamentaux. Quand on dit que la convention collective est attaquée, il faut expliquer pourquoi et comment.
Une convention collective contient des règles du droit du travail adapté à un secteur d’activité donné, en l’occurrence pour nous les institutions de retraite complémentaire et les institutions de prévoyance.
L’intérêt d’une convention collective nationale comme la nôtre, c’est qu’elle crée un ensemble de règles minimales qui agissent comme un filet de sécurité pour toutes les entreprises de notre secteur.
Quand les employeurs disent “laissons les entreprises négocier en leur sein et limitons au minimum les dispositions conventionnelles“, cela équivaut à dire : on n’a pas besoin de filet de sécurité. Donc, quand des gros groupes comme AG2R ou MH disposent de marges de manœuvre pour négocier dans leur entreprise, laissons des plus petits groupes se débrouiller seuls. C’est pour nous une conception de la solidarité qui est incompatible avec l’ADN de nos groupes de protection sociale.
Car n’oublions pas aussi que les conventions collectives sont les dispositifs à partir desquels se sont construits la protection sociale en France, et donc nos entreprises. Sans convention collective, pas de couverture en retraite complémentaire pour toutes les entreprises, pas de couverture prévoyance et santé par branches d’activité.
Il est donc inadmissible que les employeurs de notre secteur attaquent notre raison d’être.
Car ne nous y trompons pas : dans les négociations actuelles sur la classification et sur les rémunérations minimales, c’est bien l’essence même des conventions collectives que mettent en cause nos employeurs convertis aux bienfaits du libéralisme.
Ils disent : il faut laisser plus de liberté aux entreprises. Il faut abandonner des règles conventionnelles qui nous empêchent d’avoir une politique salariale plus dynamique, le dynamisme étant pour eux une politique salariale individualisée et de moins en moins collective.
Regardons de plus près les dispositions que veulent supprimer les employeurs :
- Les augmentations collectives conventionnelles au-delà des RMMG
- Les minimums de promotions individuelles annuels.
Ils veulent donc bien mettre en place une individualisation de plus en plus grande des salaires à la seule main des directions de groupe, sans aucune garantie conventionnelle.
Et c’est cette vision que combattent les organisations syndicales qui étaient en grève le 25 avril.
Cet article reprend la déclaration de la CFDT dont on remarque bien la fibre à la fois militante et pédagogique. Argumenter et construire ses revendications est un travaille que sait faire la CFDT, il faut le reconnaitre.
Les augmentations individuelles permettent de récompenser les talents et les personnes méritantes, pendant que les augmentations collectives profitent avant tout aux fainéants.
Merci beaucoup !
Dois-je comprendre que vous vous qualifiez de talent ou de personne méritante, voire les 2 pour notre entreprise (et alors nous sommes comblés !) mais pour autant n’êtes pas assez récompensé ?
Oui je me qualifie de talent, ce n’est pas une honte contrairement à ce que vous semblez penser. Effectivement la répartition des augmentations empêche actuellement de récompenser à juste titre les salariés méritants. Pauvre syndicalisme, qui ne défend plus les travailleurs mais ses propres politiciens de fortune.
Bonjour, bravo, merci pour cette clarification et votre combat d’autant que sur mon site, une organisation syndicale à 2 lettres n’hésite pas a dire que la CFDT voulait que la moitié de ses élus reste au CSE et n’aille pas manifester. Cela ne les grandit pas, mais nous avons l’habitude de leur sortie.
Ah bon ? c’est assez gonflé car ils avaient promis “le grand soir” rue Jules César cette organisation à deux lettres et au final, même si nous étions en intersyndicale, ceux qui étaient le moins visibles et donc les moins nombreux c’étaient bien eux. Pendant que d’autres OS avaient fait le plein et notamment tous les élus CSE CFDT accompagnés de militants et adhérents CFDT d’Ile de France tous en grève et déclarés comme tels auprès de la Direction.
J’ai du mal à comprendre votre positionnement à la CFDT. Comment expliquer vous alors votre signature des dernières NAO qui, sur le deuxieme train de mesure d’augmentations collectives, table sur un échec des négociations de branche?
Contrairement à ce que vous écrivez, signer l’accord salarial AG2R n’était pas faire le pari d’un échec des négociations de branche. IL s’agissait simplement d’avoir une garantie d’augmentation collective minimale, déduction faite des éventuelles avancées de la branche. Alors qu’en 2023 le budget réservé pour les négociations de branche n’avait pas été sanctuarisé, en 2024 nous avons obtenu qu’il serait bien dépensé dans les augmentations salariales quelque soit l’issue des négos CCN. C’est donc un plus important !