Où va l’informatique du groupe ?

Cette question peut sembler une simple question technique. Cependant, les conséquences des choix de la direction ont des impacts importants sur l’emploi et les conditions de travail, non seulement des informaticiens, mais aussi des utilisateurs des outils informatiques. Mais, au-delà des grands principes énoncés, la direction n’est pas très communicante sur le sujet.

Dans un précédent article, nous décrivions le changement opéré dans le choix des prestataires du projet SKY pour construire une nouvelle plateforme santé et prévoyance. Au delà, du simple choix de prestataire, n’est ce pas toute la logique de construction et d’utilisation finale qui est remise en cause ?

Autre sujet, nous venons d’apprendre que le groupe se dirigeait vers le portage des applications informatiques du groupe dans le Cloud, sans doute à travers un accord avec Google. Cette volonté est cohérente avec celle d’ouverture du système AG2R LA MONDIALE afin de mettre en œuvre plus facilement des partenariats de distribution ou proposer de nouveaux produits, par exemple dans l’assurance dommage ou l’aide à domicile, qui seraient gérés par des partenaires dont les produits seraient intégrés à nos parcours de vente. C’est l’essence du projet de plateformisation porté par la nouvelle direction informatique.

Mais cette décision d’aller “dans les nuages” en délaissant l’informatique interne n’a pas été présentée aux représentants du personnel, et pire, aux salariés de l’informatique. Les impacts sur l’emploi et les conditions de travail n’ont jamais été abordés. De ce fait, aucune discussion n’a eu lieu sur l’accompagnement à cette transformation technique en termes humains, de reclassement des salaries, de formation, éventuellement de réduction des effectifs.

On peut comprendre que les informaticiens ont vécu cette situation comme une douche froide après l’investissement important qu’ils avaient apporté à la création du nouveau DATA CENTER informatique, de fait remis en cause.

On peut aussi se poser des questions sur les impacts de ces différents choix technologiques sur l’emploi et les conditions de travail des utilisateurs finaux du groupe, les gestionnaires et les commerciaux.

Là aussi, le sujet passe à la trappe, ce qui permet d’éluder les questions sur l’accompagnement.

Ainsi, les responsables informatiques du groupe citent le chiffre de 80% de liquidation automatique avec la nouvelle plateforme santé et prévoyance (plénière CSE du 23 janvier 2024). En revanche, pour ce qui a trait aux impacts sur l’emploi, l’informatique renvoie les réponses à la direction de la gestion, qui elle ne veut pas répondre tant que l’informatique n’aura pas été plus précise sur les gains de productivité espérés.

La CFDT ne peut, et ne veut, pas se contenter de ces demi-réponses sur de tels sujets.

Car, nous ne leurrons pas, les transformations informatiques vont façonner encore plus profondément dans les prochaines années le travail des salariés du groupe.

Ainsi, le directeur informatique du groupe évoquait dans un journal professionnel l’utilisation de l’intelligence artificielle dans nos métiers. Il disait :

Une de ses applications pourrait concerner la reconnaissance de la voix ou celle des documents, et leur contrôle : vous nous envoyez une facture, est-ce qu’elle comporte bien les éléments attendus ? Y-a-t-il un risque de fraude ? Dans la majorité des cas, elle ne posera pas de problème. Mais reste à savoir si nous pouvons en extraire les montants ? Et si finalement nous savons reconnaître tout cela, comment l’envoyer dans le système de règlement des prestations sans aucune intervention humaine ? C’est efficace, même si c’est un usage assez basique de l’IA.

Sont évoqués clairement les conséquences : des traitements aussi bien de paiement de prestations que de contrôle sans intervention humaine.

Si la CFDT ne remet pas en cause le constat de l’obsolescence de nos outils informatiques et de la nécessité d’une évolution, elle exige que le choix des solutions retenues soit débattu. Au delà de discussions sur les options techniques, il est surtout primordial de mettre au centre du débat les impacts en termes d’emploi et de conditions de travail, et l’accompagnement qui doit en découler.

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