Le 28 septembre la nouvelle organisation de la direction des accords de branche a été présentée au CSE. L’avis a été unanimement défavorable. Les élus CFDT ont notamment énuméré de nombreux éléments à charge contre cette organisation.
La direction des accords de branche est vitale pour le groupe. C’est cette direction qui négocie avec les branches professionnelles des contrats santé et prévoyance qui seront recommandés aux entreprises de la profession. Elle génère plus d’un milliard d’euros de chiffres d’affaires.
Une nouvelle organisation a été présentée au CSE, censée répondre aux nouveaux enjeux du marché et au plan d’entreprise.
Avis des élus CFDT du CSE.
En parallèle du document de présentation de la nouvelle organisation et du débat qui a eu lieu au CSE en juin 2023, la CFDT a réuni plusieurs collaborateurs de la DAB pour analyser cette organisation. A l’issue de cette réunion, nous avons envoyé à la direction des questions complémentaires sur des points qui méritaient des éclaircissements.
Sur la méthode de construction de l’organisation, la direction affirme avoir procédé par une concertation avec tous les salariés de la direction. Si la CFDT ne conteste pas que la direction a rencontré chaque salarié à l’occasion de la nomination du nouveau directeur, force est de constater que les conclusions et les solutions n’ont pas été partagées avec les salariés avant les prises de décision. Aucun mode participatif n’a été activé, et la CFDT craint que la méthode du “fait accompli” n’ait de graves conséquences sur la cohésion du collectif et sur la viabilité de l’organisation qui pourrait être déconnectée des réalités du terrain.
Dans les réponses qui ont été données aux élus, la direction a formulé beaucoup de critiques sur l’organisation actuelle en pointant ses faiblesses, et en y associant les salariés de la DAB. Ces réponses ont choqué les salariés de cette direction qui travaillent dans des équipes qui pèsent 1 Md€ de chiffre d’affaires minimum, sans compter les surcomplémentaires et les contrats standards. Des équipes qui ont beaucoup innové, notamment sur la prévention et les degrés de solidarité. Des équipes qui ont su déjà redresser les portefeuilles en 2022 et qui ont su entamer le redressement avant l’arrivée du nouveau directeur.
L’organisation future se veut organisée autour d’une transversalité des sujets et un pilotage par projet. Mais les salariés de cette direction constatent dans les faits que le sujet des indices de revalorisation n’est pas traité de façon transverse, que les recommandations changent et évoluent, qu’il n’y a pas de lignes directrices sur ces sujets et que les responsables de développement sont constamment à la recherche d’informations.
Dans ce contexte, on peut douter que cette organisation soit si efficiente et puisse dégager un temps de travail de 10 à 20% supplémentaire pour les négociations commerciales. En revanche, la charge de management sera quant à elle nouvelle, sans compensation.
Parmi les autres points qui n’ont pas été pris en compte par la direction figure l’emploi.
La direction a précisé qu’aucun recrutement n’était prévu, afin de respecter les objectifs de réduction des effectifs.
Compte tenu de la charge actuelle des salariés de la DAB, et notamment des Technico commerciaux, la présentation de la nouvelle organisation ne fait pas la preuve que la charge individuelle diminuera. C’est donc une seule logique de réduction des coûts par la réduction des effectifs qui prévaut. La CFDT conteste cette logique lorsqu’elle est aveugle sur la qualité de service rendu à nos clients et sur la qualité de vie au travail des salariés. La CFDT affirme d’autre part que cette démarche est finalement illogique, car elle provoquera immanquablement une baisse de nos ressources de gestion par le départ de clients mécontents de nos services rendus.
La CFDT a relayé des inquiétudes quant à la réaffectation de portefeuilles et à l’équilibre entre les équipes. La direction a précisé que la nouvelle organisation ne prévoit pas de changements significatifs à ce niveau. De ce fait, la direction ne répond pas à l’objection que l’équipe 3 est sous-dimensionnée par rapport aux équipes 1 et 2 et ne justifie pas son choix de ne pas retenir une construction avec seulement 2 équipes.
Une des missions importantes de la DAB est la conclusion de partenariats avec les branches. A la question de la responsabilité des conventions de partenariats, qui revient actuellement au directeur et au directeur adjoint de l’ingénierie des branches, la direction a répondu que la rédaction et la mise en œuvre des actions de partenariats seraient assurées par l’équipe ingénierie des branches, ce qui n’éclaire pas sur la responsabilité finale des conclusions de conventions.
Concernant l’action sociale dans les branches, malgré les engagements de la direction commerciale dans d’autres instances, la CFDT constate que ce volet n’est pas développé dans la nouvelle organisation et que les liens entre la DAS du groupe et la DAB ne sont toujours pas établis.
D’autre part, la CFDT est surprise de constater que le directeur de la DAB ne porte pas de responsabilité dans le suivi politique des clients, comme dans l’organisation actuelle. Cette dimension politique est pourtant inhérente à l’activité de cette direction.
Un des objectifs principaux de la nouvelle organisation cité par la direction est la simplification, notamment de la ligne managériale. Or, la CFDT constate qu’actuellement les strates managériales sont au nombre de trois (directeur, directeur adjoint, responsables d’équipes) alors que dans la nouvelle organisation les strates managériales seront augmentées à 4 (directeur, directeur adjoint, responsable d’équipe et RD). La CFDT pense donc qu’au niveau hiérarchique, cet objectif de simplification n’est qu’un leurre et qu’au contraire, la nouvelle organisation risque de rendre plus complexes les relations entre salariés.
La nouvelle organisation acte que les trois responsables d’équipes actuels, comme un directeur adjoint, perdent leur fonction. La CFDT pense que les postes de management auraient pu être pris en charge par ces salariés afin d’éviter des déclassements.
Concernant la place des TC dans l’organisation et leur rôle, les inquiétudes des salariés de la DAB sont loin d’être levées.
En effet, la direction a confirmé qu’il n’y aura pas d’affectation d’un TC systématiquement par RD. D’autre part, les TC pourront être amenés à travailler pour plusieurs équipes. Cette situation pose le problème de la priorisation des dossiers par le TC, priorisation qui est du ressort aujourd’hui du TC. La direction affiche une réelle contradiction en affirmant d’une part que l’organisation ne fait pas évoluer le mode de fonctionnement actuel sur ce point et en précisant d’autre part, que les arbitrages sur la priorisation des dossiers, ou de nécessité de renfort pour surcroit seront de la responsabilité du RD référent qui pourra solliciter le responsable d’équipe le cas échéant pour trouver la solution adaptée. La réponse de la direction ne répond donc pas à la crainte des salariés, si cette responsabilité revient au RD référent, de voir complexifier le travail des TC et de créer des situations anxiogènes (risques de pression des RD pour faire passer leurs dossiers en priorités).
Autre contradiction relevée par la CFDT : dans le débat en CSE, la direction a indiqué que les missions transverses seraient uniquement prises en charge par le RD, les TC n’ayant pas vocation à travailler sur les missions. En réponse aux questions complémentaires de la CFDT, la direction a pourtant répondu que les TC pourront donc être impliqués dans ce projet de missions transverses comme tous les autres collaborateurs. Ainsi, alors que ces missions transverses seront effectuées sur la base du volontariat par les RD, elles pourront être rendues obligatoires pour les TC. Cette situation est d’autant plus condamnable du point de vue de la CFDT que la charge de travail des TC est déjà trop importante et qu’aucune nouvelle embauche n’est prévue.
En ce qui concerne les challenges futurs et les rémunérations, la direction a indiqué que des ajustements pourraient être faits pour tenir compte de la nouvelle organisation, mais les détails ne sont pas encore précisés. De même, les objectifs collectifs et les promotions éventuelles restent à définir.
La CFDT ne peut se satisfaire de ces non-réponses, car la nouvelle organisation pourrait avoir un impact négatif sur la rémunération des salariés, si aucune garantie n’est donnée par la direction.
De même, s’agissant de la mise à jour des fiches emploi, la direction s’en remet à la DRH, sans aucun engagement et sans qu’une information sur les lignes directrices des nouvelles rédactions ne soit donnée.
Là aussi, la CFDT ne peut que contester ces approximations de la direction, qui ne sont pas conformes à nos accords d’entreprise et à la sincérité d’une consultation du CSE.
En somme, les documents de la direction veulent offrir une vue d’ensemble détaillée de la nouvelle organisation de la DAB, en mettant en lumière les changements opérés, les objectifs visés et les ajustements à venir. Pourtant, pour la CFDT, trop de zones d’ombres subsistent, notamment sur les charges de travail, les relations hiérarchiques, la formalisation des fiches d’emploi et des contrats de travail, les rémunérations et les challenges.
D’autre part, la CFDT a pointé plusieurs contradictions entre les objectifs visés et les solutions retenues, contradictions qui auraient pu être levées par une véritable démarche collaborative de la direction.
Enfin, la CFDT constate que les salariés de la DAB estiment ne pas comprendre les objectifs poursuivis à horizon de 3 à 5 ans par la direction, une fois les redressements effectués.
Compte tenu de ces éléments à charge contre cette nouvelle organisation, l’avis des élus CFDT sera défavorable.
Bonjour,
Je vous remercie pour le temps que vous nous avez accordé afin de bien comprendre la situation actuelle, les contradictions et les enjeux de la nouvelle organisation de la DAB.
Grâce à nos échanges, l’avis CFDT reflète bien les incompréhensions et les craintes des collaborateurs.
Encore merci.
Pour info, chez MH une réorganisation d’ampleur est annoncée : sur 10 000 emplois, 1892 feraient l’objet de transferts internes/reconversion sur leur périmètre ADP mais aussi RC. Et chez nous?
Chez nous, on se doit de “respecter les objectifs de réduction des effectififs.”