Comme chaque année, c’est la rentrée après des vacances bien méritées. Elle s’accompagne de son lot d’appréhensions concernant les nouveaux événements qui vont rythmer la vie des salariés AG2R. Que prévoit-on pour la période 2024-2025 ?
L’enjeu du pouvoir d’achat
Dans cette période d’inflation, le pouvoir d’achat est la préoccupation principale des salariés. La CFDT en a fait une priorité, avec un objectif clair : dépasser les discours pour obtenir des avancées concrètes.
Les NAO…
C’est ce que nous avons réalisé dans l’entreprise en négociant un accord salarial qui permettra, à terme, d’obtenir jusqu’à 3 % d’augmentation collective pour les plus bas salaires. Cette disposition s’accompagne du versement d’une prime exceptionnelle de 650 euros.
- Nous avons obtenu un pourcentage d’augmentation collective de 3 % à 1 %, qui devrait largement compenser la perte de pouvoir d’achat prévue en 2024 (entre 2 et 3 %). Rappelons que la première proposition de la direction commençait avec une augmentation de 0,5 %.
- Nous avons obtenu une prime exceptionnelle, réclamée par de nombreux salariés pour soulager immédiatement leur trésorerie, sans trop amputer les augmentations récurrentes.
- Nous avons réussi à équilibrer les augmentations collectives (35 % de l’enveloppe) et les augmentations individuelles (30 % de l’enveloppe). Rappelons que la première proposition de la direction n’accordait que 7 % de l’enveloppe pour les augmentations collectives et 24 % pour les augmentations individuelles !
- Nous avons favorisé les salariés aux plus bas salaires, ceux pour qui le reste à vivre est le plus faible. Nous sommes passés, dans la première proposition de la direction, de 0,5 % et 0,4 % pour les premières tranches de salaires à 3 % et 2,3 % !
- Nous avons obtenu une augmentation collective pour toutes les tranches de salaires (n’oublions pas que le salaire moyen des cadres a été celui qui a le plus diminué sur 3 ans). Rappelons que dans sa première proposition, la direction ne proposait que 0,3 % d’augmentation pour les salaires supérieurs à 45 000 € et rien pour les salaires supérieurs à 65 000 €.
- Nous avons réussi à sanctuariser l’enveloppe des augmentations de branche, qui sera intégralement reversée en augmentations de salaires, suite à l’échec des NAO de branche. Rappelons que l’année dernière, la direction avait refusé de s’engager sur le sort de cette enveloppe.
L’enjeu pour 2025 sera d’obtenir des augmentations salariales de même niveau, sachant que si l’inflation recule, elle reste présente et que le pouvoir d’achat des salariés est toujours menacé.
L’intéressement…
Au-delà des NAO, la CFDT a obtenu un accord d’intéressement qui a permis de verser en 2024 des primes exceptionnelles. Ce sont les primes les plus élevées depuis l’instauration de l’intéressement chez AG2R. Deux bonnes nouvelles donc : une amélioration du pouvoir d’achat des salariés et une preuve que le redressement d’AG2R Prévoyance est en bonne voie.
Dans le contexte actuel d’inflation, c’est l’engagement des salariés ainsi que l’accord signé par la CFDT, FO et la CGC qui permet le versement d’une prime d’intéressement en 2024 sur les résultats 2023 supérieure de plus de 37 % à celle de l’année précédente.
Ce sont surtout les critères spécifiques de l’UES AG2R, y compris les résultats assurantiels, qui ont tiré l’intéressement vers le haut.
Au global, l’enveloppe distribuée pour l’UES AG2R est de 9,2 millions d’euros, contre 6,8 millions d’euros l’année dernière et 5 millions en 2022. C’est l’enveloppe la plus importante versée depuis 2012, soit sur la durée de quatre accords différents.
Les négociations salariales de branche…
Après plus de 2 ans de négociations et dans un contexte où les RMMG (rémunérations mensuelles minimales garanties) n’ont plus été revalorisées depuis 2018, il fallait trouver un accord.
Les partenaires sociaux avaient été convoqués à deux reprises par le ministère du Travail parce que plusieurs RMMG étaient inférieures au SMIC. Le ministère n’avait pas hésité à menacer d’intervenir dans la négociation, avec la menace implicite d’appliquer l’orientation du gouvernement de fusion des branches professionnelles.
Dans ce contexte, nous aurions pu voir les salariés de la santé/prévoyance partir à la CCN des assurances et les salariés de la retraite partir à la CCN de la Sécurité Sociale. Cette menace était à prendre au sérieux.
Il fallait donc parvenir à un accord, mais pas à n’importe quel prix.
Le nouvel accord signé par la CFDT et par FO prévoyait :
- Un maintien des principales dispositions de la classification (à l’origine, les employeurs voulaient casser le système, notamment les obligations d’augmentations annuelles de 20 % de l’effectif et de 66 % tous les 5 ans)
- Une prime vacances portée à 14 mois (13 000 salariés de la profession n’en bénéficiaient pas)
- Une revalorisation moyenne de 10,66 % des RMMG
- Une revalorisation de plus de 10 % de la prime d’ancienneté calculée sur la RMMG 1A
Mais, patatras… L’accord conventionnel sur les classifications et les Rémunérations Minimales Garanties de notre convention collective signé par la CFDT et FO a fait l’objet d’une opposition de la part de la CGT, de la CGC et de l’UNSA. Résultat : plus d’accord et plus de revalorisation des RMMG. Mais la situation avait été anticipée par la CFDT chez AG2R…
En effet, l’accord AG2R prévoit qu’à défaut de mesures de branche au 31 juillet 2024, le budget prévu pour ces mesures, de 1,2 % de la masse salariale 2023, sera redistribué pour 60 % en augmentations collectives et pour 40 % en augmentations individuelles.
Ces régularisations devraient être appliquées en octobre 2024 et rétroactivement au 1er janvier 2024.
Les augmentations collectives prévues s’ajouteront aux augmentations collectives déjà attribuées en avril 2024.
L’enjeu pour cette rentrée sera de vérifier la bonne application de cette disposition et, pour les prochaines NAO 2025, d’obtenir la même sanctuarisation du budget des augmentations conventionnelles.
Globalement, pour les salaires, l’enjeu pour la CFDT sera de continuer à défendre sa stratégie de recherche d’avancées concrètes pour les salariés, même si cette politique se heurte à celle d’autres organisations syndicales qui préfèrent les discours aux actes, quitte à se contenter d’agiter des chiffons rouges.
L’enjeu du redressement d’AG2R P
La seconde préoccupation des salariés, et peut-être même la plus importante, est l’avenir d’AG2R P.
En effet, nous pouvons revendiquer de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, mais si l’entreprise disparaît, ces sujets disparaissent aussi…
Or, compte tenu du déficit d’AG2R P ces dix dernières années, le débat se posait bien dans ces termes.
Pour la CFDT, l’année 2023 marque un tournant : il existe maintenant une contribution de la SGAPS (111 M€) au résultat de la SGAM au même titre que La Mondiale. Ce résultat est principalement porté par le redressement d’AG2R P. Le ratio de solvabilité AG2R Prévoyance s’est fortement amélioré sous l’effet d’une meilleure sinistralité.
Il faut également souligner que le taux de frais de gestion du GIE AG2R est passé à 14,1 %, soit une baisse de 1,5 point. Alors que la direction mettait en avant ces dernières années le décalage des frais du groupe par rapport aux concurrents pour justifier les économies de gestion, il est important de noter que le groupe a retrouvé aujourd’hui un positionnement de marché.
Cependant, toutes ces bonnes nouvelles ne doivent pas masquer l’enjeu primordial pour cette rentrée : consolider le redressement d’AG2R P. En effet, malgré cette amélioration, la question de la solvabilité d’AG2R Prévoyance reste entière et l’institution fait toujours l’objet d’un suivi rapproché de la part de l’ACPR.
L’enjeu des conditions de travail
Après des négociations prolongées et intensives sur la qualité de vie au travail, un accord a finalement été signé en 2024 par la CFDT, la CGT, l’UNSA et SUD. Cet accord, qui représente un jalon important dans l’évolution des conditions de travail, vise à améliorer significativement le bien-être des salariés.
L’accord met l’accent sur la prévention des risques psychosociaux, avec un focus sur la sensibilisation de tous les acteurs de l’entreprise à ces risques. Les cas de harcèlement moral seront mieux instruits et un renforcement significatif autour du harcèlement sexuel et des violences sexistes est prévu.
En outre, l’accord prévoit l’instauration de secouristes en santé mentale, une mesure qui témoigne d’une prise de conscience croissante de l’importance de la santé mentale sur le lieu de travail. La lutte contre l’absentéisme est un autre point clé de l’accord, avec des initiatives visant à encourager la présence au travail et à maintenir un taux d’absentéisme faible. Malgré une certaine frustration de la CFDT de ne pas avoir une approche plus préventive, elle considère la démarche comme un pas dans la bonne direction.
Enfin, l’accord reconnaît l’importance de la conciliation entre vie professionnelle et personnelle, en proposant des mesures pour aider les salariés à équilibrer ces deux aspects de leur vie. Plusieurs mesures sont actées dans ce domaine, dont la mise en place du télétravail, une meilleure prise en compte des proches aidants et des parents, ainsi que l’instauration d’une culture de la diversité et de l’inclusion.
Cependant, tout l’enjeu de cette rentrée sera la mise en œuvre de l’accord, afin de s’assurer qu’il soit respecté et que les améliorations promises deviennent une réalité pour tous les salariés.
L’enjeu du statut des salariés
Le projet de GIE unique commun AG2R LA MONDIALE semble être abandonné. Une autre solution pourrait être proposée pour résoudre les problématiques juridiques liées aux ventes croisées effectuées par le groupe, au RGPD, au démarchage téléphonique et aux directives assurance. Mais cette solution pourrait passer par la création d’un nouveau GIE unique pour les seuls commerciaux ou par le regroupement des commerciaux AG2R dans le GIE LA MONDIALE.
Dans les deux scénarios envisagés, les commerciaux seraient sous la convention collective des assurances. Dans celui du GIE unique de commerciaux, le statut des salariés AG2R et LM devrait être renégocié.
On le voit, si la perspective d’un GIE unique pour tous les salariés AG2R et LM s’éloigne, le feuilleton n’est pas terminé et l’épisode final n’est pas connu.
Toute décision devra être prise non par la direction du groupe, mais par l’entité gouvernante, c’est-à-dire le Conseil d’Administration de la sommitale. Aucune décision ne devrait être prise avant 2025.
L’enjeu de cette rentrée est pour la CFDT de peser dans le débat pour défendre les intérêts des salariés.
Mais depuis le début de cette affaire, les termes du débat ont été tenus secrets. Les élus du CSE ont juste eu droit à une explication sur les contraintes juridiques et les dangers de rester dans l’organisation actuelle du groupe. C’est pourquoi la CFDT a décidé de rendre publiques les rares informations dont elle dispose pour que les salariés soient informés de la façon dont leur avenir se dessine.
L’enjeu des futures négociations
Pour la fin de l’année 2024 et le début de l’année 2025, des négociations doivent s’ouvrir sur les salaires comme chaque année, mais aussi sur le télétravail, sur l’insertion des personnes en situation de handicap, et sur le nouveau CSE.
Ces négociations seront importantes et la CFDT y participera activement, en défendant les intérêts des salariés tout en tenant compte des réalités économiques du groupe. Notre objectif sera comme toujours de trouver un équilibre entre les aspirations des salariés et la pérennité de l’entreprise.
Reste aussi une négociation que la direction veut oublier : un accord sur les fins de carrière. La CFDT continuera à peser pour l’ouverture de discussions sur ce sujet important pour beaucoup de salariés.
L’enjeu des élections professionnelles.
Au premier trimestre 2025, des élections professionnelles vont redistribuer le paysage syndical. Vous allez voter pour des nouveaux élus au CSE et être consultés pour la mise en place des nouveaux représentants de proximité.
L’enjeu de ces élections professionnelles pour la CFDT est de se maintenir première organisation syndicale de l’UES AG2R.
Ce maintien en tête des organisations syndicales représentatives nous donne un levier d’action important dans les négociations avec la direction.
C’est grâce à ce levier que nous avons pu contribuer au maintien du pouvoir d’achat, à la fois par la négociation et la signature d’accords d’entreprise, comme les NAO, l’intéressement, les négociations de branche, mais aussi par la gestion prudente des prestations sociales et culturelles du CSE, ayant permis la distribution à toutes et tous d’un bonus exceptionnel sur le montant du crédit global salarié en 2024.
La force de l’action de la CFDT vient du soutien des salariés. C’est de leurs votes que nous tirons notre légitimité et notre efficacité.
la CFDT se félicite d’avoir signé un accord QVT et pretend avoir pris conscience des enjeux de santé mentale. C’est pourtant cette meme organisation qui refuse d’étudier la prise en charge des remboursements des consultations de psychologues au titre de la complémentaire frais de santé…
Information fausse : c’est au contraire la CFDT qui a fait cette demande de prise en charge.
Est-il prévu dans les futures négociations de mettre sur la table le congé de fin de carrière ? Qu’existe t il actuellement ?
Actuellement, ces négociations ne sont pas inscrites dans l’agenda social, malgré la demande de toutes les organisations syndicales.
L’accord de fin de carrière a pris fin le 1 juillet 2022. En revanche, les éléments de l’ancien accord continuent à s’appliquer aux salariés qui auraient formalisé leur lettre d’engagement avant le 30 juin 2022.
Le compte épargne temps peut cependant toujours être utilisé en fin de carrière, mais la différence importante avec l’ancien dispositif, c’est qu’aucun abondement n’est appliqué aux jours épargnés.
Est-il prévu de remettre sur la table le 3ème jour de télétravail ?
J’adhère aux réponses précédentes notamment au sujet des hauts decibels perturbants lorsque l’on est au bureau.
Est ce que la DG vous communique des statistiques sur la productivité des agents en télétravail comparée à celle des mêmes agents en présentiel ?
Non la direction ne nous communique pas ces chiffres. Mais toutes les études concluent que la productivité ne baisse pas en télétravail, et qu’elle est même souvent meilleure.
C’est une revendication que la CFDT portera.
La direction y était opposée jusqu’à présent. Parmi les arguments que la CFDT mettra en avant, il y aura les résultats de l’enquête que la CFDT a menée auprès des salariés en 2022 et qui montrait que 19% des salariés étaient favorables à 2 jours de télétravail, quand ils étaient 51% à vouloir 3 jours.
Espérons un consensus pour le 3ème jour de TLT qui rappelons-le n’est pas obligatoire ni irréversible. La QVT est infernale en flex office gestion : on est entassé et mal installé, encore + de bruit, encore + de stress, de + en + d’appels tel à passer mais très très compliqué en présentiel.
Je suis complètement d’accord avec vous ! Pourtant c’est prouvé qu’on est plus efficace en télétravail, alors en quoi cela les dérange ? Même RQTH sous demande de la médecine du travail c’est niet !
C’est niet par écrit ou oralement ?
Est il prévu de revenir sur la revalorisation des RMMG cette année ?
A priori, non. Les employeurs ont indiqué que l’opposition faite par la CGT, la CGC et l’UNSA à l’accord signé par la CFDT et FO clôturait les négociations pour 2024 et qu’il n ‘entendaient pas revenir à la table des négociations cette année.
Le tract des OS non signataires intitulé “les négociations de branche reprendront” est donc une sorte de leurre car il nous donne l’impression que de nouvelles négociations sont possible…
Effectivement, le tract des OS qui ont exercé leur droit d’opposition joue sur les mots. Les négociations reprendront bien, mais en 2025. Pour 2024, les négociations sont closes.
Dans l’actualité, on parle beaucoup de la semaine de 4 jours. Cela serait il envisagé par l’employeur ?
Non. Les négociations sur le temps de travail se déroulent à l’occasion des NAO. Pour 2024, la direction a refusé d’aborder le sujet de la semaine de 4 jours.