L’échec des négociations sur les retraites : quand le dialogue social se heurte à l’intransigeance

Après quatre mois de discussions autour de la réforme des retraites, le « conclave » s’est soldé par un échec. Dans cet article, nous revenons sur les points de blocage et les quelques avancées qui auraient pu améliorer le système.

Un dialogue rompu

Les organisations syndicales CFDT, CFTC et CFE-CGC ont clairement fait savoir qu’elles refusaient la proposition du Premier ministre de poursuivre les négociations jusqu’à mi-juillet. Pour elles, le conclave est définitivement terminé depuis lundi dernier, une position unanimement soutenue par leurs instances dirigeantes.

Deux points de blocage majeurs

Contrairement à ce qu’a suggéré François Bayrou, l’échec ne repose pas sur des détails mais sur des désaccords fondamentaux :

  • Le financement équitable : Les syndicats demandaient une participation du patronat à l’effort financier, notamment via une hausse du forfait social. Le patronat a refusé catégoriquement toute contribution.
  • La reconnaissance de la pénibilité : Les syndicats avaient accepté de maintenir l’âge légal à 64 ans en échange de départs anticipés pour pénibilité. Non seulement le patronat a refusé tout départ avant 64 ans pour les métiers soumis aux critères ergonomiques retirés en 2017, mais il a même proposé de supprimer la possibilité d’utiliser les points du C2P pour des départs anticipés.

Des avancées qui resteront lettre morte ?

Malgré l’échec, certaines pistes prometteuses avaient émergé :

  • Pour les femmes ayant eu des enfants : calcul de la pension sur les 24 meilleures années (un enfant) ou 23 meilleures années (deux enfants)
  • Attribution de deux trimestres supplémentaires par enfant pour faciliter l’accès au dispositif carrière longue
  • Abaissement de l’âge d’annulation de la décote de 67 à 66,5 ans

Et maintenant ?

Les trois confédérations syndicales estiment que ces mesures de justice sociale devraient être reprises par le gouvernement dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2026. Selon elles, « il n’existe qu’une voie de passage : celle de la justice sociale et du partage des efforts financiers ».

Cette occasion manquée pour la démocratie sociale illustre une fois de plus les difficultés du dialogue social en France lorsque les positions se crispent sur des principes fondamentaux comme l’équité dans la répartition des efforts.

Communiqué commun CFDT, CFE-CGC, CFTC

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lacfdtdefendtellelessalariés?
lacfdtdefendtellelessalariés?
4 jours il y a

Je suis farouchement opposé à la perception de la CFDT qui était prête a accepter le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Je le vis comme une trahison alors que vous étiez dans les cortèges contre cette réforme qui ont réuni plus de 3 millions de personnes !
Pour justifier cette trahison vous vous refugiez derrière la pénibilité qui, selon vous, permettrait de partir plus tôt. Pour rappel, vous nous aviez fait le tour sous Hollande et la simple arrivée d’un nouveau gouvernement a balayé votre « avancée sociale », tout en conservant les reculs vous aviez négocié au nom de « l’équilibre ». Enfin je conclue en disant que votre rôle est d’améliorer les conditions de travail pour éviter la pénibilité plutôt que de l’entériné pour éviter à nos employeurs de faire des efforts pour leurs collaborateurs en mettant en place des améliorations. Les employeurs seront ravis de voir les maçons, couvreurs et autres partir plus tôt à la retraite pour les remplacer par de jeunes plus productifs.

Anonyme
Anonyme
4 jours il y a

J’ai l’impression que nous essayons de régler des problèmes de société plus généraux à travers le sujet des retraites (ce qui impacte mécaniquement les finances de ces dernières):
– les femmes ayant eu des enfants : ne devrions-nous pas régler le problème très en amont par l’égalité salariale (à une vitesse bien supérieure à celle actuelle) et par le développement professionnel ainsi que la formation continue ?
– la pénibilité par une véritable logique de prévention partagée par les employeurs et les salarié ainsi que le développement professionnel et la formation continue ?

Tenir compte de toutes les particularités dans un régime de retraite sera intenable financièrement.