Le programme du RN est une attaque contre les travailleuses et les travailleurs : décryptage

La CFDT connaît son rôle et sa place : être aux côtés des travailleurs et des travailleuses au quotidien, pour défendre leurs intérêts. Ainsi, tout faire pour qu’un parti qui est contraire aux intérêts des travailleurs et travailleuses n’arrive pas au pouvoir, c’est justement… défendre leurs intérêts !

Décryptage des éléments principaux du programme du Rassemblement National.

Retraite à 60 ans, vraiment ?

Concernant la position sur les retraites du rassemblement national, il est pour le moins flou : 65 ans, puis 60 ans pour tous, puis 60 ans sous conditions. Aucune position claire n’en ressort à ce jour. Mais le Rassemblement national sur les retraites, c’est aussi beaucoup d’hypocrisie et de renoncement : en 2010 il dénonçait les manifestations et en 2023 il a cherché à récupérer le succès du mouvement. En 2024, Bardella affirme revenir sur la réforme à 64 ans avant de se rétracter puis de l’affirmer de nouveau.

Pour la CFDT, il faut revenir sur l’injustice des 64 ans et corriger les injustices du système pré-existantes à la réforme. Pour un système de retraite juste et financièrement pérenne, il faut prévenir la pénibilité, améliorer la soutenabilité de l’emploi et permettre le maintien en emploi des séniors, en mettant en place des obligations pour les employeurs (de négocier, mettre en place des mesures dans leurs entreprises, …).

Or, ça le RN n’en veut pas : il veut au contraire moins de contraintes, moins de dialogue social dans les entreprises et moins de cotisations patronales. Seulement, avec moins de cotisations patronales, il faut financer les retraites avec d’autres ressources, et notamment la TVA. Or, la TVA est un impôt injuste qui pèse sur les plus précaires. Là encore, la position du RN est hypocrite : il fait financer ses promesses sociales (60 ans, 40 annuités) par les plus pauvres.

Le rassemblement national : un programme économique qui appauvrira les travailleurs.

Pour le RN les richesses créées sont un gâteau dont la taille ne grossira pas. Pour lui, il faut donc exclure les « assistés » (comprendre les pauvres) et les immigrés pour avoir pour être moins nombreux à se partager le gâteau.

C’est faux : nous créons toujours davantage de richesses capables de satisfaire les besoins. Le problème, c’est que les plus riches accaparent la plus grande partie du gâteau. Il ne faut donc pas réduire le partage mais au contraire une meilleure redistribution des richesses créées.

Le programme économique du RN est aussi ultra-libéral. Il réclame moins d’impôts pour les entreprises en baissant les impôts de production qui financent la Sécurité Sociale. Ces impôts qui participent pourtant à avoir un système de santé accessible à tous et à toutes…

L’extrême-droite revendique également moins d’impôts sur les successions, alors que les héritages sont déjà largement sous-taxées (75 % sont déjà exonérés d’impôt) : cette mesure bénéficierait exclusivement aux très aisés, au détriment des caisses de l’Etat et la solidarité encore une fois. 

En revanche, rien dans le programme du Rassemblement national n’est proposé afin de réduire les inégalités et les écarts de salaires qui pénalisent surtout les femmes. Au contraire, le RN veut baisser les cotisations sociales, ce qui signifie réduire les salaires bruts. Cela se fera au détriment des travailleurs et travailleuses qui ne gagneront pas plus d’argent et perdront des droits (chômage, retraite, accident du travail…). Une politique qui accentuera les inégalités entre celles et ceux qui peuvent faire face aux accidents et événements de la vie et celles et ceux qui ne le peuvent pas.

En résumé, le programme du RN bénéficierait avant tout aux plus riches et surtout à ceux qui vivent de leur capital et non de leur travail. Le RN ne défend pas des mesures « sociales », mais un programme économique clairement libéral orienté contre les intérêts des travailleuses et des travailleurs.

Rassemblement national : le mirage de l’augmentation de 10% des salaires.

Le rassemblement national propose qu’une entreprise qui augmenterait de 10% les salaires, soit exonérée de cotisations patronales sur cette hausse. Cela pendant 5 ans et chaque fois que l’entreprise augmenterait de 10% les salaires.

Cette mesure qui peut sembler intéressante pour les travailleurs est un leurre ! Tout d’abord, il faut rappeler ce que le RN semble ignorer : les employeurs bénéficient déjà d’exonérations de cotisations quasiment totales sur les salaires autour du Smic. Ils n’auraient donc aucun intérêt à augmenter les salaires de 10% puisque cela ne leur offrirait aucune baisse de cotisation patronale supplémentaire. Cette mesure aurait donc très peu d’effet pour les travailleurs les moins bien payés qui sont pourtant ceux qui en auraient le plus besoin.

Mais surtout, cette proposition serait néfaste pour les travailleurs et travailleuses à plusieurs titres :

D’une part, cette proposition renforcerait les inégalités entre les travailleurs en fonction de l’entreprise dans laquelle ils travaillent et en fonction de leur niveau de salaire d’aujourd’hui. En effet, les entreprises qui bénéficient d’exonérations de cotisations patronales sur les salaires peu élevés développent des politiques salariales qui bloquent les augmentations de salaires afin de maintenir ces exonérations.

D’autre part, cette proposition pourrait induire une réduction des droits pour les travailleurs et travailleuses. En effet, c’est par les cotisations sociales que sont financés les droits à l’assurance maladie et les indemnités journalières mais aussi le salaire indirect (ou différé) c’est-à-dire les droits futurs à la retraite ou à l’assurance chômage.

Au final, cette proposition, loin d’être favorable au pouvoir d’achat des travailleurs les moins bien payés, conduirait à un manque à gagner qui devra d’une manière ou d’un autre être compensé… mais le RN ne dit pas comment.

Rassemblement national = moins de fonctionnaires et la casse des services publics.

Pour faire des économies, le rassemblement national propose de réduire drastiquement les postes administratifs dans les hôpitaux ou à l’Education nationale (-10%). Concrètement cela signifie supprimer des postes considérés comme inutiles pour le RN… et pourtant essentiels au bon déroulement des services publics. Comment un hôpital ou une école pourraient-ils fonctionner sans celles et ceux qui s’occupent des commandes, de la comptabilité, de l’enregistrement des dossiers, … ? Sans ces agent.es efficaces, les soignants risqueraient d’être débordés par des tâches supplémentaires à leurs missions, ce qui nuirait à la qualité du service rendu.

De plus, et cela le RN le cache bien, cela pourrait se traduire par le recours à des prestations privées, augmentant alors le coût de ces missions qui ne peuvent être supprimées.

Cela entraînera indéniablement des conséquences négatives sur le fonctionnement, le coût et la qualité des services publics, qui sont l’un des piliers de notre solidarité et notre vivre ensemble.

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