Dans l’Argus de l’Assurance, la DRH du groupe AG2R LA MONDIALE parle de la nouvelle marque employeur et de la politique sociale du groupe. Une opération de “com” loin des réalités de l’entreprise sur plusieurs points.
Le résumé de l’interview
La DRH explique AG2R La Mondiale a décidé de refondre sa marque employeur afin de mieux refléter sa transformation interne et de s’adapter aux évolutions externes. La nouvelle promesse, « Prendre la main sur votre avenir, le nôtre et celui des autres », traduirait les engagements du groupe envers ses salariés et futurs collaborateurs. Cette promesse viserait à renforcer le rôle actif des salariés dans leur parcours professionnel tout en mettant en avant des activités porteuses de sens, comme la retraite complémentaire, la prévoyance santé et l’épargne patrimoniale.
Pour donner vie à cette identité, le groupe a complètement refondu son site candidat et a organisé des formations pour 200 managers recruteurs afin de les aider à intégrer cette nouvelle vision dans leurs entretiens d’embauche. L’objectif est de répondre aux attentes des candidats, qui recherchent transparence et équilibre entre vie professionnelle et personnelle, notamment en ce qui concerne les opportunités de formation et l’environnement de travail.
Selon la DRH, la politique RH du groupe reposerait sur quatre piliers principaux : permettre aux collaborateurs de bien vivre leur travail, préparer leur avenir, changer les choses et contribuer aux solidarités. Parmi les initiatives clés, le travail hybride est fortement valorisé, avec un accord sur le télétravail permettant à 70 % des collaborateurs de télétravailler deux jours par semaine. Le groupe accorderait aussi une grande importance à l’inclusion, avec des sites accessibles aux personnes à mobilité réduite, et à la formation continue, avec un taux d’accès à la formation de 98 %.
En termes de recrutement, AG2R La Mondiale vise à pourvoir entre 1 300 et 1 400 postes en 2025, notamment dans des domaines stratégiques comme l’actuariat, la finance, les systèmes d’information, la data, ainsi que dans les fonctions commerciales et de gestion. Par ailleurs, le groupe explore activement l’impact de l’intelligence artificielle sur ses métiers. L’objectif serait de faire de l’IA un outil complémentaire, et non un substitut, pour permettre aux employés de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Enfin, la DRH glorifie la politique salariale de 2025 qui prendrait prend en compte l’inflation, la reconnaissance des performances des employés et la situation économique de l’entreprise. Elle met en avant un budget de hausse globale de 2,5 % de la masse salariale, incluant des augmentations collectives et individuelles. Elle affirme que ce budget se positionne parmi les meilleures du secteur.
Lecteur salarié AG2R de notre site, nous vous posons la question : que pensez-vous de ces affirmations de notre DRH, largement teintées d’auto-satisfaction ?
Pour nous, CFDT AG2R, le constat est clair : malgré les efforts vantés par la DRH d’AG2R La Mondiale, le fossé béant entre les déclarations officielles et la réalité quotidienne des collaborateurs illustre un décalage complet avec la réalité. Bien que des initiatives comme le télétravail, l’accessibilité pour les personnes handicapées, et un taux d’accès à la formation élevé soient mises en avant, ces mesures semblent davantage relever du marketing que d’une véritable transformation.
Ainsi, la transparence sur les conditions de travail et les dispositifs de soutien est souvent contredite par des témoignages accablants. Les formations, bien qu’abondamment promues, apparaissent déconnectées des besoins réels des salariés, notamment ceux en reconversion ou en quête d’évolution professionnelle.
L’intelligence artificielle, présentée comme un allié pour alléger les tâches, masque une autre réalité : une pression accrue sur les équipes. L’argument selon lequel l’IA « complète » et ne remplace pas les collaborateurs sonne creux face aux réorganisations qui, en pratique, alourdissent les charges de travail.
La DRH vante aussi une politique RH aux quatre piliers étincelants : pouvoir bien vivre son travail, pouvoir préparer son avenir, pouvoir changer les choses et pouvoir contribuer aux solidarités. Mais derrière cette façade rutilante se cache une réalité plus sombre : les dossiers disciplinaires se multiplient et les sanctions pleuvent. Un paradoxe qui fait voler en éclats le discours officiel du « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ».
Enfin, la politique salariale, soi-disant compétitive, ne répond pas aux attentes face à une inflation qui continue de rogner le pouvoir d’achat. Le budget de 2,5% de la masse salariale annoncé est en fait dérisoire comparé aux augmentations collectives constatées dans d’autres secteurs en 2025, laissant de nombreux salariés sur leur faim. Cette annonce de la DRH d’un budget global comprenant toutes les composantes de la NAO masque la réalité : les augmentations collectives actées pour 2025 ne concerneront que 20% des salariés
En résumé, si la communication de la DRH offre une vision flatteuse, elle est largement démentie par la complexité et les frustrations rencontrées sur le terrain. Une véritable révolution nécessiterait moins de promesses et davantage d’actions concrètes adaptées aux réalités des collaborateurs.
Nous aurions souhaité que la DRH d’AG2R LA MONDIALE conclut son interview par les paroles suivantes de Kofi Annan « Nous n’avons plus besoin de promesses. Nous devons commencer à tenir les promesses que nous avons déjà faites. »
Nous vivons dans le groupe AG2R LA MONDIALE avec une absurde distorsion entre communications illusoires et réalités internes accablantes.
bon article au regard du vécu
il serait temps que la DG réfléchisse à moderniser les actions d’attraction de candidats potentiels (il y a des postes non pourvus depuis de nombreux mois) et fidélisation des salariés (le taux de démission n’est pas neutre et pas que du côté La Mondiale): si l’accord sur le télétravail en 2018 apparaissait comme une avancée majeure, la crise du COVID a obligé une grande majorité d’employeurs à proposer cette solution. Quand on entend certains dirigeants qui ne voient que le mot de TELE dans télétravail, il y a encore du boulot à faire pour que les salariés obtiennent un niveau de confiance correct. En 2025, la question du 3ème jour de télétravail a été évincée d’un revers de main mais en dépit de quelques avancées complémentaires âprement négociées, la souplesse nécessaire pour l’ensemble des salariés n’est pas atteinte et ne permet que partiellement de compenser les problématiques d’aidants ou de désert médical. Autre sujet opaque, le taux d’absentéisme pour lequel la direction refuse obstinément de discuter sur les causes liées aux charges de travail ou à certaines organisations de travail susceptibles de créer des RPS, comme le flex-office, l’organisation commerciale actuelle ou ceux liés, en prospective, à la plateformisation qui étend ses ramifications. Si la taille du groupe ne permet pas de faire bouger les choses rapidement, elle ne doit pas empêcher de rendre plus moderne son organisation en étant novatrice pour attirer et fidéliser et transparente (rémunérations des dirigeants, enveloppes des NAO, niveau des tickets restaurant, aides RSE au personnel,…)
Et pourquoi ne pas demander, au titre de l’intersyndicale par exemple, un droit de réponse à l’Argus de l’assurance afin de rétablir la vérité ?