Alerte emploi chez Domitys : 90 salariés menacés par une gestion contestable ! Comment en sommes-nous arrivés là ?

La filiale Domitys du groupe, spécialisée dans les résidences services seniors, continue de peser sur les résultats du groupe. En 2024, Domitys enregistre une perte nette de 94 millions d’euros, bien que cette perte soit en diminution par rapport aux 161 millions d’euros de déficit enregistrés en 2023.

Cette amélioration est jugée insuffisante par la direction qui a décidé de mettre en place un plan de licenciement de 90 salariés chez Domitys.

Le cas Domitys met en lumière une vérité implacable : chaque décision de la direction impacte directement l’avenir des salariés. C’est pourquoi la CFDT revendique avec force un droit de regard sur ces décisions. Comment peut-on encore imaginer décider du destin des salariés sans leur donner voix au chapitre ?

Les causes d’un déficit provoqué.

Pour rappel, AG2R La Mondiale avait acquis en 2021 une participation majoritaire de 67 % dans Ægide-Domitys, avec pour objectif de doubler la taille du groupe en 2025 et d’atteindre plus de 300 résidences en exploitation à l’horizon 2030.

Toutefois, des défis tels qu’une croissance rapide financée par l’endettement, une suroffre locative et des difficultés à l’international ont contribué aux pertes substantielles de Domitys.

La direction a admis que la croissance a été trop forte (« débridée ») dans le contexte économique actuel. Elle n’a pas été assez sélective et pas totalement financée. En effet, l’endettement de Domitys pour construire ses résidences a été effectué dans un contexte de forte remontée des taux d’emprunt. Le modèle de Domitys implique de vendre les appartements des nouvelles résidences à des investisseurs par le biais de sa filiale Domitys Invest. Or, le retournement du marché immobilier (-50%) a freiné considérablement les investissements immobiliers. Ce seul facteur aurait couté 40 M€ de résultats.

La seconde cause des résultats négatifs se trouve dans des importants foyers de pertes à l’international. Le DG de Domitys a reconnu une erreur d’analyse quand le groupe a voulu appliquer à l’étranger des formules d’hébergement des seniors qui étaient adaptées au marché français. Les 6 résidences étrangères de Domitys sont toutes déficitaires. C’est pourquoi le groupe cherche (sans succès) à se séparer de ces résidences.

En troisième lieu, la direction a pointé une rentabilité de l’exploitation (en croisière) très faible et jamais complètement mesurée. Même pour les résidences qui fonctionnent bien, la rentabilité reste assez basse, avec des marges trop faibles.

Enfin, l’inflation a fortement pesé sur les charges et les coûts, avec une hausse qui n’a pas été totalement répercutée sur les factures des résidents.

Une valeur d’achat surestimée.

Le Directeur général, Bruno Angles avait affirmé que si une erreur avait été commise en achetant au-dessus de sa valeur réelle Domitys, il restait convaincu que cette acquisition n’avait pas été une erreur stratégique, car le secteur du grand âge est porteur, et investir dans ces activités est conforme aux valeurs de notre groupe de protection sociale.

Il avait aussi indiqué que la solidité des résultats de l’ensemble des autres activités du groupe permettait d’absorber les résultats négatifs de Domitys, et qu’un plan de redressement a été mis en place pour faire revenir cette structure dans une situation économique stable.

Un plan de redressement jugé insuffisant par la direction.

La direction avait présenté les grandes lignes du plan de redressement, voté en novembre 2023, qui devait permettre un retour à la rentabilité à horizon 2027

Les différents chantiers étaient :

• Maintenir un taux élevé de satisfaction des clients.
• Maintenir un taux élevé d’engagement des collaborateurs.
• Tirer parti des synergies avec le groupe AG2R LA MONDIALE pour consolider le modèle.
• Concevoir un modèle de développement vertueux et rentable, pour le futur.

En 2025, avec un déficit toujours à 94 millions d’euros, la direction estime que le plan de redressement n’est pas assez efficace. Elle a donc décidé de stopper le développement et d’arrêter toute nouvelle construction de résidence Domitys.

Conséquences sur l’emploi.

Cette décision de stopper le développement a pour conséquence directe de conduire la direction à réduire les effectifs des activités chargées de la promotion et de la gestion immobilière de Domitys.

Elle va mettre en place un PSE qui devrait concerner environ 90 personnes.

Quand les mauvaises décisions d’une direction entrainent des conséquences pour le personnel.

Les conséquences sont alarmantes : la gestion hasardeuse de l’ancienne direction de Domitys condamne aujourd’hui 90 personnes à perdre leur emploi. Un constat d’autant plus préoccupant que la sous-estimation flagrante de la valeur réelle de Domitys par l’ancienne direction d’AG2R LA MONDIALE fragilise désormais les résultats du groupe entier.

Néanmoins, soyons pragmatiques : il y a urgence de soutenir Domitys. Comment ne pas se mobiliser pour une structure qui fait vivre plus de 4000 salariés ? D’autant plus que l’investissement dans le secteur du « grand âge » reste stratégiquement crucial face au vieillissement accéléré de notre population.

Mais attention : la CFDT exige désormais une transparence totale sur la stratégie de développement. Il est temps d’aligner parfaitement les valeurs d’un groupe de protection sociale avec ses actions concrètes.

Face à nos questionnements légitimes sur la stratégie du groupe, la direction se retranche derrière un argument simpliste : « Nous ne sommes pas en co-gestion ». Cette réponse n’est plus acceptable !

Le cas Domitys met en lumière une vérité implacable : chaque décision de la direction impacte directement l’avenir des salariés. C’est pourquoi la CFDT revendique avec force un droit de regard sur ces décisions. Comment peut-on encore imaginer décider du destin des salariés sans leur donner voix au chapitre ?