Augmentation des cotisations santé et prévoyance : prise d’otages scandaleuse.

La commission de suivi des régimes santé et prévoyance des salariés du groupe est tous les ans un exercice difficile. 2023 n’a pas failli à la règle. Aux termes d’une prise d’otages scandaleuse des représentants du personnel par la direction technique du groupe, une augmentation des cotisations santé et prévoyance s’opérera au 1er janvier 2024.

Les contrats des salariés du GIE AG2R et de l’IRC sont indexés par notre assureur AG2R Prévoyance comme tous les autres clients sans aucune faveur au titre de nos liens « intimes ».

Le déficit important de la prévoyance s’accentue.

Le régime prévoyance des salariés du groupe est lourdement déficitaire avec presque 126 euros de prestations en 2022 pour 100 euros de cotisations.

Le ratio sur les 5 dernières années est à 124,5%.

Les dernières revalorisations de cotisations n’ont pas inversé la tendance, tant le nombre d’arrêts de travail a augmenté.

La CFDT a défendu une position claire : on ne peut pas piloter notre régime de prévoyance uniquement par une augmentation des cotisations. Des mesures de prévention doivent être mises en œuvre pour réduire les prestations, notamment en s’attaquant à la source principale du problème : les arrêts de travail.

Pour la CFDT, un lien évident existe avec la diminution des effectifs qui conduit à une dégradation importante des conditions de travail et le taux d’absentéisme observé. Les métiers les plus impactés par la hausse importante de l’absentéisme sont les familles commerciales, gestion et relation client, avec des niveaux élevés d’absentéisme (plus de 7,5 %). Soulignons les taux excessivement importants dans la famille commerciale avec un taux de 9,7 % et une hausse de + 1,3 pts par rapport à 2021.

Pour le régime des frais de santé, le déficit est aussi important.

En 2022, pour 100 euros de cotisations, le régime payait 105,1 euros de prestations. Et les projections sur l’année 2023 montrent que la tendance ne s’inverse pas, au contraire. Le ratio serait de 105,8%.

Résultats : l’assureur exige une augmentation des cotisations.

Pour le régime prévoyance, AG2R P demande une augmentation 7,5% au 1 janvier 2024.

La cotisation moyenne pour un cadre passerait de 229,58 euros à 245,23 euros.

La cotisation moyenne pour un non-cadre passerait de 90,22 euros à 96,47 euros.

Cependant, comme l’essentiel de la cotisation est supporté par l’employeur, la majoration pour un cadre sur son salaire ne serait que de 1,40 euro et pour un non-cadre de 44 centimes par mois.

Pour le régime des frais de santé, l’assureur demande une augmentation du taux de cotisations de 11%. Le taux qui était de 4,87 % passerait à 5,41%. Mais comme ce taux de cotisations s’applique sur le Plafond Mensuel de la Sécurité Sociale qui évolue lui aussi de plus de 5 % en 2024, le montant de la cotisation subira deux augmentations.

Le montant de la cotisation passerait donc de 178,53 euros à 208,88 euros, soit une augmentation mensuelle de 30,35 euros, supportée à hauteur de 12,14 euros par le salarié qui paye 40% de la cotisation totale.

Donc au total sur la fiche de paie de janvier 2024, l’augmentation des cotisations serait en moyenne de :
Pour un non-cadre 12,14 euros pour la santé + 0,44 euros pour la prévoyance, soit 12,58 euros
Pour un cadre de 12,14 euros pour la santé + 1,40 euro pour la prévoyance, soit 13,54 euros.

La CFDT juge ces augmentations lourdes à supporter par les salariés dans le contexte d’inflation actuel.

Cependant, la situation financière d’AG2R P est dangereuse. Dans ce contexte, des indexations chez tous nos clients sont exigées pour équilibrer leur contrat.

Peut-on nous, salariés du groupe AG2R LA MONDIALE, ne pas s’appliquer ce que nous demandons à nos clients pour continuer à bénéficier d’un régime santé de bonne qualité ?

Le contrat des salariés AG2R faisant partie des 15 plus gros contrats du groupe, peut-on se soustraire à la démarche de recherche d’équilibre d’AG2R P alors que nous savons par ailleurs que la survie d’AG2R P c’est aussi la survie de nos emplois ?

C’est pourquoi la CFDT, la CFE-CGC et l’UNSA ont décidé d’accepter ces augmentations tarifaires et continuer à bénéficier d’un régime santé de qualité.

Mais là où le bât blesse, c’est le comportement inadmissible et malhonnête de la direction commerciale et de la direction technique du groupe.

Alors que la commission de suivi se déroulait le 24 octobre, l’assureur a exigé une réponse positive sur l’acceptation de ces augmentations tarifaires à la fin de la réunion. En cas de réponse négative, il a indiqué qu’un courrier de résiliation des contrats partirait le lendemain, soit le 25 octobre. Ne pouvait-on pas anticiper et discuter quelques semaines en amont de cette résiliation éventuelle ?

Non, car la méthode a consisté à mettre le couteau sous la gorge des négociateurs syndicaux. Et cela alors même que la direction technique savait pertinemment qu’un délai de deux mois était bien trop court pour interroger le marché et trouver un autre assureur dans de bonnes conditions. Alors qu’elle se doutait que la DRH et les organisations syndicales prendraient difficilement le risque d’abimer l’image du groupe en quittant AG2R P pour un concurrent.

Le chantage méprisable était le suivant : ou vous signez ou vous vous retrouvez SDF au 1er janvier 2024, avec plus de 5000 salariés sans couverture sociale.

Ce cynisme est intolérable.

Peut-on penser que la direction commerciale et la direction technique agissent ainsi avec tous les clients d’AG2R P ? Si c’est le cas, le redressement technique est peut-être assuré, mais à terme, la perte de confiance dans notre groupe signera sa mort par asphyxie et arrêt du développement.

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arassus
arassus
11 mois il y a

il commence à devenir nécessaire de réfléchir à un changement de taux de cotisation en santé et passer à une cotisation adulte/enfant au lieu d’un taux famille qui, je le rappelle, à un double impact pour les salariés :

  • payer pour des charges familiales des autres salariés
  • payer également une deuxième fois sur la feuille d’impôt (la cotisation patronale est fiscalisée et tout le monde semble l’avoir oublié)

donc que chacun paye pour sa composition familiale semblerait normal au regard des tarifs de notre mutuelle.

pascal
pascal
Réponse à  arassus
10 mois il y a

bonour , en effet il faut maintenir reflechir pour etre pret fin 2024 pour avoir un projet alternatif pour la couverture santé des salariés du groupe et ne pas de retrouver piégé en fin d année.

dartagnan
dartagnan
Réponse à  arassus
11 mois il y a

au delà du taux et du contenu du contrat, certes importants, il me semble revoir la possibilité de changement d’assureur. Cela fait plusieurs années que le nôtre (qui est également notre employeur) considère le contrat du personnel comme inférieur à tous les autres contrats lambda d’autres clients et use de stratèges malhonnêtes pour obliger à poursuivre l’adhésion, notamment en santé. La partie tiers-payant est gérée avec un réseau de soins dont la direction ne fait pas de publicité alors que cela permettrait au personnel de dépenser un peu plus raisonnablement. Malgré toutes les alertes antérieures sur la partie Prévoyance, la direction traine des pieds pour travailler avec les OS sur la prévention et les arrêts de travail (y aurait-il des choses à cacher?). La direction est donc en partie responsable du SP négatif mais préfère passer en force. Il faudra bien assumer un jour la mauvaise image d’employeur-assureur (ou l’inverse)…

Un ancien
Un ancien
Réponse à  dartagnan
10 mois il y a

Les frais sur les contrats restent trop élevés, car il n’y a aucun frais de distribution et les frais d’assureur sont aussi surestimés vu que l’aléa de changement d’assureur est faible 😉
mon peut aussi discuter les frais de gestion car la mise à jour des flux entrées sorties est déjà faite par la DRH ,
bref quelques points de frais sur les contrats à gratter 😊