Comme prévu, toutes les organisations syndicales AG2R REUNICA ont appelé à des débrayages vendredi 27 janvier et à des manifestations. Elles ont été largement suivies par des salariés exaspérés par la politique sociale du groupe. La plus importante manifestation s’est déroulée devant le siège du groupe, boulevard Haussmann. Ce ne sont pas moins de 300 salariés (chiffres de la police) qui ont crié leur colère sous les fenêtres du “château”.
Une délégation des organisations syndicales a été reçue par le conseil d’administration qui siégeait au même moment.
Les délégués syndicaux ont expliqué leurs revendications et ont exposé le contexte des dégradations importantes des conditions de travail.
Ainsi, ils ont expliqué que le groupe avance à marche forcée dans les économies et va au-delà des objectifs prévus.
Sur la retraite complémentaire, 96% des économies à faire pour fin 2018 ont déjà été faite. La trajectoire des frais en retraite complémentaire était de 405 m€ pour 2016, les dépenses réelles se situent à moins de 370 m€, soit 35 m€ d’économies supplémentaires.
Sur les charges totales du groupe, y compris le concurrentiel, sur le budget 2016 que les conseils ont voté, 18m€ d’économies de plus ont été effectuées.
Pour faire ces économies, la direction utilise comme levier principal la réduction des frais de personnel.
En premier lieu, en bloquant les salaires. Ainsi, les salariés n’ont pas eu d’augmentation salariale depuis 3 ans alors que l’inflation a été de 1,6%.
En second lieu, des économies importantes ont été faites lors des négociations sur le statut du personnel. Par exemple, 30 m€ d’économies ont été faites en 2016 sur le passif social lié aux avantages de fin de carrière.
En troisième lieu, la direction réduit les effectifs.
245 postes ont été supprimés en 2015, 120 en 2016, le cadrage budgétaire 2017 prévoit encore – 200 postes. La cible est d’atteindre une réduction de 900 postes d’ici 2019.
De plus, quand les CDI sont remplacés, ils le sont par des CDD ou des prestataires. 10% de l’effectif actuel AG2R REUNICA est composé aujourd’hui de CDD.
Le recours à la sous-traitance atteint la relation client (90% des appels santé sont sous traités), la gestion de l’activité tiers payant, la saisie des bulletins d’affiliation, une partie du traitement du courrier, l’encaissement des cotisations, la gestion administrative de la formation, voire une partie du réseau commercial, par le biais des mutuelles partenaires.
Les délégués syndicaux ont fait part de leur inquiétude pour l’emploi permanent dans le groupe, mais aussi pour les coûts réels de l’externalisation et la qualité de service fournie par les prestataires et les CDD.
Cette politique d’austérité a des conséquences néfastes sur la qualité de service fournie par le groupe et sur les conditions de travail des salariés.
On ne compte plus les dysfonctionnements en gestion, ce qui provoque les départs de plus en plus nombreux de clients historiques.
Sur le plan commercial, la baisse des effectifs aussi est manifeste. Ainsi, nous comptons 15 commerciaux de moins en 2016 sur le marché des particuliers. Pour le marché des entreprises, ce sont 29 commerciaux qui ont quitté le groupe et qui n’ont pas été remplacés.
Il faut mettre en parallèle des offres commerciales qui ne sont plus adaptées à un marché très encadré par les branches professionnelles, et pour ce qui est en dehors des branches, ne sont plus compétitives. Ainsi, pour l’offre standard proposée par le groupe, les autres acteurs de la santé ont des tarifs et des garanties bien meilleures.
Les délégués syndicaux ont souligné que le personnel est à bout de souffle car en plus de la charge de travail liée à la baisse des effectifs, ils doivent s’investir dans des nouveaux outils, de nouvelles organisations associées pour certaines à des mobilités géographiques, et à des mutations de métiers. Ces mauvaises conditions de travail, provoquent une augmentation importante des arrêts de travail des salariés.
Les délégués syndicaux ont ainsi expliqué que le contrat prévoyance des salariés qui a été signé en juillet 2016 est déjà en déséquilibre.
Ils ont demandé au conseil d’administration de ralentir en 2017 le processus de baisse des frais de personnel et de respecter des équilibres qui préservent à la fois la qualité de gestion, les conditions de travail, et la juste rémunération des collaborateurs du groupe. Ils ont affirmé que les frais de personnel ne sont pas la seule variable d’ajustement de la politique de restrictions budgétaires que le groupe doit mener.
A la suite du conseil d’administration, les délégués syndicaux ont été reçus par la direction générale et ils ont exposé leurs revendications.
Concernant les augmentations collectives des salaires, elles ont revendiqué 2% d’augmentation des salaires, avec un minimum de 40€ mensuels par mois.
Si la direction a été attentive à la description de la dégradation des conditions de travail, elle n’a rien lâché sur les salaires.
Toute petite ouverture : alors que la position définitive de la direction était 0% pour 2017, elle est prête à discuter lors d’une dernière réunion de négociation le 8 février.
Mais l’ensemble des délégués syndicaux est plutôt pessimiste sur l’issue de ces discussions et envisage d’ores et déjà une reconduction du mouvement avec de nouvelles actions plus dures et plus médiatiques.
Félicitations à tous les grévistes et ceux qui étaient solidaires!!
il serait intéressant que l’intersyndicale prévoit la diffusion d’un tract de suite de la journée pour maintenir voire amplifier la mobilisation.
Oui au partage des économies si tout le monde met la main à la poche mais oui au partage des richesses du travail et à la reconnaissance de TOUS les salariés du groupe !!
Remerciements aux collègues qui ont débrayé ce vendredi et à ceux venus manifester à Haussmann mais aussi en province.
Qqs remontées : le caffouillage de la DRH et des OS concernant ces deux heures : débadgeages et/ou 2 heures de salaire en moins => certains salariés auraient débrayé mais dans le doute ils ne se sont pas déclarés !
Nous communiquerons mieux la prochaine fois.