Un nouveau cas de sous-traitance dans le groupe est apparu à Esvres. Ce sont maintenant des pans entiers de notre activité qui risquent de tomber à l’extérieur.
Le groupe a créé un centre de numérisation CICAS à Esvres pour le compte des fédérations AGIRC ARRCO. Ce centre numérise les flux de première demande de retraite complémentaire à hauteur de 80% des demandes. Les 20% restants sont traité par le groupe HUMANIS.
Environ 14 000 dossiers sont reçus chaque semaine à Esvres. Or, le centre de numérisation a connu des pics d’activité. 90 000 dossiers étaient en retard en février. Le groupe a donc mis en place des solutions de renfort, embauche de CDD, aide des plateformes téléphoniques CICAS, et appel à la sous-traitance.
C’est ce dernier recours à la sous-traitance que veut pérenniser le groupe.
Cette solution ne serait utilisée qu’en « débordement ». En priorité, c’est l’équipe des collaborateurs du groupe qui continuerait à assumer les tâches de numérisation. Puis des renforts internes de la plateforme téléphonique CICAS pourrait être sollicités. Ce n’est qu’en dernier recours que le prestataire externe serait mobilisé.
Le CHSCT d’Esvre a pourtant émis un avis défavorable.
En effet, il juge n’avoir pas suffisamment d’informations sur le contrôle « qualité » du prestataire. Il n’a pas non plus de visibilité sur le pilotage et le suivi de l’activité du prestataire. Il regrette que le projet n’envisage pas d’autres solutions que l’externalisation comme le recours à des ressources internes d’autres services, des CDD, intérimaires, Jobs d’été, heures supplémentaires ou crédits d’heures. « D’un point de vue plus général le CHSCT demande à la Direction de privilégier les ressources internes avant de faire appel à la prestation et ce même pour de nouvelles activités qui pourraient être l’occasion de faire évoluer les salariés. »
Si l’on peut comprendre la volonté de la direction de faire face aux pics d’activité, on peut aussi remarquer que la motivation de faire appel à la sous-traitance n’obéit plus à cette seule problématique.
Ainsi, le traitement des appels téléphoniques était en partie sous-traité il y a quelques années pour faire face à des hausses ponctuelles d’appels. La sous-traitance avait été calibrée à 30% des appels. Aujourd’hui, la presque totalité des appels téléphoniques concernant les particuliers en santé est traitée à l’extérieur.
Cela concerne de plus en plus d’activités dans le groupe. Dernièrement, il était question du recouvrement des cotisations. Nous avons vu aussi une partie de la gestion de la formation des collaborateurs du groupe être externalisée.
Les raisons qui poussent la direction vers la sous-traitance sont parfois économiques, mais il resterait à prouver que la sous-traitance est réellement une source d’économies pour le groupe. Elle tient aussi à une facilité de gestion du personnel : tous les problèmes RH sont déportés sur le sous-traitant. La possibilité de dimensionner le recours à la sous-traitance en fonction des besoins sans avoir à gérer la gestion prévisionnelle des emplois est aussi une raison majeure.
Le groupe utilisait jusqu’à présent à grande échelle les CDD. Dans certains établissements, presque un tiers des salariés étaient en CDD. Aujourd’hui, il semble que le groupe opère une bascule vers la sous-traitance.
La CFDT ne peut pas accepter un modèle d’entreprise où le groupe n’internaliserait que les fonctions centrales et reléguerait à l’extérieur toutes les autres fonctions. Ce serait un modèle d’entreprise avec des salariés bénéficiant d’un statut conventionnel et, à la périphérie, des salariés « corvéables » et souvent sous-payés. Le contraire même de la raison d’être d’un groupe de protection sociale comme AG2R LA MONDIALE.
Hélas, le tout recours aux prestataires et à la sous traitance signera la mort de nos activités… et de nos emplois !