Le déficit de la Sécurité sociale franchit un nouveau cap alarmant en 2024, atteignant 15,3 milliards d’euros, avec des perspectives encore plus sombres pour 2025. Face à cette situation critique, tous s’accordent sur la nécessité d’une réforme en profondeur, mais divergent sur les solutions à apporter.
Les comptes de la Sécurité sociale affichent une dégradation inquiétante, avec un déficit qui s’élève à 15,3 milliards d’euros en 2024 et des projections atteignant 20 milliards pour 2025. Cette situation survient après une période de redressement progressif post-Covid, où le déficit était passé de 37,9 milliards en 2020 à 10,8 milliards en 2023.
Deux branches sont particulièrement touchées : la branche vieillesse, avec un déficit d’environ 2,5 milliards d’euros, et surtout la branche santé, qui accuse un déficit de 13,8 milliards en 2024, pouvant atteindre 16 milliards en 2025.
Des causes principales liées au manque d’investissement et de prévention.
Face à cette situation, la CFDT pointe plusieurs facteurs : le vieillissement de la population, l’insuffisance des investissements en prévention, et l’absence de stratégie nationale de santé depuis 2022.
La CFDT critique notamment :
- Les restrictions budgétaires jugées contre-productives
- Le manque de régulation du système de santé
- La financiarisation croissante du secteur de la santé
- Les rentes de situation de certains professionnels
Pour redresser la situation, la CFDT propose plusieurs pistes, s’opposant fermement à la « TVA sociale » défendue par le patronat. Plusieurs pistes sont à étudier afin d’augmenter les ressources ; la plus sérieuse, à court terme, étant de faire évoluer la CSG et de remettre à plat la fiscalité relative aux placements et au capital. La CFDT revendique notamment que les bénéficiaires des successions les plus élevées soient mis à contribution – ce qui permettrait de ne pas augmenter les cotisations salariales et patronales. La question des aides aux entreprises est également sur la table. Une chose est sûre : la solution ne doit pas passer par la TVA sociale, défendue par une partie du patronat. La TVA sociale consiste en effet à augmenter le taux de TVA pour compenser une baisse des cotisations salariales ou patronales. C’est donc à la fois injuste (une taxe sur la consommation touche davantage les personnes qui consomment la totalité de leur salaire) et une opération blanche pour le système, lequel ne voit pas de cette façon ses ressources augmenter. « La TVA sociale, c’est du réchauffé ; elle n’a de sociale que le nom. C’est la taxe sur les ménages modestes ! », résumait Marylise Léon, secrétaire générale CFDT.
La CFDT préconise notamment :
- Une évolution de la CSG
- Une révision de la fiscalité sur les placements et le capital
- Une contribution des bénéficiaires des successions les plus importantes
Concernant les retraites, les négociations en cours sont cruciales. La CFDT insiste sur la nécessité d’un effort équitable, appelant particulièrement le patronat à prendre sa part de responsabilité dans le redressement des comptes.
Des arbitrages pour juillet.
Dans ce contexte, le gouvernement doit rendre ses arbitrages début juillet 2025, avec l’objectif ambitieux de réaliser 40 milliards d’euros d’économies pour ramener le déficit budgétaire à 5,1% du PIB en 2026. La CFDT reste vigilante quant aux choix qui seront faits, notamment en matière de justice sociale.
Focus sur la CSG.
Créée en 1990 par Michel Rocard afin de contribuer au financement de la sécurité sociale, la Contribution Sociale Généralisée ne frappe pas les employeurs, mais tous les autres types de revenus : salaires, mais aussi revenus du capital et dividendes, ou encore primes, indemnités et allocations.
La CSG est un impôt à assiette large, puisqu’il touche tous les revenus. Il est en outre prélevé à la source.
Quelle différence entre la CSG et la TVA sociale ?
La TVA frappe la consommation, c’est-à-dire tout le monde, riches et pauvres, de la même manière (même s’il existe des taux différents de TVA, l’essentiel des produits est taxé au taux « normal » de 19,6%).
La CSG, elle, porte sur les revenus en général, même si elle ne le fait pas exactement de la même manière selon les catégories.
L’autre avantage de la CSG est d’être un impôt à assiette large : un point de CSG supplémentaire représente entre 10 et 13 milliards d’euros.
L’autre différence majeure entre CSG et TVA est l’assiette touchée : la CSG frappe aussi les revenus du capital, tandis que la TVA touche la consommation.
Pour un financement plus juste de la protection sociale
La CFDT refuse la TVA comme choix de financement de la protection sociale : elle fait le choix de la CSG. Cet impôt présente plusieurs avantages : elle concerne l’essentiel des revenus ; ses taux sont variables selon la nature du revenu ; il s’agit d’une ressource clairement affectée à la protection sociale. Les revendications de la CFDT reposent sur trois parties indissociables :
- Baisse de 10 points des cotisations patronales famille et maladie ;
- Augmentation des salaires bruts de 9 points ;
- Hausse de la CSG de 8 points.
On obtient alors une neutralité de l’opération pour les salariés, une garantie de financement de la protection sociale assise sur le travail et enfin une réduction de 1,5 point du « coût du travail ».
De plus, le taux de CSG le plus élevé appliqué aux retraités (pour 40% d’entre eux) doit être réévalué. Les revenus de remplacement versés par l’assurance-chômage doivent, en revanche, être exemptés de CSG.
Pour sécuriser le financement de la protection sociale
La CFDT propose plusieurs réformes ciblées pour améliorer l’efficacité de notre système de protection sociale.
- Compenser intégralement les exonérations de sécurité sociale par l’Etat ;
- Supprimer les exonérations forfaitaires de cotisations patronales sur les heures supplémentaires ;
- Conditionner les exonérations générales à des effets prouvés sur l’emploi et/ou le pouvoir d’achat.
Toujours la fabuleuse logique de l’argent infini. Au lieu de chercher comment rentrer plus d’argent, il faudrait peut être arrêter d’en jeter par les fenêtres.