Le 13 mai s’est déroulé un Comité d’Entreprise extraordinaire avec comme ordre du jour la rupture entre AG2R LA MONDIALE et MATMUT
La direction a acté qu’une demande de séparation entre les deux entités était en cours et qu’aucun retour en arrière ne semblait possible.
Les prochaines assemblées générales se positionneront sur le sujet.
Pourquoi ?
Sur la cause de cette rupture, plusieurs raisons ont été évoquées.
Tout d’abord, une différence de culture entre les deux ensembles n’a pas pu être surmontée.
AG2R LA MONDIALE a un mode de gouvernance assis sur des conseils d’administration paritaires associés étroitement à la vie du groupe.
La MATMUT laisse un poids plus
important à son directeur général, et surtout à
son inamovible président, Daniel Havis véritable pilote du groupe.
Suite à l’annonce de la séparation, on peut noter que
le communiqué de presse d’AG2R LA MONDIALE indiquait que les Conseils
d’Administration mandataient André Renaudin pour mettre en œuvre les décisions
prises et préparer l’avenir. Le communiqué de la MATMUT précisait lui que
Daniel Havis, président, mandatait Olivier Gomard pour les mêmes missions.
Autre exemple marquant : le partenariat entre Cdiscount et la MATMUT s’est décidé entre la direction de la MATMUT et Cdiscount sans que les conseils d’administration du nouveau groupe soient consultés, ni même informés.
Culture différente, mais aussi fonctionnement parfois divergent. AG2R LA MONDIALE fonctionne sur un mode transversal. La MATMUT a été construite sur un modèle plus vertical.
Ce fonctionnement différent s’est ressenti fortement dans les modes de management.
Les frictions entre responsables hiérarchiques des deux entités se sont multipliées.
Culture différente, mais aussi vision du partage antagoniste. L’intégration des structures des deux groupes ne pouvait pas être complète, car la MATMUT souhaitait garder un périmètre propre.
Ainsi, la fusion d’OCIANE et de VIA SANTE, mutuelles qui ont la même activité, est refusée par la MATMUT, empêchant ainsi la création d’une mutuelle unique du nouveau groupe.
Cette situation a conduit la MATMUT à ne plus vouloir respecter certains engagements pris à la création du nouveau groupe.
Par exemple, alors que la question du statut du personnel La Mondiale et MATMUT ne devait être posée qu’à partir de 2022, la direction MATMUT voulait la création d’une UES commune plus rapidement et la bascule du personnel La Mondiale dans cette nouvelle structure.
La fusion des agences AG2R LA MONDIALE et MATMUT devait aussi être accélérée.
On peut aussi citer la volonté de Nicolas Gomard d’écarter des membres du COMEX AG2R LA MONDIALE et de s’entourer rapidement de son propre staff.
Deux questions se posent :
- Pourquoi la MATMUT s’est-elle engagée dans un processus de rapprochement pour en contester certains fondements 4 mois seulement après son démarrage ?
- Pourquoi Nicolas Gomard a-t-il voulu prendre plus de pouvoir alors qu’il allait disposer de tous ces pouvoirs dans à peine 18 mois ?
Nous n’avons (et nous n’aurons sans doute jamais) toutes les réponses à ces questions. Nous pouvons simplement déplorer l’avortement d’un projet qui avait un vrai sens pour les deux entités, car il permettait la création d’un groupe complet d’assurances.
Un nouveau défi
Cette situation pose un nouveau défi pour AG2R LA MONDIALE car il remet en cause la stratégie de la direction qui avait misé sur une diversification et une fidélisation des clients en créant un groupe complet, assurance de personnes et IARD.
Cependant, malgré la fin annoncée du groupe AG2R LA MONDIALE MATMUT, André Renaudin qui n’a pas re-sollicité la confiance des conseils et qui reconnait pour l’heure de pas avoir de “plan B” affirme vouloir maintenir cette stratégie.
Une question peut se poser : existe-t-il encore dans le paysage de l’assurance, un groupe comparable à la MATMUT désireux d’unir son destin à celui d’AG2R LA MONDIALE ?
Si l’on exclut les assureurs à but lucratif qui ne répondent pas aux fondements d’AG2R LA MONDIALE, il ne reste quasiment plus d’assureurs mutualistes qui peuvent offrir cette opportunité.
Finalement, elle n’assure pas, la MATMUT !