Lors de la déclaration de politique générale, le Premier ministre a annoncé la suspension de la réforme des retraites de 2023 qui a porté l’âge légal à 64 ans. La CFDT souligne l’ampleur de cette annonce : elle est le premier coup d’arrêt porté à cette réforme hautement contestée depuis 2023.
Lors de sa déclaration de politique générale, le 14 octobre, le Premier ministre a annonçé la suspension totale de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle en 2027.
« Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028″, a déclaré le locataire de Matignon.
C’est une vraie victoire pour les millions de travailleuses et travailleurs qui se sont mobilisés et ont exprimé leur refus.
Les travailleuses et travailleurs ont enfin été entendus.
Pour les prochaines années, ce sont 600 000 à 700 000 d’entre elles et eux qui, par an, vont bénéficier de cette suspension.
Les impacts sont concrets et immédiats pour les travailleuses et travailleurs. Celles et ceux nés en 1964 ne verront pas leur âge légal augmenter à 63 ans. Elles et ils vont gagner 3 mois et ainsi pourront partir en retraite à 62 ans et 9 mois avec 170 trimestres (et non plus 171). C’est également le cas pour les personnes nées en 1965.
Pour les travailleuses et travailleurs nés après, tout dépendra des élections de 2027.
Les mesures en faveur des femmes négociées lors du conclave sont aussi des avancées importantes. Il faudra néanmoins que toutes ces annonces soient, au final, adoptées dans le PLFSS.
Pour la CFDT, la porte est désormais ouverte et rend possible, pour les élections 2027, le débat sur l’avenir des retraites. Les retraites sont souvent présentées comme un sujet technique et budgétaire. Pour la CFDT, c’est d’abord un sujet éminemment social et politique : il exige un débat de qualité loin des postures idéologiques qui ne peuvent conduire qu’aux blocages. La CFDT s’inscrira donc dans la « conférence sur les retraites et le travail » qui rouvrira le sujet de la pénibilité et intégrera l’enjeu de l’équilibre financier. La méthode de cette conférence reste à négocier.
Cette suspension est une première réponse à la blessure démocratique.
La CFDT continuera à s’engager pour des avancées sociales concrètes.
Qu’est-ce que la réforme des retraites ?
La réforme de 2023 repousse progressivement l’âge légal de départ à la retraite pour atteindre 64 ans à partir des générations nées en 1968. Elle accélère aussi la réforme « Touraine » sur la durée de cotisation : le nombre de trimestres exigés pour partir sans décote monte plus rapidement à 172 (soit 43 années de cotisation) dès la génération née en 1965, au lieu de la génération 1973.
Quels sont les impacts de la suspension ?
Pour les générations nées en 1963 et 1964, l’âge légal serait bloqué à 62 ans et 9 mois, et le nombre de trimestres nécessaires pour partir sans décote serait gelé à 170 (soit 42 ans et 6 mois de cotisation). Sans la suspension, les personnes nées en 1964 auraient dû partir 3 mois plus tard et cotiser 3 mois de plus.
Une personne née le 1er janvier 1964 aurait pu partir à la retraite le 1er janvier 2027 avec 171 trimestres cotisés. Elle pourra désormais prétendre à la retraite le 1er octobre 2026 avec seulement 170 trimestres de cotisation.
La réforme reprendrait ensuite son cours dès la génération 1966.

Pour la génération 1965, la suspension concernera ceux nés dans le premier trimestre.
Concernant les salariés AG2R.
Il faudra mesurer rapidement avec la DRH les impacts de cette suspension pour les salariés qui devaient prendre leur retraite, et surtout, pour les salariés en ATT et pour ceux qui devaient consommer prochainement leur CET en aménagement de fin de carrière.
La CFDT qui revendique fortement la négociation d’un nouvel accord de fin de carrière craint également que l’incertitude sur la reprise de la réforme en 2028 donne un argument supplémentaire à la direction pour retarder encore les discussions.


Je suis surpris par votre absence de prudence lorsque vous annoncez déjà une » victoire « .
Le 1er ministre a simplement annoncé que cette suspension serait soumise au vote du Parlement via un amendement au PLFSS 2026 en novembre.
Sauf à considérer que le centre et la droite serait subitement devenu opposé à la réforme des retraites, rien ne permet d’affirmer que cette suspension sera finalement adoptée, on peut même sérieusement en douter.
Il va y avoir encore des déçus…
C’est loin d’être une victoire quand on sait que cela ne va toucher qu’une partie des salariés (même si tant mieux pour eux !) et qu’entre contrepartie, la dette va encore augmentée, qu’on laisse passer le doublement des forfaits médicaux et tout un tas d’autres mesures qui vont perdurer au-delà de 2027 et toucher l’ensemble de la population. Cette suspension n’est que pour obtenir le vote de la gauche à l’Assemblée Nationale et faire passer tout le reste. Le jeu en vaut-il la chandelle ?