Le projet de réforme des retraites comporte une mesure aussi injuste qu’inutile : l’instauration d’un âge pivot à 64 ans. S’il resterait possible de partir à la retraite à 62 ans, ce choix serait sanctionné par une décote (une baisse) définitive de sa pension. Ensemble, exigeons son retrait pur et simple !
Lors de la réunion multilatérale de lancement de la nouvelle phase de concertation sur la réforme des retraites de ce jour, le Premier ministre s’est déclaré ouvert au dialogue sur la pénibilité, les fins de carrière, le minimum contributif, et les transitions pour les fonctions publiques avec l’objectif d’aboutir à des propositions concrètes rapidement.
Le Premier ministre s’est également déclaré ouvert à une conférence de financement.
La CFDT note positivement cette ouverture mais constate à ce stade le maintien de l’âge pivot dans le projet de loi portant sur la réforme des retraites.
Cet âge pivot est injuste et inutile et il est massivement rejeté par la population. De plus, il est incompatible avec l’engagement initial du Président de la République de faire une réforme sans faire d’économies et d’assurer à chaque euro cotisé les mêmes droits à la retraite.
Si la CFDT rappelle qu’elle s’est toujours préoccupée de l’équilibre des systèmes de protection sociale, elle maintient que la réforme globale du système de retraite doit avoir pour objectif premier la justice sociale. La conférence de financement proposée par la CFDT doit avoir pour objectif le financement à moyen et long terme du système de retraite. Elle doit pour cela aborder l’ensemble des leviers d’action, sans que la loi n’en impose un par avance.
Fidèle à sa conception du dialogue social, la CFDT va donc s’engager avec détermination dans cette nouvelle phase de concertation. Trop d’éléments insuffisants ou flous doivent être précisés ou tranchés.
La CFDT revendique des avancées sur :
– une meilleure prise en compte de la pénibilité vécue par les travailleurs (manutentions manuelles de charges lourdes, postures pénibles, risques chimiques et vibrations mécaniques),
– l’emploi des séniors pour un maintien adapté dans l’emploi,
– la sécurisation des transitions dans les fonctions publiques,
– la retraite progressive pour une transition douce des fins de carrière, – une augmentation plus importante du minimum de pension,
– et un Compte Epargne Temps Universel pour aménager son temps de travail tout au long de la vie.
Pour la CFDT, les voies de discussion avec le gouvernement existent mais sont étroites.
Dans la mesure où l’âge pivot figure dans le projet de loi et où les éléments de progrès social restent très insuffisants, la CFDT appelle à maintenir la pression sur le gouvernement et à :
– à signer la pétition appelant au retrait de l’âge pivot,
lien vers la pétition en ligne
– se mobiliser le samedi 11 janvier sur les revendications de la CFDT.
Pourquoi l’âge pivot est-il injuste ?
Cette nouvelle règle pénaliserait d’abord les personnes qui ont commencé à
travailler jeunes. Avec un nombre suffisant de trimestres cotisés, elles
seraient pourtant contraintes de travailler deux ans supplémentaires pour ne
pas voir leur pension chuter. Pour celles et ceux qui ont des revenus modestes,
c’est la double peine !
Pourquoi est-ce
inutile ?
Contrairement à ce que tente de faire croire le Gouvernement, l’état des
finances du futur système de retraites n’est pas du tout dans un état
catastrophique. S’il est indispensable de tenir un équilibre financier à moyen
et long terme du système, cela peut se faire sans un nouveau report de l’âge de
départ à la retraite. De nombreux autres leviers existent et peuvent être
utilisés de façon complémentaire.
Des insuffisances dans
le projet de réforme
Le projet de réforme des retraites doit être amélioré sur au moins 3
sujets :
– La prise en compte de la pénibilité : les quatre critères de pénibilité
(risques chimiques, port de charges lourdes, postures pénibles, vibrations)
écartés en 2017 doivent être enfin pris en compte pour permettre à plus de
600 000 personnes supplémentaires de partir plus tôt à la retraite
(métiers du bâtiment, des travaux publics, de l’agroalimentaire, de la santé…)
– Un dispositif de retraite progressive digne de ce nom pour offrir aux
travailleurs une plus grande liberté des modalités de départ à la retraite.
– Un minimum de pension pour une carrière complète plus élevé, le projet
prévoit 1000€, ce qui est en dessous du seuil de pauvreté (1041 €).
Enfin, il est indispensable de sécuriser la transition des travailleurs des
régimes spéciaux et des fonctions publiques, notamment concernant les mesures
de compensation et de revalorisation salariale.