Réforme des retraites : les discussions commencent … vers quelle fin ?

Après avoir été tenté de passer en force une réforme des retraites et un report de l’âge de départ, l’exécutif a finalement décidé de ne pas utiliser l’examen du budget de la sécurité sociale ces prochaines semaines pour réformer les retraites et d’ouvrir une période de concertation avec les partenaires sociaux jusqu’à la fin de l’année. La CFDT a pris acte d’une inflexion qu’elle réclamait et elle a participé à la première réunion qui a eu lieu le 5 octobre avec des exigences.

La première exigence concerne le fond des discussions.

Une concertation exige loyauté et transparence. Cela nécessite d’expliquer clairement les enjeux, y compris financiers, avant de focaliser le débat sur les remèdes. La CFDT exige donc que les objectifs de la réforme des retraites envisagée par le gouvernement soient clairement affichés. S’agit-il de discuter de l’équilibre du régime, de la correction des injustices du système actuel ou de financer des politiques publiques indispensables comme la santé, l’éducation ou la transition écologique ?

Sur tous ces points, la CFDT a des propositions à avancer et des revendications à faire valoir. La CFDT reste attachée à une réforme globale du système pour plus de justice sociale et pas à un catalogue de mesures. Elle réaffirme son refus d’un report de l’âge légal de départ à 65 ans qui pénaliserait les travailleurs dits de deuxième ligne qui ont contribué à soutenir le pays pendant le Covid, les femmes et les salariés qui ont commencé à travailler tôt.

La CFDT exige une véritable concertation sur le minimum de pension, la pénibilité, les carrières longues, les fins de carrière, l’emploi des seniors tant dans le privé que dans le public. Autant de sujets qui nécessitent des décisions de l’exécutif et l’implication de tous les acteurs et notamment du patronat.

Le jeudi 5 octobre s’est donc tenue au ministère du Travail le lancement de la concertation pour la réforme des retraites. Elle a réuni autour du ministre Olivier DUSSOPT et de son cabinet les différentes organisations syndicales (CFDT1, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa et FSU) et patronales (Medef, CPME, U2P et FNSEA).

Présentation de la méthode

La première réunion du 5 octobre a été consacrée principalement à la présentation de la méthode de la concertation. Le ministre a rappelé que l’objectif est de finaliser le contenu d’une réforme avant la fin de l’année 2022, pour ensuite déposer un projet de loi début 2023 et aboutir à son adoption à la fin mars.

La concertation qui s’ouvre s’organisera autour de trois cycles de réunions bilatérales entre le ministère et chaque organisation. Chaque cycle abordera une thématique avec un calendrier espace :

– 1er cycle à partir du 10 octobre : emploi des séniors et prévention de l’usure professionnelle

– 2ème cycle à partir du 7 novembre : équité et justice sociale (basses pensions, carrières hachées, régimes spéciaux, fonction publique, etc.)

– 3ème cycle à partir du 28 novembre : équilibre financier du système de retraite

La conclusion de la concertation est prévue pour mi-décembre.

Réaction de la CFDT

La CFDT a d’abord exprimé sa satisfaction de l’ouverture de cette concertation, ce qu’elle avait demandé pour éviter un passage en force dans le PLFSS.

Elle se satisfait des cycles proposés car ils traitent la question des retraites dans sa globalité. Le fait que le 1er cycle porte sur l’emploi des séniors et la prévention de l’usure, montre bien que les retraites doivent embarquer en amont les questions de travail et d’emploi.

La CFDT est en revanche revenue sur le calendrier proposé qu’elle juge beaucoup trop contraint : « le contenu des discussions ainsi que l’objectif de trouver des points de convergence sont plus importants que de tenir le calendrier à tout prix ».

Elle a interpellé le ministre sur le fait que dans la présentation des thèmes avancés, il n’est pas question de l’égalité femme/homme.

Elle a souhaité par ailleurs intégrer dans la discussion la question du Compte Epargne Temps Universel (CETU) au titre de l’articulation des différents temps professionnels.

Enfin, la CFDT a interrogé le ministre sur le fait de savoir quel est l’objectif exact de la réforme : s’agit-il de l’améliorer avec des droits nouveaux et de répondre aux besoins de financement ou s’agit-il de financer d’autres politiques dans un objectif de dépenses publiques qui dépasse le seul système de retraite ?

Comme la CFDT, les autres organisations syndicales ont rappelé leur opposition à une mesure de report de l’âge légal.

Côté organisations patronales, le Medef a rappelé qu’il y a bien un enjeu financier qui justifie qu’il y ait une augmentation de la quantité de travail. Plus globalement, pour eux, la retraite n’est pas un sujet d’âge et il faut avancer sur l’emploi des séniors. Pour la CPME, dans cette réforme, il y a un enjeu de valeur travail. Il faut valoriser une carrière complète avec un minimum de retraite décent ou encore répondre à l’enjeu de la pénibilité à condition de l’aborder collectivement et par le biais de l’exposition réelle. L’U2P approuve un recul de l’âge légal si des mesures spécifiques sont envisagées. La FNSEA enfin est revenues sur le sujet de l’usure professionnelle et de la convergence des règles entre régimes.

Réponse du ministre

Sur le calendrier, il maintient l’objectif d’une fin de concertation à la mi-décembre. Il a toutefois souligné que les différents points arbitrés en fin de concertation ne connaîtront pas les mêmes modalités de mise en œuvre : il y aura d’une part ce qui dépend du réglementaire et donc d’une mise en œuvre rapide, d’autre part ce qui demande l’adoption d’une loi et donc du calendrier législatif et, enfin, possiblement ce qui dépend d’une négociation interprofessionnelle.

Sur l’objectif de la réforme, le ministre a clairement dit qu’il s’agit d’améliorer le système et de répondre à son besoin d’équilibre financier. Pour lui, l’équilibre passe par l’augmentation du volume de travail et donc, par la durée travaillée et le plein emploi.

Concernant l’égalité femme/homme, le ministre a répondu que ce sujet fait partie du 2ème cycle de la concertation.

Les premières réunions bilatérales seront organisées la semaine prochaine.

Déclaration intersyndicale CFDT, CGT, FO, CFE-CGC,CFTC, Unsa, Solidaires, FSU, Fage, Unef, La voix lycéenne, Fidl, et MNL

L’intersyndicale, réunie le 3 octobre à Bagnolet, a pris acte de la volonté du gouvernement d’ouvrir des consultations concernant notre système de retraite. Il faut que le gouvernement précise ses intentions, ses éléments de diagnostics, la méthode de concertation et ses objectifs.

Attachées au système par répartition, les organisations syndicales se disent ouvertes pour mener des concertations qu’elles souhaitent loyales et transparentes pour plus de justice sociale. Celles-ci doivent porter sur les dispositifs de carrières longues, de pénibilité et d’usure au travail, de transition emploi retraite et de fins de carrière, d’emploi des séniors, de minimum retraite, de financement du régime et d’égalité femme/homme. Sur ces questions, les organisations syndicales travailleront ensemble pour porter des revendications communes. Les organisations syndicales réaffirment que l’ensemble de ces sujets ne nécessitent pas de réforme paramétrique.

Les organisations syndicales réaffirment ainsi qu’elles sont, comme la majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite et à une augmentation de la durée de cotisation. Pour l’intersyndicale, des alternatives y compris financières existent et doivent faire l’objet de discussions.

Dans ce contexte, nos organisations syndicales rappellent qu’un salarié sur 2 arrivant à l’âge de départ à la retraite n’est plus en activité (invalidité, chômage, minima sociaux…). Ainsi, toutes mesures d’âge ne feraient que précariser encore les actuels et futurs travailleurs et travailleuses. Cela ne générerait par ailleurs, aucune économie pour notre système car conduirait à un transfert financier vers l’assurance chômage et pour l’invalidité et les minima sociaux, vers notre système de protection sociale.

Nos organisations appellent les actuels et futurs travailleurs et les travailleuses à se réunir et débattre, et n’hésiteront pas à construire tous les moyens d’action nécessaires si le gouvernement demeurait arcbouté sur son projet.

Dans ce contexte d’incertitude pour les travailleurs et travailleuses, l’intersyndicale a décidé de se réunir à nouveau courant octobre.

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Eric MARECHAL
Eric MARECHAL
2 années il y a

On ne lâche rien !!!

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réflexion action
réflexion action
2 années il y a

Ne rêvons pas. Le vrai discours tient dans les différentes évolutions des caisses de retraites depuis des décennies. Absortions, concentrations, intégrations, assimilations, puis disparitions des anciennes caisses et leur nom. Une seule règle diminuer le plus possible le coût global pour un cotisant (adhésion comprise) et le versement des pensions. En bout de course, la chaine de valeur de bout en bout (intégration de tous les régimes) sera la moindre. Pourtant les conséquences seront importantes pour l’emploi et la représentation des salariés. L’assurance retraite qui au passage est devenue une assurance et les Urssafs deviendront les bras armés de l’état. La pyramide d’âge jouant encore quelques années sera la variable d’ajustement. In fine les régimes de retraites par répartitions disparaîtront devant la toute puissance de l’état qui aura la main sur les taux de cotisations et la valeur du point retraite. Cela fait des dizaines d’années que l’état et le patronat se dont mis d’accord sur cette échéance.

Ce sera également une mise sous tutelle des représentants du personnel.

Et le patronat me direz vous que va t’il gagné ? Eh bien les milliards d’euros pour les retraites privées ou fonds de pension. Ce sera la vache à lait pour les assureurs mais pour les salariés, une baisse du pouvoir d’achat pour avoir une retraite pour vivre.

Les outils informatiques non investis dans les caisses Agirc Arrco arrivent trop tard. Ensuite le prochain chantier sera l’assurance maladie. En toile de fond payer cher une cotisation maladie
Pour avoir une couverture complète.

Les politiques et le grand patronat ont tous les dés pour les années à venir.

Toute défiscalisation et suppression de cotisation sont un désastre pour l’équilibre des comptes.
Les Organisations Syndicales doivent combattre les décisions et proposer des alternatives sociales et financières pour conserver notre modèle social.
Faites Souffler un vent d’avenir pour nos enfants et petits-enfants.

Cordialement
Retraité informaticien de caisses de retraites

ISA
ISA
2 années il y a

On peut se satisfaire de rencontres par thématiques qui tente d’élargir l’étude à des sujets plus vastes (emploi des séniors, éga H/F, pénébilité). Sans doute des projets aussi de revoir les modalités de départ anticipé (carrière longue, retraite progressive)Je reste toutefois sceptique sur l’aboutissement d’une simplification/regroupement des 42 régimes encore existants, une intention initiale reprise ou non dans ces négocations à venir ? . Un vrai sujet pour les jeunes qui vont “slalomer” dans leurs parcours professionnels dans ces différents régimes.
toucher aux régimes spéciaux ce sera encore un blocage !

Avenir des caisses de retraites, réflexion
Avenir des caisses de retraites, réflexion
Réponse à  ISA
2 années il y a

Pour les jeunes de 25 ans et plus, la retraite n’est pas inscrite dans leur quotidien tant les nouvelles ne sont pas claires. Il ne faut pas mélanger les régimes obligatoires avec les retraites complémentaires. A ce jour l’assurance vieillesse compte 42 caisses de retraite dont plusieurs sont très petites, réparties en caisses de retraite de base, de caisses de retraite complémentaires. Chacune correspond à un secteur d’activité et à un statut professionnel spécifique avec ses règles. Celles-ci sont hors AGIRC ARRCO (privées). Sur ces caisses, les plus importantes sont la CNAV, la MSA, etc…. Quand à L’AGIRC ARRCO, elle pilote et coordonne 12 groupes affiliées et les CICAS, celles-ci administrées par les partenaires sociaux . Vérifiez combien il existait de caisses il y 20 ans, 30 ans, 40 ans, 50 ans…. Cette évolution le semble nécessaire, la mise en œuvre état – patron est autre chose. Je vous renvoie à un président ( élu en 1981 ) qui a fait tout changer dans le paysage des retraites et des réflexions du COR, fer de lance de l’état. Donc je persiste dans mon analyse et l’examen du projet le loi au parlement donnera une cible sur ce sujet.