Élisabeth Borne, la ministre des Transports, a présenté le « projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire » lors du dernier Conseil des ministres du 14 mars. Il habilite le gouvernement à prendre par ordonnances les mesures nécessaires à la réforme du rail, que souhaite lancer le gouvernement d’ici à l’été 2018. En réponse les fédérations de cheminots appelaient à une journée de mobilisation le 22 mars avant une grève en pointillé à partir du 3 avril.
L’évolution de l’organisation de la SNCF, les conditions de recrutement et les modalités d’ouverture à la concurrence sont les têtes de chapitre de ce projet. Une « transformation » annoncée comme un « pacte » avec la SNCF, et reposant sur deux piliers : d’une part, la réforme conduite par l’État, « qui assurera les investissements nécessaires à la fiabilité du réseau et au développement du transport ferroviaire » ; d’autre part, la réforme conduite par la SNCF d’après la feuille de route présentée le 15 mars par ses dirigeants afin d’améliorer la performance du groupe.
10 jours pour éviter le conflit
À demi-mot, l’État reprendrait une partie de la dette de la SNCF en échange des gains de productivité de l’entreprise. Un pacte donnant-donnant qui serait acceptable s’il n’avait pas d’entrée de jeu stigmatisé les cheminots : la suppression du statut pour les futurs embauchés, annoncée de façon brutale sans avoir au préalable précisé ce qui fera partie du sac à dos social des personnels à la suite de la libéralisation du secteur, a envenimé les discussions. « La dette de la SNCF n’est pas celle des cheminots ! », martèle Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT-Cheminots. « Elle est le résultat des politiques étatiques qui ont fait le choix de multiplier les lignes très coûteuses des TGV. »
Dénonçant en intersyndicale la méthode du gouvernement, qui n’affiche « aucune volonté réelle de négocier » malgré les concertations en cours, trois des quatre syndicats représentatifs (CGT, Unsa, CFDT) ont déposé un préavis de grève en pointillé (deux jours d’arrêt de travail sur cinq) du 3 avril au 28 juin. Sud Rail, partisan d’une grève plus dure, décidera le 4 avril de la forme de mobilisation choisie.
La CFDT répète qu’elle préfère le compromis au conflit et attend dans les deux semaines à venir que les concertations aboutissent à un pacte social capable de rassurer les salariés.