Dans la rue aux côtés des actifs, la CFDT Retraités dénonce des annonces gouvernementales trompeuses, notamment sur les petites retraites. “Cela décrédibilise la parole politique”, s’indigne la secrétaire générale Dominique Fabre.
Pourquoi la CFDT-Retraités appelle-t-elle à manifester alors qu’aucun effort n’est demandé aux personnes déjà à la retraite dans le projet du gouvernement ?
Dominique Fabre. Tout d’abord par solidarité avec les salariés car, après tout, ce sont nos enfants et nos petits-enfants. Ils doivent pouvoir bénéficier d’un vrai temps à la retraite, comme la génération qui les a précédés. Ce n’est que justice.
Repousser l’âge légal de départ de deux années, c’est demander des efforts aux personnes qui ont commencé à travailler tôt et ont souvent eu les métiers les plus pénibles. Nous ne pouvons pas l’accepter.
Ensuite, s’il est vrai que les retraités ne sont pas mis à contribution dans cette réforme, il ne faut pas oublier qu’ils l’ont été très fortement au cours du précédent quinquennat d’Emmanuel Macron. Avec l’inflation, la période est difficile pour beaucoup de retraités, et les annonces du gouvernement à propos des petites retraites sont loin d’être à la hauteur des enjeux.
Tu parles de la promesse faite par le gouvernement d’un minimum retraite égal à 85 % du Smic pour une carrière complète au Smic ?
Oui, parler d’une retraite minimale à 1 200 euros brut pour une carrière complète est loin de correspondre à la réalité. Il ne faut pas laisser croire aux gens de telles contre-vérités. La pension de beaucoup de retraités n’atteindra pas ce montant car le mécanisme qui a été imaginé se fonde sur des estimations de retraites complémentaires, lesquelles ne reflètent pas la réalité. Les femmes qui ont travaillé à temps partiel n’atteindront pas les 1 200 euros, par exemple.
De plus, je rappelle que la revendication de la CFDT est qu’un salarié au Smic pendant toute sa carrière doit pouvoir prétendre à une pension au niveau du Smic et non à 85 % de celui-ci. Alors que le minimum vieillesse a été fortement revalorisé [il est à 961 euros aujourd’hui], on voit bien que le minimum contributif n’a pas suivi. Il faut donc relativiser ce que le gouvernement annonce comme une grande avancée pour les petites pensions, car cela va faire un paquet de déçus.
“Une contre-vérité” : l’expression est forte !
Je l’assume totalement. C’est catastrophique, car cela décrédibilise la parole publique et fait le jeu des partis extrêmes. Le flou entretenu autour des carrières longues soulève lui aussi de nombreuses inquiétudes. Nous n’avons jamais reçu autant de questions sur l’avenir de ce dispositif !
C’est incroyable que le gouvernement envisage de changer les règles dès le 1er septembre de cette année. C’est nier que partir en retraite, c’est quelque chose qui se prépare. Les gens ont fait des choix de vie, des projets et sont aujourd’hui plongés dans l’incertitude. Enfin, beaucoup de questions essentielles des futurs retraités n’obtiendront même pas de réponses dans la loi ; il faudra encore attendre les décrets d’application. C’est particulièrement anxiogène.
ou l’art d’appâter le chaland avec des infos erronées pour faire passer la pilule…heureusement que les syndicats comme la CFDT veillent et font preuve de pédagogie des dessous de cette réforme infâme…