Les dernières statistiques de l’Insee dressent un tableau sombre de la situation sociale en France. En 2023, le taux de pauvreté a atteint un niveau record de 15,4%, touchant près de 9,8 millions de personnes – soit 650 000 de plus qu’en 2022. Cette hausse brutale représente la progression la plus rapide jamais enregistrée d’une année sur l’autre.
Un creusement inédit des inégalités
L’écart entre riches et pauvres s’est dangereusement accentué. Alors que les 10% les plus modestes ont vu leur niveau de vie diminuer de 1% en euros constants, le niveau de vie plancher des 10% les plus aisés a augmenté de 2,1%. Concrètement, cela représente une perte de 140€ pour les plus pauvres contre un gain de 980€ pour les plus riches.
L’indice de Gini, qui mesure les inégalités, s’est approché dangereusement de son maximum historique en atteignant 0,297. Plus alarmant encore, les 20% les plus aisés ont perçu 4,5 fois plus de revenus que les 20% les plus modestes – un record depuis le début des mesures en 1996.
Les causes de cette dégradation
Plusieurs facteurs expliquent cette situation préoccupante :
- La fin des mesures exceptionnelles de soutien au pouvoir d’achat mises en place en 2022
- Une revalorisation insuffisante des aides au logement face à l’inflation
- La réforme de l’assurance chômage, réduisant la durée d’indemnisation
- L’augmentation des temps très partiels, passés de 22% à 24% de l’ensemble des temps partiels
- Les difficultés croissantes des travailleurs indépendants, dont les revenus ont chuté de 4,5% en euros constants
Les populations les plus touchées
Certains groupes ont particulièrement souffert de cette dégradation sociale :
- Les familles monoparentales : hausse de 2,9 points du taux de pauvreté, atteignant 34,3%
- Les chômeurs : taux de pauvreté de 36,1% (+0,8 point)
- Les inactifs non retraités : taux de pauvreté de 37,3%
- Les travailleurs indépendants : taux de pauvreté de 19,2% (+0,9 point)
Le bilan du quinquennat
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, le bilan social est préoccupant : 1,2 million de personnes supplémentaires sont tombées dans la pauvreté, faisant grimper le taux de 13,7% à 15,4%. Dans le même temps, les plus riches ont vu leur niveau de vie plancher augmenter de 4,4%.
Face à ces chiffres alarmants, une réorientation profonde des politiques économiques et sociales apparaît nécessaire pour inverser cette tendance et réduire les inégalités qui fragilisent le tissu social français.
Les annonces du Premier Ministre sur le prochain budget répondent-elles à cet objectif ?
Pour la CFDT, ces annonces formulées ne répondent en rien à ce défi. Elles prévoient des efforts significatifs et très concrets pour les salariés et les agents de la fonction publique. Mais des mesures très floues et imprécises pour les plus hauts revenus et les entreprises.
