Le recul de l’âge retraite aura un coût pour les institutions de prévoyance

Alors que le gouvernement s’interroge sur un éventuel recul de l’âge de départ à la retraite, un effet indirect important de cette mesure sera le coût de plus d’un milliard d’euros pour les assureurs prévoyance.

Lors de la réforme des retraites de 2010 qui avait fait passer l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, le coût de cette mesure avait été estimé à 3,5 milliards d’euros pour l’ensemble des assureurs prévoyance, dont 1,5 milliard pour les institutions de prévoyance, selon le Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP).

En effet, les assureurs avaient dû provisionner deux années supplémentaires de rentes invalidité puisque le salarié en activité perçoit ses indemnités pour invalidité jusqu’à son départ en retraite, sans que les cotisations correspondantes aient été versées.

En cas de recul de l’âge légal, l’effet sera le même, sauf si la réforme ne s’applique pas sur le stock de personnes qui sont actuellement en invalidité, mais uniquement sur les nouvelles personnes qui déclareront une invalidité à partir de la date d’entrée en vigueur de la réforme.

A l’échelle d’AG2R Prévoyance, une mesure qui s’appliquerait sur le stock aurait un coût estimé de 300m€. En comparaison, les résultats de la SGAM AG2R LA MONDIALE en 2020 étaient de 222 m€. Les résultats d’AG2R Prévoyance s’élevaient aux à – 44m€.

Il faut dire que la crise sanitaire a impacté fortement le marché de la prévoyance collective. En effet, cette crise a augmenté la sinistralité prévoyance, principalement les arrêts de travail, et de manière mineure les décès. Le volume de cotisations, qui sont assises sur la masse salariale, elle-même en diminution sensible du fait de l’activité partielle en 2020 de la récession économique et des défaillances d’entreprises en 2021, a diminué. Par ailleurs, ont augmenté les pertes liées aux impayés pour 2020, alors que les prestations ont été versées, car le gouvernement avait demandé de surseoir aux mises en demeure pendant 3 mois au plus fort de la crise.

Il faut ajouter le coût de la portabilité (dispositif qui prévoit le maintien gratuit pendant douze mois au maximum d’une couverture santé et prévoyance pour les salariés dont la rupture du contrat de travail ouvre droit à l’indemnisation chômage), qui s’est très peu matérialisé en 2020 du fait du soutien public (activité partielle et PGE), mais qui devrait être plus important en 2021 et 2022 en raison de la remontée attendue des défaillances d’entreprises et du chômage.

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