Le PAPRIPACT 2025 : enjeux et défis dans la prévention des risques professionnels chez AG2R La Mondiale

Alors que l’entreprise prépare son Programme Annuel de Prévention des Risques Professionnels et d’Amélioration des Conditions de Travail (PAPRIPACT) pour 2025, une réunion de la Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail (CSSCT) le 16 juillet a mis en lumière les défis structurels auxquels fait face AG2R La Mondiale dans sa politique de prévention.

Un document incomplet qui suscite des interrogations

Le PAPRIPACT 2025, actuellement élaboré sous format Excel, présente plusieurs lacunes identifiées par les membres de la CSSCT. « L’absence d’indicateurs de résultats et de coûts pour évaluer l’efficacité des actions » constitue le principal point de critique. Les membres de la CSSCT notamment ceux de la CFDT ont souligné que cette absence ne permet pas de mesurer la pertinence des mesures d’amélioration proposées.

Face à ces critiques, l’équipe QVCT (Qualité de Vie et Conditions de Travail) a reconnu ces limitations, les attribuant en partie à l’outil utilisé et au manque de ressources humaines dédiées à la prévention des risques professionnels. La responsable de l’équipe a indiqué qu’un nouvel outil informatique, WINLASSIE, sera déployé au dernier trimestre de l’année pour améliorer le suivi des actions.

Transition vers un nouvel outil de gestion

L’outil WINLASSIE apparaît comme une solution prometteuse pour remédier aux problèmes actuels. Il permettra une meilleure collaboration entre les différents acteurs et facilitera la création de documents plus complets, incluant les coûts et indicateurs manquants actuellement.

La mise en place de cet outil coïncidera avec une évolution importante : le passage d’un PAPRIPACT uniquement national à une déclinaison à deux niveaux – national pour les actions communes à tous les sites, et local pour les spécificités de chaque établissement. Les chefs d’établissement et les représentants de proximité auront accès à l’outil pour assurer une meilleure implémentation locale. La CFDT demande demande depuis de nombreuses années cette déclinaison qui permet de coller aux réalités locales.

La prévention de la désinsertion professionnelle en question

Un point particulier a retenu l’attention : les dispositifs de prévention de la désinsertion professionnelle. L’entreprise envoie environ 350 courriers trimestriels proposant des rendez-vous de liaison aux salariés en arrêt de plus de 45 jours, mais aucun indicateur ne permet actuellement de savoir combien de ces rendez-vous sont effectivement réalisés. « Ces dispositifs restent encore à la marge, » a reconnu un membre de l’équipe QVCT, « mais ils peuvent déterminer une qualité de reprise quand il y a une reprise à la clé. » La direction s’est engagée à mettre en place un suivi plus précis de ces actions dans le futur outil.

C’était une demande forte de la CFDT lors de la négociation de l’accord QVCT : avoir la capacité d’analyser les chiffres liés à l’absentéisme. Nous attendons donc avec impatience la méthodologie promise par la direction à la rentrée.

Les conditions climatiques : vers une systématisation des réponses

La question de l’adaptation des horaires en cas d’intempéries ou de canicule a également été abordée. Actuellement, les décisions d’aménagement des horaires (7h-15h) sont laissées à la discrétion des chefs d’établissement, ce qui crée des disparités entre les sites.

Les membres de la CSSCT ont plaidé pour une systématisation de ces mesures : « Pourquoi ce n’est pas automatisé ? Les canicules et les intempéries diverses et variées vont continuer à se produire. Ça ne coûte rien à AG2R puisque les gens vont rattraper leur temps, » a souligné la CFDT. L’équipe QVCT s’est engagée à aborder ce sujet avec la direction pour encourager une application plus proactive et uniforme.

Des moyens humains insuffisants

Un constat alarmant est ressorti des discussions : l’insuffisance des ressources humaines dédiées à la prévention des risques professionnels. « Comment peut-on parler d’amélioration des conditions de travail quand la personne chargée par la direction de travailler sur les conditions de travail a elle-même de mauvaises conditions de travail ? » s’est interrogé la CFDT.

La direction a reconnu ce problème et annoncé son intention d’étoffer le périmètre de la prévention des risques professionnels, avec une présentation prévue en septembre.

Communication et visibilité des actions

Un autre point d’amélioration identifié concerne la visibilité des actions mises en place. Les représentants ont souligné que les salariés ont peu de visibilité sur les dispositifs existants, notamment en raison d’informations obsolètes sur l’intranet de l’entreprise.

L’équipe QVCT s’est engagée à mettre à jour les informations disponibles et à améliorer l’accès aux ressources pour les salariés.

Médecine du travail : au cœur des tensions entre représentants du personnel et direction

La place et le rôle de la médecine du travail constituent un point de friction notable entre les représentants du personnel et la direction d’AG2R La Mondiale, comme le révèlent les discussions autour du PAPRIPACT 2025. Cette divergence de vues reflète un débat plus large sur la prévention des risques professionnels dans l’entreprise.

Une absence remarquée aux réunions stratégiques

Les membres de la CSSCT déplorent l’absence du médecin du travail lors des réunions cruciales concernant la santé et la sécurité des salariés. « Il n’y a pas d’obligation à faire en sorte qu’il vienne ? », s’interroge l’un d’eux, soulignant l’importance de cette expertise médicale dans les discussions relatives aux conditions de travail.

La direction reconnaît cette difficulté mais l’attribue à des contraintes externes : « Ils n’ont pas la même disponibilité pour les grandes entreprises que pour les petites structures ». Cette justification ne satisfait pas pleinement la CFDT qui estime que l’expertise médicale est indispensable pour évaluer correctement les risques professionnels.

Une question de taille et de structure

La complexité de la structure d’AG2R La Mondiale est régulièrement évoquée comme un obstacle à l’implication efficace de la médecine du travail. « Même les concepteurs de logiciels nous disent qu’on est une structure un peu… Il n’est pas forcément simple », admet un membre de la direction.

Cette complexité organisationnelle conduit à une situation paradoxale : alors que les grands groupes disposent théoriquement de plus de moyens pour la prévention des risques professionnels, ils peinent davantage à intégrer la médecine du travail dans leur fonctionnement quotidien.

Des solutions alternatives proposées

Face à cette situation, les membres de la CSSCT suggèrent des alternatives : « Si le médecin du travail n’est pas disponible ou n’ose pas venir, peu importe, elle a toujours moyen d’envoyer quelqu’un d’autre. » Cette proposition vise à garantir que l’expertise médicale soit systématiquement représentée lors des discussions sur la santé au travail.

La direction, tout en reconnaissant la pertinence de cette demande, semble hésitante quant aux modalités pratiques de sa mise en œuvre.

Vers une meilleure intégration de la médecine du travail

Pour dépasser ces divergences, plusieurs pistes sont envisagées pour le PAPRIPACT 2025 :

  • La formalisation d’un protocole de collaboration avec la médecine du travail, incluant des modalités de participation à distance aux réunions stratégiques
  • La mise en place d’un système de contributions écrites préalables aux réunions lorsque la présence physique n’est pas possible
  • L’intégration plus étroite de la médecine du travail dans le nouvel outil WINLASSIE pour faciliter les échanges d’informations
  • La désignation d’un référent médical au sein de l’équipe QVCT pour assurer la liaison avec les services de médecine du travail

Ces propositions visent à concilier les attentes des membres de la CSSCT, qui souhaitent une médecine du travail plus présente et impliquée, et les contraintes pratiques évoquées par la direction.

Un enjeu qui dépasse AG2R La Mondiale

Cette tension autour du rôle de la médecine du travail n’est pas propre à AG2R La Mondiale. Elle reflète une problématique nationale plus large : la pénurie de médecins du travail et les difficultés structurelles de la médecine du travail à répondre aux besoins des grandes organisations.

L’évolution du PAPRIPACT 2025 sera révélatrice de la capacité de l’entreprise à trouver un équilibre entre ces positions divergentes, pour une meilleure prise en compte de la santé des salariés dans un contexte où les risques professionnels, notamment psychosociaux, sont de plus en plus prégnants.

Perspectives d’avenir

Si l’année 2025 s’annonce comme une période de transition avec la mise en place du nouvel outil, plusieurs actions concrètes ont été planifiées :

  • Le déploiement de l’outil WINLASSIE au dernier trimestre
  • La mise en place d’un suivi des rendez-vous de liaison
  • L’organisation d’une réunion en septembre sur les dispositifs d’alarme dans les agences
  • La formation des représentants du personnel volontaires sur la prévention des risques professionnels
  • L’organisation de webinaires sur l’ergonomie au poste de travail

Ces mesures témoignent d’une volonté d’amélioration et d’une dynamique bien plus visibles que par le passé, mais la CFDT reste vigilante quant à leur mise en œuvre effective dans un contexte où les moyens semblent encore insuffisants au regard des ambitions affichées.

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Niccir17
Niccir17
1 mois il y a

Concernant la médecine du travail, les préconisations de cette dernière ont parfois du mal à être mises en place alors est-ce que la santé des collaborateurs est vraiment une préoccupation…