Est-il équitable qu’un dirigeant de notre groupe gagne 40 fois plus que le plus petit salaire de l’entreprise ? Est-il admissible qu’un dirigeant demande à ses collaborateurs d’accepter une perte de pouvoir d’achat au nom de la crise économique alors qu’il s’octroie un salaire annuel deux fois supérieur à l’enveloppe des augmentations collectives de plus de 6000 salariés ?
Il n’est pas question pour la CFDT de faire du populisme et de prétendre que nos dirigeants doivent être payés selon les mêmes normes que l’ensemble des collaborateurs du groupe.
Il est évident que pour attirer dans le Comité de direction AG2R LA MONDIALE les meilleurs profils, il est nécessaire de les payer au risque, sinon, qu’ils ne partent à la concurrence.
C’est d’ailleurs le principal argument de la Direction générale aux critiques de la CFDT : « nous faisons régulièrement des Benchmarks et nous pouvons considérer que nos dirigeants sont payés dans la moyenne des rémunérations des compagnies d’assurance. »
Mais cet argument met de côté une réalité : l’ADN d’AG2R est celui d’un groupe de protection sociale à but non lucratif. Notre groupe est issu de la volonté des partenaires sociaux de créer un régime de retraite, puis un régime de santé et de prévoyance complémentaires au régime de base pour améliorer la couverture sociale des salariés. A ce titre, AG2R LA MONDIALE fait clairement partie de l’économie sociale.
Dans ces conditions, il est contre nature de comparer le salaire du Directeur général d’AG2R LA MONDIALE avec celui du dirigeant d’AXA, compagnie d’assurances qui rémunère des actionnaires. Est-il d’ailleurs nécessaire pour notre groupe d’attirer les mêmes profils de dirigeants qu’AXA, GENERALI ou ALLIENZ dont le seul but est de générer des profits ?
Nous pouvons aussi analyser la situation sous un autre angle : celui de la transparence et du choix de critères.
La révolution managériale opérée dans le passé a conduit à ce que le variable, censé rémunérer la performance, ne reconnaisse et ne rémunère plus que la seule performance financière. Ne doit-on pas aujourd’hui exiger la transparence des critères de rémunération et imposer d’autres critères d’évaluation comme la responsabilité sociale des entreprises, les relations de sous-traitance, les conditions d’emploi et de rémunération des salariés ?
Dans un groupe de protection sociale comme le nôtre, cette ligne de conduite devrait être une évidence.
Or, la transparence sur les critères de rémunération de nos dirigeants n’est pas de mise chez nous, bien au contraire. Pour éviter que le CSE, qui peut selon la loi avoir une vision sur la rémunération des plus hauts dirigeants d’une entreprise, ne mette son nez dans leurs petites affaires, les membres du Comité de Direction du groupe ont créé une petite structure employeur rien que pour eux, La Mondiale Exécutive. Ainsi, ils ont pu mettre en pratique l’adage bien connu « pour vivre heureux, vivons cachés ».
Nous n’avons donc aucune vision précise sur la rémunération de nos dirigeants.
Les dernières informations vérifiées datent de 2016 et elles révélaient que le total des indemnités et avantages en nature des cadres dirigeants était de 9,6 millions d’euros. Certes, cette somme ne correspondait qu’à 3,5% de la masse salariale du GIE AG2R, mais elle représentait aussi 1,5 fois l’enveloppe de la totalité des augmentations collectives et individuelles des collaborateurs et elle était partagée, elle, entre seulement 12 à 15 personnes.
En 2008, le montant était de 6,2 millions d’euros. Une augmentation des frais de personnel de 54% en 8 ans ! Nous aurions aimé voir la même augmentation pour l’ensemble du personnel.
Même si ces chiffres datent, gageons que depuis 2016, les indemnités et avantages en nature versés dans la Mondiale Exécutive n’ont pas diminué, bien au contraire.
A ces rémunérations d’ajoutent un dispositif spécifique de « retraite chapeau » article 39. Ce dispositif prévoit le versement d’une retraite supplémentaire au profit des membres du Comité exécutif égale à 10% du salaire moyen, majoré de à 0,5% par année d’ancienneté, dans la limite confortable de 25% de ce salaire moyen.
Remarquons que ce dispositif existait dans le GIE AG2R avant 2016 pour l’ensemble des salariés, mais qu’il avait été supprimé pour raisons d’économies sur le statut du personnel. Supprimé, mais pas pour tout le monde.
Car la problématique se situe bien à ce niveau : il y a nos dirigeants et le reste du monde AG2R LA MONDIALE.
De plus en plus, on, entend un discours de nos dirigeants sur le statut particulièrement avantageux des salariés AG2R par rapport à celui des autres entreprises. Ce discours est évidemment assorti du constat d’un coût de ce statut lourd à supporter dans le contexte économique actuel.
De telles critiques sont-elles audibles de la part de dirigeants qui s’octroient en toute opacité des avantages salariaux et sociaux peu compatibles avec la période de rigueur budgétaire actuelle ?
Voilà bien longtemps que nos dirigeants ont abandonné le terrain de l’économie sociale ! Tout tourne autour de la rentabilité et notre ADN historique est désormais derrière nous. Le modèle affiché est celui des Compagnies d’Assurance. Plus que jamais, la communication fait la part belle au seule monde patronal et les organisations syndicales sont délaissées. Le paritarisme est mis à mal.
Cette distorsion sur l’art 39 existe aussi pour certains postes au sein du Groupe en fonction du GIE d’appartenance. Et ce,comble de l’ironie, en s’appuyant sur ce qui existait dans les accords d’entreprise du GIE AG2R
de plus en plus pauvres les salariés d’AG2R, les avantage du passé ont disparu.
article bien détaillé. Il pose également le sujet du partage des richesses créées. Dans un groupe tel que le nôtre (à but non lucratif mais avec une tendance libérale forte de la négociation des salaires à l’embauche des dirigeants), il faut penser à une redistribution plus équitable mais aussi pour une vraie reconnaissance qui a complètement disparue depuis plusieurs années.
La sujet est le partage des richesses. La gateau devient de plus en plus petit à partager, car les frais de personnel diminuent. Mais la part du gâteau pour nos dirigeants ne diminue pas. Résultat : qui aura bientôt des miettes ?
Cette situation ne peut plus durer. Nous perdons du pouvoir d’achat depuis plusieurs années, et en 2022 avec l’inflation à 4% cela va être encore pire ! C’est pour quand la grève générale ? Qu’attendent les syndicats ?
A quand la prise de la Bastille Mondiale Executive ?