Le Comité d’Entreprise a rendu le 27 octobre un avis unanime sur la politique sociale du groupe en 2016. Les élus ont insisté sur le fait que cet avis s’appuie sur les résultats de l’étude menée par l’expert désigné par le CE et sur le vécu des salariés du groupe.
Texte de l’avis.
L’emploi.
Nous constatons une baisse accrue des CDI en 2016. A la fin de l’année 2016, le GIE comptait 6287 CDI, contre 6520 à la fin de l’année 2015. C’est donc une baisse de 3,2%, hors contrats suspendus, qui correspond à un solde de – 213 CDI.
Cette baisse n’est pas conjoncturelle, mais représente bien une tendance de fond, en lien avec la politique de réduction des frais de gestion de la direction. Pour rappel, cette diminution était déjà de 3% en 2015.
La réduction des effectifs concerne une grande majorité des métiers. En solde net entre embauches et départs, on peut ainsi relever – 30 postes en DR, dont -25 commerciaux. Pour la gestion ce sont 46 postes de CDI non remplacés .Au global, c’est 1 remplacement pour 3 départs qui s’opère.
Nous nous inquiétons de la perte d’expertise sur des directions très techniques comme l’informatique, le juridique ou l’actuariat. Ces départs naturels sont accentués par une recrudescence de démissions dans ces métiers. En parallèle, certains remplacements sur ces mêmes directions se font sous un statut LA MONDIALE.
Nous nous interrogeons donc sur la volonté de la Direction de pérenniser certains métiers et expertises au sein de notre propre GIE AG2R REUNICA, et sur les motifs de ces démissions. Sont-elles en lien avec les réorganisations ?
Globalement le principal motif de départ est le départ à la retraite (52%), stable par rapport à 2015 (56%).
Une proportion de 7% des effectifs partant à la retraite d’ici 2019, et une faible politique de remplacement, modifient progressivement la structure de la pyramide des âges dans le groupe.
Par conséquent, il est difficile d’appliquer les modalités de l’accord génération, de respecter les engagements en termes d’embauches de jeunes et de transferts de savoir. Nous soulignons que d’une façon générale l’ambitieuse politique en faveur de l’alternance est poursuivie. Fin 2016, Le GIE AG2R REUNICA compte 235 alternants. Cependant elle doit garantir un réel accompagnement, des moyens de formation pour les équipes. Nous rappelons, par ailleurs, que l’emploi d’un alternant n’a pas vocation à suppléer une carence d’effectif.
Les licenciements et ruptures conventionnelles représentent maintenant 13% des départs, principalement dans le secteur commercial. La réorganisation prochaine du réseau de distribution commerciale fait peser une inquiétude supplémentaire sur ce métier.
Concernant la politique de recrutement, les postes sont pourvus à plus de 70% par des mobilités internes.
Nous constatons aujourd’hui que la direction met un frein à ce processus avec la séparation des métiers assurance de personnes et retraite, par le blocage des mutations entre ces 2 métiers.
Le brusque coup d’arrêt donné en 2015 (93 recrutements contre plus de 200 les années précédentes), se confirme en 2016 avec seulement 99 recrutements externes.
Pour compenser la baisse des effectifs et le faible taux de recrutement, la direction continue à recourir aux contrats CDD et à la prestation externe, car l’activité ne décroit pas à cause de l’instabilité des outils et des réorganisations constantes. Nous estimons que ce recours devient abusif.
En effet le pourcentage de CDD présent dans le groupe est supérieur à celui de la branche.
Les couts de la prestation externe augmentent de 12,5% en 2016 avec une hausse sur deux ans de 22% en centre d’appels et de 21,7% en informatique.
Le gain financier par rapport à une gestion interne ne prend pas en compte la dégradation de la qualité de gestion et les coûts engendrés.
Nous continuons à nous interroger sur la pertinence de la sous-traitance dont le bien-fondé et la place dans le groupe ne sont jamais remis en cause. Dans le même registre la délégation de gestion des contrats concurrentiels représente une menace pour nos emplois.
Bassins d’emploi
Une des richesses du groupe, est le maillage régional mais, la spécialisation des centres de gestion envisagée dans un proche avenir risque de mettre en danger :
• Le service de proximité, atout proposé à nos clients
• Les offres d’opportunités de métiers différents pour les salariés du groupe et la mobilité professionnelle
• L’engagement de la direction de maintenir l’emploi par bassins.
REMUNERATIONS
La masse salariale 2016 a baissé de 2,8%.
Cette baisse est essentiellement due au recul important du nombre de CDI, avec un impact de 3,3%.
Mais la proportion de l’effet dit « Noria » sur cette baisse de la masse salariale, devient de plus en plus important dans notre groupe.
En constatant non seulement une baisse importante en 2016 des frais de personnel, il faut aussi souligner que 17 m€ supplémentaires d’économies sur la masse salariale ont été effectués par rapport au budget voté par les CA.
Nous relevons aussi la faible évolution de la rémunération moyenne des collaborateurs. Toutes catégories confondues les augmentations individuelles ont concerné moins de salariés cette année qu’en 2015, avec des disparités importantes suivant les catégories professionnelles.
Soulignons également que dans le cadre de l’application de l’accord égalité professionnelle, nous ne voyons pas d’évolution positive pour réduire les écarts de rémunérations entre les femmes et les hommes à partir de la classe 6.
La faible enveloppe globale consacrée aux augmentations individuelles des CDI, se trouve également amputée par la revalorisation des minimas d’embauches, elle-même alourdie par la politique de recours massif aux CDD avec de faibles salaires. De plus nous déplorons l’absence d’augmentation collective depuis plusieurs années.
Par ailleurs, compte tenu de l’importance des rémunérations variables dans le GIE AG2R REUNICA nous réitérons notre demande relative à leurs modalités de calcul et leurs critères d’attribution.
CONDITIONS DE TRAVAIL
Nous observons une convergence entre la hausse de l’absentéisme en 2016 et la dégradation de certains indicateurs du baromètre social « ma vie au travail ». Les élus du CE ont d’ailleurs demandé pour la 1ère fois cette année un examen plus particulier de cet indicateur d’absentéisme qu’il convient de suivre plus longuement et attentivement dans le temps.
En effet, nous constatons l’augmentation du taux d’absentéisme en 2016, qui passe de 4,6% à 5,2%.
Ce taux plus élevé que la moyenne nationale, demande un approfondissement du lien possible entre l’absentéisme et les conditions de travail. Nous pensons qu’il existe une corrélation avec les réorganisations, la ligne directrice qu’il est demandé aux managers de déployer, et les pénibilités accentuées sur certains métiers.
Pour les 57% salariés qui ont répondu au baromètre « qualité de vie au travail » :
– 50% pensent que les conditions de travail se sont dégradées depuis trois ans, avec comme motif principal l’organisation et la charge de travail ainsi que les procédures.
-45 % jugent que le travail a un impact négatif sur leur santé.
Nous soulignons aussi que cette même enquête fait ressortir une solidarité entre les managers opérationnels, les managers de proximité et leurs équipes, malgré leurs difficultés à déployer la politique économique et sociale de la Direction générale.
Au regard de cette enquête menée depuis plusieurs années dans le groupe, nous regrettons qu’aucune politique de prévention ne soit construite et qu’aucun plan d’action n’ait été établi suite au constat fait au travers de ces résultats.
L’application du nouveau statut et ses interprétations ont créé également des tensions qui elles aussi, ont dégradé les conditions de travail.
Quand au dialogue avec les partenaires sociaux, nous déplorons depuis quelques mois une dégradation de celui-ci, qui se concrétise notamment par des décisions unilatérales de l’employeur et le non-respect des instances représentatives dans certaines régions.
Les avis du CE qui ne sont pas envoyés à l’organe de gouvernance du groupe ne contribuent pas à nous rassurer sur le rôle légitime des instances représentatives du personnel dans le contexte des nouvelles ordonnances sur le code du travail.
Nous pouvons conclure que l’insuffisance de la politique salariale, l’augmentation de la charge de travail, la baisse du nombre de CDI créent une accumulation qui aboutit à un mal être des salariés, qui s’accentue d’année en année.
Fort de ces constats, l’avis des élus du Comité d’Entreprise AG2R REUNICA est négatif sur la politique sociale, les conditions de travail et l’emploi.
Nous voulons que la politique sociale soit la priorité du prochain Plan d’Entreprise, concrétisée par un véritable progrès pour les salariés, toutes catégories professionnelles confondues, qui ont besoin de retrouver le sens de leur engagement au sein du Groupe.
tout à fait d’accord. l employeur bloque les mutations internes des salariés prévoyance santé et retraite
depuis plus de 6 mois alors que les besoins sont criants sur les deux domaines. et après on s étonne que les salariés soient en burn out !