Le gouvernement français a récemment dévoilé une série de mesures visant à combattre la fraude sociale, principalement ciblant les bénéficiaires de prestations sociales. Cependant, cette approche soulève de nombreuses questions quant à sa pertinence et son efficacité.
Des chiffres révélateurs
Selon le Haut Conseil du Financement de la Protection Sociale (HCFiPS), la fraude aux prestations sociales ne représente qu’une fraction modeste des sommes distribuées. Par exemple, la fraude au RSA s’élève à environ 1,5 milliard d’euros, tandis que celle liée à l’assurance chômage ne représente que 0,3% des 34,1 milliards d’euros versés en 2023.
En comparaison, la fraude fiscale est estimée entre 80 et 100 milliards d’euros, soit six à huit fois plus que l’ensemble de la fraude sociale. Cette disproportion flagrante questionne les priorités gouvernementales.

Une stratégie mal orientée
Alors que la pauvreté et les inégalités augmentent en France, comme le confirment les récentes statistiques de l’Insee, le gouvernement semble ignorer un problème bien plus préoccupant : le non-recours aux prestations sociales. Plus de 30% des personnes éligibles aux aides comme le RSA ou le minimum vieillesse n’en font pas la demande, souvent par manque d’information ou en raison de la complexité des démarches.
Un enjeu de justice sociale
Comme le souligne l’économiste Gabriel Zucman, la fraude fiscale est fortement concentrée parmi les plus aisés, notamment les propriétaires d’entreprises. « La fraude fiscale est très concentrée parmi les plus aisés, en particulier les propriétaires d’entreprises, pour une raison simple : pour les classes moyennes, cette fraude fiscale n’est souvent guère possible, l’essentiel de leurs revenus provenant de salaires ou de pensions de retraite »
La France perd chaque année près de 12 milliards d’euros à cause des grandes entreprises qui délocalisent dans les paradis fiscaux, et environ 25 milliards supplémentaires s’évaporent via divers montages offshore. La fraude à la TVA ? 30 à 35 milliards d’euros par an.
Face à ces chiffres, la stratégie gouvernementale n’est pas du tout adaptée. Elle cible les plus vulnérables plutôt que de s’attaquer aux véritables sources de pertes pour les finances publiques.