La hausse du ticket modérateur, une bombe à retardement sociale ?

Dans un contexte de débat intense sur l’avenir du système de santé français, le gouvernement envisage une mesure qui pourrait bien bouleverser l’équilibre fragile entre la Sécurité sociale et les complémentaires santé : la hausse du ticket modérateur.

Imaginez un instant : vous vous rendez chez votre médecin pour une consultation de routine. Aujourd’hui, vous payez 30% de la facture. Demain, ce pourrait être 40%. Une augmentation qui peut sembler anodine, mais qui cache en réalité des enjeux cruciaux pour l’avenir de notre système de santé.

Cette mesure, présentée comme une simple réorganisation financière, pourrait avoir des conséquences bien plus profondes qu’il n’y paraît. D’un côté, le gouvernement affirme vouloir réaliser des économies substantielles – plus d’un milliard d’euros ! – en transférant une partie des remboursements vers les complémentaires santé. De l’autre, des voix s’élèvent pour dénoncer une potentielle atteinte à l’universalité de l’Assurance-maladie, pilier fondamental de notre modèle social.

Mais ne nous y trompons pas : derrière ces chiffres et ces débats techniques se cache une question fondamentale – celle de l’équité. Car si cette mesure venait à être appliquée, qui en paierait réellement le prix ? Les experts sont formels : ce sont les plus vulnérables, notamment les personnes âgées et les ménages modestes, qui risquent d’être les plus durement touchés. Une situation qui pourrait creuser davantage le fossé des inégalités en matière de santé. Car c’est bien la question des inégalités qui se pose. La Sécurité sociale est financée par des cotisations proportionnelles au revenu, les contrats d’assurance complémentaire sont payés par des primes qui dépendent principalement de l’âge, les plus âgés étant ceux qui paient le plus cher. Il faut regarder alors la part du revenu d’un ménage absorbée par le paiement de la couverture complémentaire et les sommes qui restent à sa charge, après couverture par la Sécurité sociale et la complémentaire. Et c’est là qu’apparaissent les inégalités selon l’âge et le revenu : ce taux représente ainsi 3,9 % pour les retraités les plus riches (les 20 % du haut de la distribution des revenus), quand les plus modestes (les 20 % du bas) doivent consacrer 9,9 % de leur revenu au financement de leurs soins. Le transfert envisagé par le gouvernement ne peut que creuser le fossé.

Et si l’on poussait le raisonnement plus loin ? Certains craignent que cette décision ne soit que la première étape d’un processus plus large de privatisation partielle de notre système de santé. Une perspective qui soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir de notre modèle de protection sociale.

Face à ces enjeux, une question s’impose : comment préserver l’esprit de solidarité qui a façonné notre système de santé tout en l’adaptant aux défis du 21e siècle ? La réponse n’est pas simple, mais une chose est sûre : le débat ne fait que commencer, et il promet d’être passionné.

Alors que les discussions s’intensifient à l’Assemblée nationale, une chose est certaine : l’avenir de notre santé est l’affaire de tous. Il est temps de s’informer, de débattre et de faire entendre sa voix sur un sujet qui nous concerne tous, aujourd’hui et pour les générations futures.

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Anonyme
Anonyme
23 jours il y a

Il sera important d’avoir un etat d’esprit réaliste (les comptes ne sont pas bons), constructif (aller chercher des mesures d’economie : pourquoi pas comme dans certains pays ne delivrer que le nombre de medicaments au comprimé près, reforme de fond du systeme de soin) et équitable (alignement du public sur le privé, lutte intensive contre la fraude…)…
Il va falloir etre courageux et bouger les lignes car le statu quo serait une solution de facilite.
S’agissant de l’impact sur les OCAM l’impact sera fort et la situation d’ag2rp sera impactee.

Anonyme
Anonyme
23 jours il y a

J’ajouterai que si l acces aux soins est un droit, ce doit etre un droit responsable. Faire un tour aux urgences en region parisienne montre les abus : 90% nont rien à y faire mais cela leur evite de payer quoi que ce soit.
Aussi, à force de croire que ces abus sont minoritaires, nous avons ancré nos esprits que la santé ne coute rien. Si, elle coûte. Et il est important que meme les plus defavorises en prennent conscience…

Anonyme
Anonyme
23 jours il y a

Enfin, oui il est important dans ce contexte d effort a tous les etages que l’AME soit transformee en une AMU. Car là aussi les abus existent. Ca ne fait pas le deficit de la secu. Mais fermer les yeux la dessus c’est ouvrir la porte au Rn.