Le 13 novembre, l’exécution budgétaire 2020 et les principaux axes du budget de fonctionnement du groupe pour 2021 ont été présentés aux membres de la commission économique et financière du CSE.
Impacts de la crise sanitaire.
Les éléments fournis durant la réunion ont été assortis de réserves de la part de la direction, compte tenu du contexte économique incertain dû à la crise sanitaire. Les impacts COVID encore difficiles à évaluer seront significatifs sur le résultat technique et financier de la SGAM.
C’est en prévoyance, dont les pertes seraient estimées à 31 M€ que les impacts seraient les plus forts avec une hausse de la sinistralité et des pertes de cotisations qui seraient néanmoins compensés par des impacts techniques positifs en santé (forte sous-consommation) estimées à 36 M€.
Sans la taxe OCAM, (dont le taux et le périmètre sont encore à l’étude mais couteraient 34 M€), les résultats techniques auraient été quasiment équilibrés.
Le groupe a décidé d’imputer la totalité de cette charge sur le seul exercice, 2020 alors qu’il aurait pu le répartir aussi sur 2021. Cette opération qui dégrade par anticipation le rapport de charge des contrats doit être acceptée par les clients.
Pour la direction le risque d’étaler la charge sur plusieurs exercices serait une difficulté accrue de récupérer le coût de la taxe sur les clients.
En revanche, les résultats financiers devraient plomber les résultats globaux du groupe (-114 €).
Au total, le groupe estime l’impact de la crise sanitaire sur ses résultats à -142 m€ en fin d’exercice 2020 .
Le déficit sur la SGAPS AG2R P est nettement moindre que sur le périmètre La Mondiale, plus dépendant des marchés financiers.
La marge de solvabilité de la SGAM est à 198% sur le premier semestre et baisse de 23 points par rapport à 2019. Mais cette baisse de ratio est similaire à celle des autres acteurs du marché et les agences de notation ont réitéré leur soutien au groupe.
Activité retraite complémentaire.
Sur le périmètre retraite, le constat est que les frais ont diminué de 55% de 2012 à 2020. Le cumul de frais en moins s’élève à 300 M€. Alors que la fédération AGIRC ARRCO impose des économies à horizon de 2022, on peut remarquer que le groupe a déjà atteint la cible.
La CFDT a demandé pourquoi le groupe a-t-il cherché à devancer les obligations qui lui étaient imposées ?
Le leitmotiv de la direction est de tenir la trajectoire Agirc-Arrco tout en améliorant la qualité de nos opérations. Est-ce possible compte tenu du niveau de la réduction des frais effectuée ? Dans le contexte du transfert du recouvrement et de la réforme des retraites, ne doit-on pas viser l’excellence dans notre gestion retraite ?
Or, les économies de fonctionnement ont abouti à une diminution de 83 personnes en 2019 sur l’effectif de l’activité retraite et de 160 en 2020. A même niveau d’activité, comment garantir une bonne qualité de gestion et assumer la charge de travail avec une telle baisse d’effectif ?
La réponse de la direction est qu’elle n’avait pas suffisamment anticipé le nombre de départs (notamment à la retraite) dans l’activité retraite et qu’elle a été confrontée à des difficultés de recrutement. Elle affirme de façon appuyée que l’objectif n’est pas de diminuer les effectifs.
Remarquons que suivant les interlocuteurs de la direction, les discours peuvent être différents. La direction retraite affirme qu’il faut être prudent dans les recrutements dans un contexte où il faudra reclasser les salariés concernés par le transfert du recouvrement à l’ACOSS. C’est pourquoi elle a suspendu le plan d’embauches prévu en 2019. La direction financière indique, quant à elle, que les budgets ne prévoient aucune baisse d’effectifs. Cette apparente incohérence entre les politiques métiers et économiques n’a pas trouvé d’explication durant la réunion.
Activité santé et prévoyance.
Au niveau de la SGPAS, la direction affirme que les frais de fonctionnement, que ce soit pour les institutions de prévoyance (+ 3 pts) ou les mutuelles (+2,7 pts) sont supérieurs à ceux des concurrents.
Pour la CFDT, l’enjeu porte moins sur la maitrise des frais en tant que telle (+1,8% en moyenne annuelle depuis 2015) que sur la capacité à faire croitre les revenus (-1% en moyenne annuelle hors effet ETT).
Il faut noter aussi qu’en moyenne pour le Groupe, les affaires nouvelles apportent une marge nettement inférieure à celle produite par l’encours. Cela implique pour le groupe de défendre son portefeuille pour compenser sa dépendance aux produits financiers.
Or, le budget présenté pour 2021 ne semble pas répondre à cette double ambition de conquête d’affaires nouvelles rentables et de défense du portefeuille. En effet, assurer le développement (+ 4% demandé contre -1,9% en moyenne sur les 3 dernières années) nécessite d’avoir des commerciaux sur le terrain. L’hémorragie d’effectifs constatée en régions n’est pas compensée par un budget de recrutement à la hauteur.
Analyser l’évolution des frais et l’objectif fixé par le groupe de les réduire, nécessite aussi d’en regarder plus en détail la composition et force est de constater que jusqu’à présent la baisse des frais porte surtout sur le « cœur de métier » (commercial, gestion collective) et que la croissance est forte sur les frais supports ou centralisés.
La CFDT remarque que les effets de l’accord GPEC qui prévoit une prospective de recrutements en fonction des besoins et du contexte (y compris économique), ne produit pas encore ses effets et que l’on est toujours sur des notions exclusivement comptables pour planifier les embauches.
Le cadrage budgétaire 2021
La construction budgétaire montre la volonté d’obtenir des gains de performance de 80 M€ sur la période 2019- 2022 dont 22%en 2021 et 56% en 2022. A noter que certains postes seront davantage sollicités que d’autres : 11,5 M€ pour la santé/prévoyance, 15,8 M€ pour les fonctions centrales, 28 M€ pour la DSI et 11,9 M€ pour le schéma immobilier.
La trajectoire des embauches en assurantiel (AG2R et LA MONDIALE) serait à la hausse en 2021, pour rattraper les embauches qui n’ont pas pu être effectuées en 2020 durant la crise sanitaire.
Par contre, en 2022, une baisse de l’ordre de 250 ETP (CDI et CDD) est prévue par rapport aux chiffres de 2019 et une baisse de 600 ETP (CDI et CDD) si l’on comprend les départs à la retraite non remplacés. Sous cet angle, il semble difficile de tenir un haut niveau de qualité de gestion et de renforcer la fidélisation de nos clients.
La construction budgétaire montre aussi le maintien d’un haut niveau d’investissement dans nos outils au travers de nos projets sur toute la période 2020-2022. Ainsi, le niveau de projets est au-delà de 100 M€ en 2021 pour industrialiser et rationaliser nos outils (migration outil Arpege vers celui du Groupe, amélioration du SI prévoyance, …), pour améliorer le parcours client (relation client multi-canal, XRM, automatisation des actes de gestion individualisée, enrichissement des espaces clients…), pour répondre au besoin de digitalisation de nos clients et partenaires (Plateforme épargne sur le patrimonial, souscription en ligne, site e-commerce…), pour assurer notre conformité au regard de l’environnement réglementaire (IFRS 9 & 17, Loi Pacte, RGPD, LCB-FT 4e directive …).
Au global, le budget 2021 prévoit une baisse de 14 M€ par rapport à 2020.
Les baisses les plus importantes porteraient sur l’informatique et la sous-traitance.
Notons que 10 M€ d’économies sont encore à trouver pour atteindre la trajectoire 2021, les arbitrages seront rendus avant le marathon budgétaire de décembre.
Par nature d’activité, la baisse serait de 1,1% en retraite, de 1,5% en santé/prévoyance, de 0,8% pour La Mondiale. Les coûts de Via Santé à qui 5M€ de gains seront demandés en 2022 seraient maintenus (+0,8%) en 2021.
En regard des revenus, ce cadrage budgétaire permettrait d’avoir pour le GIE AG2R une diminution de ces revenus de – 2% de 2016 à 2021 et une diminution des frais plus importante, puisqu’elle se situerait à -2,4% sur la même période.
A l’inverse, sur 5 ans, l’indicateur de revenus pour La Mondiale serait à la hausse avec +1,8% et l’indicateur de frais de +5,5%.
Le cadrage budgétaire pour la SGAM AG2R LA MONDIALE