Dans un entretien approfondi à l’Argus de l’Assurance, Jacques Creyssel, président de la sommitale AG2R LA MONDIALE, récemment nommé à la présidence du CTIP (Centre technique des institutions de prévoyance), détaille sa vision et les défis qui attendent le secteur de la protection sociale complémentaire.
Arrivé à ce poste quelques mois après son intégration à la gouvernance d’AG2R La Mondiale, Creyssel a été choisi par Patrick Martin, président du Medef, pour son profil politique et son expertise dans le dialogue social.
L’ancien dirigeant de la Fédération du commerce et de la distribution affiche des ambitions claires pour le CTIP : renforcer son influence politique et faire entendre sa voix auprès des pouvoirs publics. Un objectif qui s’appuie sur la légitimité des institutions de prévoyance, organisations non lucratives particulièrement actives dans la prévention et l’action sociale.
Points clés de l’interview de Jacques Creyssel :
- Un nouvel accord national interprofessionnel (ANI) renforce considérablement le rôle du CTIP, JC le qualifie d’instrument « politique et stratégique » pour la prévoyance collective
- Il énonce une critique virulente du manque de dialogue avec l’État, notamment sur les décisions impactant le secteur, et un appel à une concertation plus étroite
- Il affiche une opposition ferme au projet de nouvelle contribution des organismes complémentaires, qualifiée de « taxe shadokienne » sur un secteur déjà déficitaire
- En revanche, il affiche une position nuancée sur la généralisation de la prévoyance, rappelant que 85 à 90% des salariés sont déjà couverts pour les garanties décès et arrêts de travail
- Il rappelle qu’il serait bon, selon lui, de tirer les enseignements de la généralisation de la complémentaire santé pour éviter de retomber dans cette sur-réglementation. Il argumente qu’à partir du moment où l’Etat donne la main aux partenaires sociaux, il doit leur laisser la liberté d’organiser la protection sociale. Jacques Creyssel plaide pour un retour aux fondamentaux du paritarisme, où les partenaires sociaux conservent leur autonomie de décision et de gestion, s’opposant à une vision étatiste qu’il juge « passéiste ». Il souligne notamment l’efficacité de la gestion paritaire des régimes de retraite complémentaire, un modèle qu’il souhaiterait voir étendu à l’ensemble de la protection sociale complémentaire.