Le dernier rapport de l’INSEE met en lumière la baisse des revenus chez les plus modestes, une grande pauvreté et la hausse des bénéficiaires du RSA. Cette situation est aussi un effet aggravant de la pandémie.
Les enquêtes menées par l’Insee depuis le début de la pandémie permettent de passer au crible l’évolution du revenu des ménages. Il en ressort que 22% des répondants déclarent que leurs revenus ont baissé entre mars 2020 et le premier trimestre 2021.
A l’opposé, seuls 9% des ménages interrogés indiquent avoir enregistré une hausse de leurs revenus. Les pertes moyennes recensées par l’institut de statistiques sont de 290 euros contre 226 euros pour ceux qui ont eu des gains.
Parmi les ménages qui ont connu une érosion de leur revenu, 11% affirment avoir dû souscrire à un nouveau crédit ou renégocié leurs crédits en cours.
Les disparités flagrantes apparaissent en fonction de la catégorie des ménages. Ainsi, 29% des familles modestes déclarent avoir connu une inflexion de leurs revenus contre 17% chez les plus aisés.
L’Insee s’est aussi intéressée à un phénomène parfois difficile à appréhender et à définir : la grande pauvreté.
“Elle correspond à des personnes qui ont épuisé toutes leurs ressources pour s’en sortir et qui sont dans cette situation de manière durable. Elles ont un niveau de vie inférieur à 50% du niveau de vie médian. La grande pauvreté concerne 2,4% de la population. Elles rencontrent au moins sept privations matérielles sur 13″, a déclaré Julie Labarthe, cheffe de la division revenus et patrimoine des ménages.
Enfin, une partie de ces plus vulnérables pourraient bien passer sous les radars. “1,9 million de personnes sont en situation de grande pauvreté et 153.000 personnes sont sans domicile ou vivent en habitation mobile. Les privations sont sévères mais elles sont également durables. La santé est bien plus dégradée. Beaucoup de personnes sont limitées dans leur vie quotidienne” ajoute l’experte.
Le nombre de bénéficiaires du RSA en hausse
Les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) ont considérablement augmenté (+8,7% entre septembre 2019 et septembre 2020) depuis le début de la pandémie. Stable depuis 2017 autour de 1,9 million, leur nombre a franchi le seuil des deux millions l’année dernière. Compte tenu du nombre important de non-recours aux minimas sociaux, ce chiffre pourrait être sous-estimé.
« Une onde de choc ». Voilà ce qui attend la France, avaient alerté Noam Leandri et Louis Maurin, président et directeur de l’Observatoire des inégalités, le 26 novembre, à l’occasion de la publication du « rapport sur la pauvreté en France ».
L’INSEE démontre que cette onde de choc atteint surtout les plus défavorisés.
« Il ne faut surtout pas s’habituer à ses chiffres », affirme Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT. Alors que la France se paupérise chaque jour un peu plus, la CFDT, avec les membres du Pacte du pouvoir de vivre, appelle le gouvernement à agir en direction des plus modestes, notamment via l’augmentation du RSA de 100 euros et son extension au moins de 25 ans. Il y a urgence. Alors que le pays entame son déconfinement, même si l’activité économique redémarre, le mal est déjà fait. Il faudra plusieurs années pour revenir, peut-être, à une situation plus favorable.