Le Premier ministre François Bayrou a lancé le 17 janvier 2025 une nouvelle concertation sur les retraites avec les partenaires sociaux, baptisée « Rendez-vous retraites 2025 ». Cette initiative fait suite à son annonce lors de sa déclaration de politique générale le 14 janvier. Résumé de la première réunion.
Les principales étapes du processus, décrites par le Premier ministre, seront :
- La publication d’un rapport de la Cour des comptes sur les besoins de financement (prévue le 19 février)
- Trois mois de négociations avec les partenaires sociaux
- Un objectif de conclusion fin mai 2025
Les discussions seront coordonnées par Jean-Jacques Marette, ancien directeur général de l’Agirc-Arrco. Tous les sujets sont ouverts au débat, notamment l’âge de départ, l’usure professionnelle et la gouvernance du système.
La CFDT, par la voix de Marylise Léon sa secrétaire générale, voit cette concertation comme une opportunité d’améliorer le système, en se concentrant sur des points clés comme la pénibilité, l’emploi des seniors, les polypensionnés et l’égalité femmes-hommes. Cependant, plusieurs obstacles se présentent :
- La réticence du patronat à augmenter les cotisations
- Les divergences avec d’autres syndicats sur les objectifs
- Le désaccord sur le diagnostic financier du système.
En effet, la partie est cependant loin d’être gagnée. Tout d’abord, le patronat reste aujourd’hui sur la défensive, en refusant tout geste sur les cotisations. Mais il va également falloir trouver un terrain d’entente avec les autres organisations syndicales – dont certaines revendiquent encore officiellement la retraite à 60 ans ou le retour aux 37 ans et demi de cotisations, quoi qu’il en coûte. Enfin, il va falloir se mettre d’accord avec le gouvernement sur le périmètre des discussions et le diagnostic financier, ce qui reste potentiellement inflammable.
Un point de tension majeur concerne la distinction nécessaire entre les retraites du secteur public (budget de l’État) et celles du secteur privé (cotisations).
Par un mode de calcul biaisé, le premier ministre mélange fonction publique et secteur privé et rend ainsi responsable le système actuel de retraites de 50 % de la dette de la France. Résultat : l’explosion des besoins de financement et l’impossibilité de toute réforme. » On ne peut pas mettre sur le même plan les pensions des fonctionnaires, qui relèvent du budget de l’État, et les pensions du secteur privé, qui sont payées par les salariés du privé en activité via un système de cotisations« , explique Yvan Ricordeau, chef de file de la délégation CFDT.
La CFDT insiste également sur l’importance de lier ces discussions à celles sur le travail, particulièrement concernant l’emploi des seniors. Marylise Léon le rappelle régulièrement : améliorer le taux d’emploi des seniors est une obligation si l’on veut régler la question du financement des retraites.
Nous serons très attentifs au diagnostic financier, mais il ne peut être une fin en soi, conclut la secrétaire générale. C’est pourquoi nous demandons en parallèle un diagnostic social de la réforme car l’enjeu des discussions qui vont s’ouvrir est de répondre aux attentes des travailleurs, répondre de manière démocratique aux mobilisations de 2024. La porte est aujourd’hui entrouverte, à nous de nous y engouffrer. Le patronat ne peut se défiler !
Il faut sortir de l’impasse !
La CFDT s’engage dans la concertation retraites avec détermination et responsabilité. Avec détermination afin de répondre aux attentes exprimées par les travailleuses et les travailleurs lors du mouvement social de 2023. L’enjeu est d’abord un besoin de justice sociale pour permettre à ceux qui ont un métier pénible de partir plus tôt. Il s’agit aussi d’une plus grande égalité pour permettre aux femmes de ne pas effacer le bénéfice de certains de leurs droits avec le décalage de l’âge de départ. Au-delà de ces situations, c’est en améliorant les carrières que l’on détendra la pression collective sur les retraites : la question du travail, des conditions de son exercice et de sa valorisation par les salaires sont aussi centrales.
Avec responsabilité car il faut considérer lucidement les perspectives financières et démographiques. La CFDT n’a jamais nié les besoins de financement à l’horizon 2030 et la baisse de la natalité dans notre pays. Au-delà des retraites, cela interroge l’ensemble du financement de notre protection sociale. Il est nécessaire de dégager plus de budget pour la santé, la perte d’autonomie à côté des systèmes de retraites, qui représentent un quart de notre dépense publique… Autant dire que l’analyse de la Cour de comptes sera capitale en la matière.
Nous n’avons jamais été en situation d’être écoutés lors de l’élaboration de la réforme de 2023 ; il n’y a ensuite jamais eu la moindre ouverture lors des mobilisations historiques. C’est maintenant que l’opportunité se présente. Ne pas la saisir serait trahir ceux qui se sont mobilisés. Tous les sujets sont ouverts.
Pour la CFDT, il faut un bouger sur les 64 ans… et mettre toutes nos forces de négociation pour l’obtenir !