Alors qu’AG2R LA MONDIALE prévoit une augmentation de 9% des cotisations, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, est parti en guerre contre les augmentations de tarifs 2024 des mutuelles, compagnies d’assurance et institutions de prévoyance qu’il juge abusives.
Alors que des hausses de 9 à 11% sont annoncés par les principaux acteurs, le ministre a jugé que de telles augmentations « ne sont pas tenables ». Selon lui, les organismes complémentaires d’assurance maladie « ne peuvent pas aujourd’hui faire du patient la variable d’ajustement de leur modèle économique ».
Bruno Angles, le DG d’AG2R LA MONDIALE, avait indiqué au journal Les Echos « nous limiterons l’augmentation de nos cotisations à 8 % à 9 % en moyenne en assurance santé ». Des propos taclés par le ministre de la Santé. « Des augmentations de 8% et plus cela n’a pas de sens, ce n’est pas acceptable ». Il considère qu’au regard de l’inflation et des transferts de charge, des « hausses de 4 à 5 % seraient logiques ».
Bien évidemment, le ministre occulte le transfert de charges de 500 M€ sur le dentaire ainsi que la hausse des consultations médicales et toute une série de revalorisations des prestations des professionnels de santé.
Il ne parle pas non plus du coût du 100 % santé des années précédentes, financé en grande partie par les organismes complémentaires (63% de la réforme en 2021 selon les chiffres de la Drees, et 77% selon les calculs des Ocam), et qui n’a pas toujours été compensé par les revalorisations tarifaires. Le gouvernement préfère laisser croire aux assurés que c’est l’état qui finance ce 100% santé.
Le gouvernement laisse surtout croire que les organismes complémentaires seraient assis sur un tas d’or. Elisabeth Borne, la première ministre n’hésite pas à affirmer « Je ne suis pas sûre que la situation financière des complémentaires santé et des assurances soit affolante…Il y a des marges de manœuvres qui permettent de mettre en œuvre ce zéro reste à charge sans créer des coûts supplémentaires pour les bénéficiaires. »
Le 15 décembre, les trois fédérations de la complémentaire santé, Ctip, France Assureurs et Mutualité française, vont rencontrer le ministre de la santé.
Les organismes complémentaires iront avec la revendication d’être associés à la gestion du risque santé et de ne pas simplement être considéré comme des payeurs.
« Les ministres changent, mais pas nos demandes ! Nous avons besoin de mettre toutes les forces, publiques et privées, autour de la table pour relever les grands défis qui sont devant nous : l’accès aux soins, la fragmentation des parcours de santé, et évidemment, la prévention », expliquait la présidente de France Assureurs, Florence Lustman, lors du dernier congrès Reavie. « Nous devons être associés au virage préventif et à la gestion du risque de façon pro-active et partagée avec l’assurance maladie. Il est inconcevable que les deux grands financeurs, l’assurance maladie obligatoire et les organismes complémentaires d’assurance maladie, ne partagent pas les enjeux, les moyens, les leviers de la gestion du risque », confirmait lors du même événement le président de la Mutualité française, Eric Chenut.