Deux articles de presse parus cette semaine, l’un dans les Echos et l’autre dans l’Argus de l’assurance, parlent du redressement d’AG2R Prévoyance et de la création d’une société de réassurance interne.
L’article de l’Argus de l’assurance évoque la publication des résultats semestriels du groupe. Il indique que Bruno Angles, directeur général d’AG2R La Mondiale, a présenté des résultats semestriels 2024 encourageants, démontrant l’efficacité de sa stratégie mise en place depuis sa nomination en mai 2022. Malgré des tensions initiales, notamment un recadrage par les confédérations syndicales en juillet 2023, les chiffres témoigneraient, selon le journal, d’une nette amélioration de la situation financière du groupe.
Points clés :
- Redressement d’AG2R Prévoyance : L’institution de prévoyance, auparavant déficitaire, affiche un résultat net de 46 M€ au premier semestre 2024, avec des perspectives positives pour l’année entière. Après un résultat 2023 à 53 M€, cette information traduit bien un réel redressement et non une situation exceptionnelle.
- Performance globale : La Sgam AG2R La Mondiale enregistre un résultat net de 121 M€ (+10%) et un chiffre d’affaires de 7,6 Md€ (+26%) au premier semestre 2024.
- Projet de réassurance interne : Le conseil d’administration a approuvé la création d’une SA de réassurance, malgré les inquiétudes initiales concernant la gestion paritaire.
- Conformité réglementaire : Les deux GIE du groupe ont été inscrits à l’ORIAS pour assurer la conformité du schéma de distribution sur les ventes croisées.
Ces deux derniers points démontrent, une fois de plus, que des journalistes sont beaucoup mieux informés de la vie et de la stratégie de notre groupe que ses propres représentants du personnel.
En effet, aucune information n’a été donnée aux salariés sur l’inscription à l’ORIAS, qui date pourtant du mois d’août. De même, aucun renseignement n’a filtré sur le vote du 11 octobre du conseil d’administration de l’association sommitale sur la création d’une société de réassurance.
Si ce sont bien des décisions qui relèvent de la gouvernance du groupe, la CFDT revendique un droit à l’information, ainsi qu’un droit à émettre un avis sur des sujets qui concernent la vie d’une entreprise de plus de 15 000 salariés.
Heureusement, la CFDT a réussi à obtenir par d’autres canaux quelques renseignements et a pu présenter à plus de 500 salariés réunis en assemblée générale le 15 octobre les grandes lignes du projet de réassurance interne.
Le projet a les objectifs principaux suivants :
- Renforcer le schéma prudentiel du groupe
- Améliorer la solvabilité individuelle des entités du groupe
- Mutualiser les risques entre les entités
Les caractéristiques clés sont :
- Un traité de réassurance proportionnel obligatoire en quote-part à 75%
- Une durée envisagée de 5 ans renouvelables
- Un niveau de financement de la nouvelle entité à 175% de l’exigence de solvabilité
- Une Gouvernance assuré par un Conseil d’administration resserré de 8 membres reflétant les équilibres existants au niveau de la SGAM. Selon le journal les Echos, La Mondiale, qui apporterait 70% du capital, aurait la moitié des sièges et la présidence de la SA. Un certain nombre de dispositifs seraient prévus afin d’empêcher la prise de décisions rejetées par les administrateurs paritaires. La société de réassurance, dont la création doit encore être validée par les conseils de l’ensemble des instances de la Sgam, et surtout par ACPR, devrait être opérationnelle en 2026.
- Les impacts attendus seraient :
- L’amélioration significative des ratios de solvabilité individuels des entités (la solvabilité d’AG2R P pourrait passer de 147% à 230%)
- L’impact limité sur le ratio de solvabilité du groupe
- Le lissage des résultats annuels des entités (sur les trois derniers exercices, le résultat d’AG2R P qui n’a été positif qu’en 2023, l’aurait été sur les trois années avec la réassurance).
Parmi les points d’attention que l’on peut relever se trouve le maintien de la souveraineté des entités dans leurs décisions, notamment la garantie de la prédominance du paritarisme.
On peut aussi se demander dans quelle mesure cette société de réassurance, gouvernée pour moitié par La Mondiale, pourra intervenir dans la politique de développement des entités paritaires et mutualistes, notamment dans l’acceptation des affaires.