Suite aux annonces du gouvernement pour réformer la SNCF avec recours aux ordonnances, les quatre organisations syndicales de cheminots, CGT, UNSA, SUD Rail, CFDT ont unanimement exprimé leur rejet des mesures annoncées par le gouvernement le 26 février dernier en vue de réformer l’entreprise publique ferroviaire.
Ces annonces, selon eux, relèvent plus du « dogmatisme idéologique » qu’elles n’apportent de réelles solutions. Persister dans le passage en force sans véritables négociations sur l’emploi, l’organisation interne de la production, les salaires, le devenir des cheminots, le statut, le droit syndical, sans oublier la question du fret, « ferait porter à la direction SNCF la responsabilité d’un conflit social de grande envergure » expliquent-ils. « Au-delà des grandes déclarations médiatiques, les organisations syndicales attendent de véritables négociations sur ces éléments ».
Une concertation au calendrier très serré
D’ici là, le cycle des concertations a commencé mais sans apaiser leurs inquiétudes. Reçu avec la délégation CFDT par la ministre des Transports jeudi 1er mars, Sébastien Mariani, secrétaire général adjoint de la CFDT Cheminots, juge bien trop contraint le délai imparti pour une loi avant l’été : « Le calendrier de la réforme est tellement court que l’on n’imagine vraiment pas comment la quantité de sujets qui devraient être déjà traités et qui n’ont pas encore été abordés vont pouvoir être pris en compte », précise-t-il. « La question du désendettement, de l’amélioration du service public, de l’organisation du travail, du financement des petites lignes étaient toutes dans la loi de 2014 que nous avons soutenue et défendue auprès des cheminots : rien n’a été fait depuis et on nous demande de recommencer le travail trois ans plus tard en deux mois… » Cerise sur le gâteau, la suppression du statut annoncée de façon brutale cristallise les débats au détriment d’autres sujets de fond, comme la nécessité de mettre en place un réel accompagnement des métiers et la mise en place d’une GPEC efficace. « Le dialogue social à la SNCF est une fois encore bien mal engagé », regrette-t-il. « Cette réforme du pacte social tous azimuts par la négociation semble impossible dans les délais imposés ».
« Il faut regarder ce qui doit évoluer dans le statut des cheminots, mais pas en les culpabilisant ni en les stigmatisant », a déclaré Laurent Berger sur France Inter samedi 3 mars. De fait, la SNCF recrute 5 000 cheminots par an : l’avenir du service public ferroviaire peut-il se décider sans eux ?